Le service public de proximité, dont la meilleure illustration est faite par l’action municipale, se retrouve parfois intoxiqué par la radicalisation de certains agents ou par les associations sans que les maires ne disposent d’outils efficaces pour s’en prémunir ou s’en défaire efficacement. Les grandes problématiques nationales trouvent également leur déclinaison dans les moyennes et petites communes, d’Île-de-France ou de Province.
Jusqu’ici tout va bien…
Si le gouvernement, comme il le déclare, souhaite mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour lutter efficacement contre le terrorisme islamiste et gagner cette « guerre » tant d’un point de vue physique que psychologique, il ne peut se dispenser, dans notre République décentralisée, de s’appuyer sur les maires et présidents d’exécutifs locaux. C’est dans la proximité, dans le quotidien que se gagnent aussi ce genre de batailles.
Mais les moyens financiers alloués par l’Etat aux collectivités restent insuffisants pour lutter contre la radicalisation et le terrorisme ; le montant 2018 du Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD), publié le 9 mai (entre deux jours fériés pour lui offrir un maximum de publicité), est de 72,9 millions, montant faible mais surtout similaire (hors exception 2017) aux autres années ; ce qui pourrait laisser croire qu’il n’y a pas de prise de conscience de l’augmentation continue du risque terroriste en France.
Des « actions éducatives à vocation citoyenne »
La circulaire qui donne les orientations d’utilisation de ce FIPD a de quoi de laisser perplexe : densifier la prise en charge individualisée des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation, mise en place d’un suivi psychologique voire psychiatrique, mobilisation des collectivités à travers les CLSPD et les compétences départementales de protection de l’enfance, association aux dispositifs de signalement…
Précisément, la circulaire appelle les préfets à favoriser les actions « innovantes » (?!) :
– consultations de professionnels de santé mentale identifiés et conseillés par l’Agence régionale de santé,
– actions éducatives, à vocation citoyenne, d’insertion sociale et professionnelle, dès lors qu’elles ont pour bénéficiaires les personnes dont les situations sont suivies par les cellules préfectorales : chantiers éducatifs d’insertion, séjours éducatifs, chantiers humanitaires,
– actions de soutien à la parentalité en direction des familles concernées, en particulier les groupes de paroles.
On sent à travers ces orientations la volonté de lutter férocement contre des assassins sans foi ni loi…
Policiers blindés mais désarmés
Un classique s’y ajoute : la subvention à hauteur de 50% pour l’acquisition de gilet pare-balles pour les policiers municipaux. J’ai toujours un problème avec cela, pas avec la protection des policiers bien sûr, mais avec l’accent mis sur leur potentielle qualité de cibles du terrorisme et non pas sur leur putative qualité de moyen de lutte physique contre ce fléau. Pourquoi ne pas renforcer également l’efficacité des armes dont ils disposent ? Je vous renvoie aux polémiques sur les nombreux impacts de balle dans le pare-brise du poids lourd du terroriste de Nice sans que cette vitre n’explose, ou dernièrement dans le quartier Opéra avec l’utilisation inefficace du pistolet à impulsion électrique. Il est incroyable de voir la difficulté et la longueur de la procédure administrative pour qu’un maire soit autorisé à armer un de ses policiers municipaux. Même lorsque l’agent issu de la gendarmerie ou de la police nationale rejoint une police municipale, il se retrouve du jour au lendemain non autorisé individuellement à porter l’arme – il lui faut réaliser une procédure (formalités administratives, examen psychologique, formation théorique et pratique de l’usage de l’arme…) qui prend facilement 6 mois et qui représente un coût élevé pour la collectivité !
Outre le rôle important des maires dans la sûreté directe des personnes via la police municipale, il peut être aussi question des associations locales sportives, cultu(r)elles, caritatives. Ces associations bénéficient annuellement du soutien financier (subventions) ou logistique (mise à disposition de locaux et de matériels) des collectivités.
Sexisme, islamisme, même combat…
Des collectivités comme le Conseil régional d’Ile-de-France ou la ville de Nice ont adopté une charte, que les associations doivent afficher dans leurs locaux, qui les engage à respecter les valeurs de la République. Ce texte, qui pourrait paraître d’une plus-value proche de zéro, a le mérite de créer une base « juridique » qui permettra de refuser ou de supprimer une subvention à une association douteuse sans s’exposer à un recours pour discrimination. La volonté du « padamalgame » prime souvent sur la sûreté physique et mentale de nos compatriotes. Toutefois, l’identification des associations « douteuses » ou dans lesquelles seraient diffusés des messages haineux est rendue difficile par l’interdiction faites aux maires d’accéder à la liste des adhérents des associations car cela méconnaîtrait les principes de liberté d’association à valeur constitutionnelle.
