JUSTICE – Face à la communauté française en Israël, Emmanuel Macron estimait il y a quelques jours qu’un procès était nécessaire pour le meurtre en 2017 de Sarah Halimi, sexagénaire juive frappée et défenestrée par l’un de ses voisins, depuis jugé pénalement irresponsable. Une prise de position que n’ont pas appréciée les magistrats, qui y voient une tentative d’ingérence.
Jeudi à Jérusalem, en marge des cérémonies pour le 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, le chef de l’Etat avait longuement évoqué la décision de la cour d’appel de Paris qui a déclaré pénalement irresponsable le suspect du meurtre de Sarah Halimi. Tout en affirmant qu’il ne pouvait commenter ouvertement une décision de justice – « Je ne peux vous parler avec le cœur, car le président est le garant de l’indépendance de la justice » – Emmanuel Macron s’est exprimé en détail sur cette affaire en cours devant la communauté française en Israël. « Un pourvoi en cassation a été formulé et constitue une voie possible », a-t-il dit, soulignant que la justice française avait « reconnu le caractère antisémite de ce crime ». Si « la responsabilité pénale est affaire des juges, la question de l’antisémitisme est celle de la République », a-t-il ajouté. « Même si à la fin le juge décidait que la responsabilité pénale n’est pas là, le besoin de procès est là. »
Bouffée délirante
« Consternation » des magistrats
« C’est particulièrement problématique dans cette affaire, qui suscite une émotion légitime. Il peut être difficile dans cette affaire de comprendre le raisonnement juridique, les principes fondamentaux de la justice selon lesquels on ne peut pas condamner une personne irresponsable de ses actes », a-t-elle expliqué.
« Le président attise les incompréhensions, donne une appréciation qui constitue une pression supplémentaire pour les juges qui vont avoir à se pencher sur cette affaire », a-t-elle regretté.
Joint par l’AFP lundi soir, l’avocat du suspect, Me Thomas Bidnic, a jugé la « mise au point » de la Cour de cassation absolument nécessaire ». « Les déclarations du président de la République ont créé au moins l’apparence d’une pression sur la Cour de cassation », a-t-il déploré. « Cela jette un doute sur la volonté du président d’influencer la Cour de cassation. Ou c’est inutile et pourquoi le dire ? Ou c’est utile et c’est un problème. »
Source www.lci.fr