Il aura fallu des décennies mais nous y voilà enfin ! Dans son dernier rapport sur l’application de la résolution 1701, le secrétaire général de l’ONU tire la sonnette d’alarme sur les « graves préoccupations » qui mettent en péril la stabilité du Liban et de la région… Analyse…
On continue de recevoir des informations faisant état de transferts illicites d’armes au profit de groupes armés non officiels au Liban, ce qui est très préoccupant.
Les mesures prises par le Liban pour renforcer la réglementation des transferts et du commerce internationaux des armes vont toutefois dans le bon sens », relève-t-il.
Ce rapport qui fournit une évaluation complète de la mise en œuvre de ladite résolution couvrant la période du 21 juin au 26 octobre 2018, y compris les dispositions spécifiques des résolutions 2373 (2017) et 2433 (2018), a fait hier l’objet de consultations du Conseil de sécurité de l’ONU.
Antonio Guterres constate qu’en dépit du « grave incident » survenu le 4 août, la situation dans la zone d’opérations de la Finul le long de la ligne bleue est restée « dans l’ensemble calme ».
L’armée libanaise a continué de renforcer la sécurité le long de la frontière avec la Syrie dans le cadre de l’extension du contrôle du gouvernement libanais sur l’ensemble du territoire libanais.
Néanmoins, et bien que les deux parties se soient de nouveau engagées à mettre en œuvre la résolution 1701, elles n’ont pas encore appliqué certaines obligations qui y sont prévues.
Les survols presque quotidiens par Israël de l’espace aérien libanais, et l’occupation par les forces israéliennes du nord de Ghajar et une zone adjacente au nord de la ligne bleue constituent une violation persistante de la souveraineté libanaise.
Et il n’y a pas eu de progrès concernant la conclusion d’un cessez-le-feu permanent entre le Liban et Israël.
Gouvernance institutionnelle
Dans ses observations, Antonio Guterres appelle les dirigeants politiques libanais et tous les partis politiques à redoubler d’efforts pour constituer un gouvernement inclusif, afin de consolider la stabilité du pays.
« La dynamique en faveur d’une nouvelle gouvernance institutionnelle déclenchée par les élections législatives doit être soutenue, pour que le Liban puisse pleinement tirer parti du dispositif d’aide internationale prévue lors des conférences de Rome, Paris et Bruxelles.
Il est temps de mettre de côté les différences, de dialoguer davantage et de placer l’intérêt national au-dessus de la politique partisane.
Il faut faire preuve d’un esprit de compromis afin de trouver un terrain d’entente, d’éviter que les institutions nationales ne soient de nouveau paralysées, et de former rapidement un gouvernement préservant l’équilibre consacré dans les accords de Taëf et la Constitution », plaide-t-il.
Dialogue et stabilité
« Pour la stabilité du Liban et de la région, il demeure essentiel que toutes les parties continuent à respecter la résolution 1701.
Le non-respect de la résolution accroît les risques de tension et d’escalade des hostilités.
Le différend concernant les zones économiques exclusives du Liban et d’Israël reste un sujet sensible, qui est source de tensions et de méfiance », ajoute-t-il. Le chef de l’ONU « encourage » les parties à explorer des moyens pour un éventuel règlement.
En outre, M. Guterres estime que le renforcement des institutions publiques du Liban demeure essentiel à la stabilité du pays.
L’ONU continuera d’appuyer les efforts du Liban à cet égard, notamment ceux visant à donner aux institutions chargées de la sécurité les moyens de devenir les seuls protecteurs de la souveraineté du Liban, poursuit-il.
Comme suite à la conférence de Rome II, M. Guterres « encourage » les États membres à continuer de respecter les engagements pris concernant l’appui à l’armée libanaise et aux institutions chargées de la sécurité du pays, en se basant sur leurs plans stratégiques, notamment dans le cadre du dialogue stratégique.
Le secrétaire général de l’ONU affirme que « pour renforcer la capacité du Liban à faire respecter l’autorité de l’État, il est vital d’organiser un dialogue national, en vue de l’élaboration d’une stratégie de défense nationale, conformément à l’engagement pris par le président.
Ce processus doit être pris en main et mené par les Libanais eux-mêmes, sans exclusive.
De plus, il doit porter sur l’ensemble des questions pertinentes et aboutir à une solution durable et conforme aux obligations internationales du pays.
Antonio Guterres salue aussi la participation du Parlement libanais, sous l’impulsion de sa présidence, à la réalisation du programme législatif, notamment dans le cadre des engagements pris lors de la conférence internationale visant à soutenir le développement et les réformes au Liban.
« Le programme de réformes arrêté lors de la conférence prend aujourd’hui tout son sens, vu les difficultés économiques auxquelles fait face le Liban », note-t-il.
Les femmes sous-représentées
Le chef de l’ONU constate par ailleurs que les femmes restent sous-représentées dans la vie politique libanaise.
Il demande une nouvelle fois aux acteurs politiques libanais de prendre des mesures pour permettre une représentation véritables des femmes à tous les niveaux de prise de décision, mesures qui s’inscrivent également dans le cadre de l’application de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité.
Antonio Guterres salue la générosité du Liban et son hospitalité en accueillant « à titre temporaire » des réfugiés syriens.
L’ONU cherchera à renforcer l’esprit de partenariat de tous les acteurs, conformément aux normes internationales, et notamment au principe de non-refoulement, en vue de garantir aux réfugiés une protection et des conditions de vie dignes pendant leur séjour au Liban, et de veiller à ce qu’ils puissent prendre librement et en toute connaissance de cause des décisions concernant leur retour dans leur pays.
Quant aux factions palestiniennes, elles doivent s’abstenir d’agir d’une façon qui pourrait mettre en danger les diverses communautés au Liban, tout en notant les sérieux problèmes financiers auxquels continue de faire face l’Unrwa.
S’agissant du Tribunal spécial pour le Liban, le secrétaire général de l’ONU a annoncé « qu’on s’approche du verdict ».
Il se « réjouit à la perspective de voir que le gouvernement libanais continue de coopérer avec le TSL et appelle toutes les parties à respecter la procédure judiciaire ».
Source L’Orient le Jour