Pour être complet et de bonne foi avec le gouvernement, le 19 mars 2018, le Premier ministre a évoqué la mise en place de réseaux territoriaux avec l’instauration d’un collège d’élus locaux que réunira régulièrement la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH). On sent par-là la confusion volontairement maintenue ou non entre ces « discriminations » en occultant le caractère de dangerosité supérieure de certaines « haines » plutôt que d’autres. Sans vouloir faire preuve de démagogie, il sera bientôt possible pour les policiers municipaux de verbaliser le harcèlement sexiste sur la voie publique et dans les transports et on pourrait leur donner accès au fichier des délinquants sexuels (FIJAISV), fichier dans lequel figurera, aux côtés de criminels à la Dutroux, chaque homme qui aura demandé l’heure deux fois de suite à la même femme ; alors que le bras de fer continue entre l’Etat et les élus locaux au sujet du refus opposé à ces derniers de consultation des fichés S.
Ces maires qui « font le jeu de… »
Malheureusement il est parfois cas de maires qui jouent le jeu de l’extrémisme islamisme (excusez ce pléonasme).
On pourrait comprendre la réticence de l’Etat à donner l’accès à des fichiers sensibles à certains élus locaux lorsque la cause palestinienne sert de prétexte à la diffusion d’un message antisioniste voire antisémite. Des communes, principalement en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, affichent sur le fronton de leur Hôtel de Ville leur soutien à des individus reconnus par Israël comme des terroristes. En mars 2008, la ville de Stains élève Marwan Barghouti au rang de citoyen d’honneur de la ville et lance, en mars 2009, le Réseau des villes et collectivités pour la libération de Marwan Barghouti, condamné 5 fois à la perpétuité pour meurtres en Israël. Les villes d’Ivry-sur Seine, de Valenton, de Gennevilliers, de la Courneuve, de Pierrefitte-sur-Seine, de la Verrière et de Vitry-sur-Seine en font aussi partie. La justice administrative (le tribunal administratif de Montreuil puis la cour administrative d’appel de Versailles) a annulé la délibération du Conseil municipal d’Aubervilliers faisant de Barghouti un citoyen d’honneur. Ce qui n’a pas empêché le maire de cette ville de reprendre une nouvelle délibération dans le même sens, en septembre 2016, alors que la France était sous le choc de l’attentat de Nice et du massacre du père Hamel.
Que l’on soit solidaire de la cause palestinienne et rempli d’empathie pour les populations civiles blessées ou tuées est louable, mais pourquoi donc choisir ce genre de tristes figures? D’autres figures palestiniennes prônant sincèrement la paix, comme le poète Aschraf Fayad condamné à 8 ans de prison et 800 coups de fouet par l’Arabie saoudite pour un poème ou Huda Abuarquob, palestinienne et organisatrice d’une marche pour la paix via le collectif Women Wage Peace ne sont pas autant relayés ou soutenus par ces communes.
Le BDS au service (municipal) de la jeunesse
Cette confusion entretenue entre les victimes civiles palestiniennes et les activistes et terroristes palestiniens permet à certains élus, souvent de la même obédience politique, de diffuser des messages de ressentiment à l’endroit d’Israël et par extension à l’encontre des Juifs en France. On comprend pourquoi certains maires, dont une grande partie de l’électorat est de confession musulmane, instrumentalisent la cause palestinienne à des fins politiques. Ce jeu dangereux a pour corollaire de dénigrer Israël en tant qu’Etat souverain et par extension les Juifs en tant que personnes. Cela participe également à la victimisation générale des musulmans français.
A titre d’exemple complémentaire, une autre commune du Val-de-Marne emploie, comme responsable du service municipal de la jeunesse, un individu qui a été interdit d’accès au territoire israélien, qui a manifesté dans un centre commercial Leclerc pour boycotter les jus de fruits Jafaden qui seraient confectionnés à partir d’oranges cultivées en territoire colonisés « volés aux Palestiniens ». On retrouve là des dispenses de messages confus qui ne prônent pas la paix entre Juifs et Arabes mais prononcent l’anathème contre Israël.
Le gouvernement, qui doit garantir à tous les Français le droit de vivre en sécurité sur le territoire national, est doublement coupable : d’une part, il ne permet pas aux nombreux élus attachés aux valeurs républicaines de disposer des outils de contrôle ou de réponse à la radicalisation et à la diffusion de message de haine antisémite et anti-chrétien et, d’autre part, il affiche un certain laxisme sur l’immixtion du conflit palestinien dans les affaires locales en tolérant des affichages sur des bâtiments publics officiels.
Source www.causeur.fr