La ministre de la Culture a remis ce lundi aux descendants d’un collectionneur un dessin de Parmigianino, volé par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
«L’une des plus belles mains du dessin italien ». Ainsi le Louvre qualifiait-il Parmigianino -Le Parmesan en français -, l’un des plus grands dessinateurs italiens, représentant du maniérisme au XVIème siècle, dans une exposition en 2016. Ce lundi, en toute discrétion, à la demande de la famille, la Ministre de la Culture Audrey Azoulay a remis aux descendants d’un collectionneur juif spolié un dessin de ce maître, « Les Noces d’Alexandre et Roxane », conservé au Louvre depuis son retour d’Allemagne.
L’un de ces MNR (Musées Nationaux Récupération), oeuvres pillées par les nazis sous l’occupation, puis ramenées en France, et conservées dans les musées en attendant de retrouver leur propriétaire ou leurs éventuels descendants, quand ceux-ci ont échappé aux camps de la mort. Des restitutions rares : trois en 2016, une en 2015… Pour ce dessin, il a fallu un petit miracle, car il avait été vendu pendant la guerre sous un autre nom. Une conservatrice du Louvre, détachée pour essayer de rechercher les descendants, a retrouvé le propriétaire originel en épluchant un catalogue de vente à Drouot en 1941.
76 ans après…
Ce dernier, Federico Gentili Di Giuseppe, grand collectionneur, juif, avait fui l’Italie de Mussolini, pour s’installer à Paris, où il est décédé de mort naturelle en 1940. Ses enfants ont dû fuir, eux, la capiale. Ses 79 tableaux de maître ont été vendus à Drouot un an après sa mort. Goering avait récupéré lui-même son chef d’oeuvre, un Tiepolo. Après-guerre, la fille du collectionneur a repéré plusieurs de ces tableaux au Louvre. En raison de procédures judiciaires qui ont duré des décennies à l’époque, cette dernière a disparu à son tour, avant que cinq oeuvres du Louvre ne soient finalement rendues à la famille, devenue française, en 1999. Tout aurait pû s’arrêter là, et le dessin de Parmigianino que personne ne réclamait, rester au Louvre. Mais depuis une quinzaine d’années, le climat a changé, à la suite de plusieurs lois et de la création d’un Commission d’Indemnisation des Victimes de Spoliation.
Les musées, longtemps passifs, aidés par le Ministère de la Culture, les catalogues numérisés de l’Institut national de l’Histoire de l’art, se mettent eux-mêmes à rechercher d’éventuels ayant-droits, grâce à des généalogistes, jusqu’à la troisième ou la quatrième génération, comme pour ce dessin italien, qui va retrouver la famille de son propriétaire, 76 ans après.
leparisien.fr