L’UE friande de technologies israéliennes pour protéger ses frontières
Le 19 décembre 2018, l’Assemblée Générale de l’Onu a adopté le pacte mondial pour des « migrations sûres, ordonnées et régulières ». Ce texte (non contraignant) réaffirme les principes fondateurs de l’Onu, et précise les conditions dans lesquelles les mouvements migratoires de populations doivent être appréhendés. Or, en marge du cadre juridique de l’accueil des migrants en Europe (dont la venue tend à se généraliser et à se systématiser), le vieux continent se dote des moyens pour prévenir les risques tenant aux mutations des identités nationales. Sur ce point, l’UE se montre grandement intéressée par les outils de la technologie israélienne pour contrôler ses frontières.
Selon les chiffres de l’Onu, 258 millions de personnes (soit 3.4% de la population mondiale) migrent vers les pays où il fait bon vivre. Or, si 80 % des déplacements s’opèrent dans un cadre légal, la migration clandestine est devenue une véritable source de préoccupation pour les pays démocratiques qui voient arriver un nombre grandissant de personnes sur leur territoire, causant la mort de plus de 60 000 d’entre elles, au cours du périple.
Lors de la Conférence intergouvernementale de Marrakech du 10 décembre 2018, les 159 Etats (sur 193) ont approuvé le pacte mondial (comprenant 41 pages qui reprennent les vingt-trois objectifs) destiné à « améliorer la coopération en matière de migrations internationales » et qui établit « un cadre de coopération juridiquement non contraignant, reposant sur les engagements convenus par les Etats membres ». Il rappelle, bien évidement, l’obligation de respecter « la souveraineté des Etats » et « les obligations issus du droit international ».
Non contraignant, le pacte préconise de lutter contre les « facteurs négatifs et les problèmes structurels » qui poussent les individus à quitter leur pays. Sur ce point, il encourage les migrants à contribuer au développement de leur pays d’origine en simplifiant les envois de fonds, et en facilitant leur retour. Il entend également rendre accessible les filières de migration par la connaissance des identités des candidats et en veillant à « l’invariabilité et à la prévisibilité des procédures migratoires ». Il préconise enfin de faciliter les périples migratoires, de sorte qu’ils soient moins dangereux, en luttant, notamment, contre les passeurs et la traite des personnes. Une fois les migrants arrivés dans un pays, il convient alors de leur assurer des services de base, les moyens de s’intégrer, de reconnaître leurs qualifications et d’éliminer toutes les discriminations…
Or, pour comprendre les flux migratoires, le pacte prévoit l’organisation d’une collecte de données précises. Par ailleurs, il envisage de mieux gérer les frontières par le renforcement de la coopération consulaire (tout en limitant le recours à la détention préventive). Pour ce faire, l’UE recourt aux outils développés par les entreprises israéliennes et plus précisément les « drones ».
Sur ce point, Israël (grand spécialiste des systèmes de sécurité et septième exportateur d’armes au monde), est en train de devenir leader pour ce qu’il en est de l’exportation mondiale de drones aériens. Il devrait donc être le grand gagnant des projets de dépenses internationales pour la protection des frontières.
En 2009, le marché européen des systèmes de contrôles aux frontières avait un coût financier compris entre 6 et 8 milliards d’euros. D’ici 2022, ce chiffre devrait atteindre 50 milliards d’euros dans le monde, dont la majeure partie, sera financée pour la protection des frontières européennes.
L’Agence Européenne de Garde-Frontières et de Gardes-Côtes (FRONTEX) utilise de la technologie militaire à des fins civiles. Aussi, a-t-elle passé un contrat avec Israël Aircraft Industries (IAI) pour l’utilisation de son système d’aéronef télépiloté (RPAS) Airbus Maritime Heron, dans des missions de sécurité quotidiennes et de garde-côtes. (FRONTEX a déjà versé 4,55 millions d’euros à IAI).
De même, la société militaire israélienne Elbit a remporté un contrat de 68 millions de dollars avec l’UE pour la fourniture de services de système aérien sans pilote (UAS). Il s’agit notamment du système de patrouille maritime Hermes 900.
En somme l’UE est devenue admirative de la politique menée par Israël contre l’immigration clandestine et se trouve en accord avec le Premier Ministre israélien, dont le pays est confronté à un afflux sans précédent de personnes originaires de pays africains. Or, Benjamin Netanyahou répète régulièrement « Nous avons le devoir de protéger nos frontières contre les infiltrés illégaux » avant de conclure « C’est ce que nous avons fait et c’est ce que nous allons continuer à faire ».
Bien évidemment, l’adoption par l’UE des thèses israéliennes, est contestée par bon nombre qui regrette de voir l’Europe s’engouffrer dans une dynamique qu’elle dit populiste avec une préservation des intérêts nationaux.
On peut citer Matéo Salvini (membre de l’extrême droite italienne) qui est devenu Premier Ministre en Italie (en juin 2018). Eu égard à l’arrivée massives de populations immigrées sur son territoire, il a toujours été admiratif des systèmes de sécurité mis en place par Israël pour protéger le pays des opérations terroristes. Lorsqu’il s’est rendu pour la première fois en Israël (en 2016), il avait eu l’occasion d’admettre qu’Israël était parvenu à trouver « l’équilibre parfait des réalités différentes, tout en garantissant le droit et l’ordre. C’est sûrement un modèle pour les politiques de sécurité et de lutte contre le terrorisme».
En fait, le problème n’est pas celui de la montée des nationalismes en Europe mais celui d’imposer, aux personnes qui s’y rendent, le respect des valeurs sociétales.
En attendant la réforme de l’Islam conquérant (qui devrait se produire à court ou moyen terme), il conviendrait, dans un premier temps, de permettre aux migrants de jouir des richesses qui se trouvent dans les pays de provenance. La Tunisie commence à exploiter le pétrole sur ses côtes mais les tunisiens n’en profitent pas. Ils prennent la mer dans des embarcations de fortune (au risque de leur vie), pour essayer de vivre décemment. Cette absence de partage des richesses se retrouve également dans de nombreux pays d’Afrique, immensément riches. République ou « Res Publica », signifie « chose publique ». Lorsque les migrants cesseront de se faire piller par leurs dirigeants, ils n’auront plus de raison de prendre la mer.
En attendant, on assiste à un formidable retournement des événements : la coopération israélo-européenne confère désormais à Israël le statut de ….« protecteur de l’Europe ». Jolie leçon d’histoire.