Quand l’ONU ignore le 7 octobre pour sa journée d’hommage aux victimes du terrorisme dans le monde
Par Renée Fregosi – Illustration : Salle des Assemblées générales de l’ONU
FIGAROVOX/TRIBUNE– Le 21 août, l’ONU organise la Journée internationale d’hommage aux victimes du terrorisme. Mais dans la vidéo et l’exposition réalisées pour l’occasion, aucune mention n’est faite du 7 octobre. Un incident qui illustre l’abdication de l’ONU face aux revendications des pays du Sud, estime la politologue Renée Fregosi.
En 2017, les Nations unies ont proclamé le 21 août « Journée internationale du souvenir et de l’hommage aux victimes du terrorisme ». Depuis, tous les ans à cette date, le « bureau de lutte contre le terrorisme » organise la commémoration des attentats terroristes à travers le monde, en donnant notamment la parole à des victimes rescapées et à des proches de personnes qui y ont succombé. Cette année, le hall des Nations unies à New York a accueilli du 23 juillet au 23 août une exposition présentant des extraits d’une vidéo éponyme intitulée « Memories ».
Y sont évoqués une première fois, dans l’ordre :
- les attentats de 2005 à Aman en Jordanie,
- de 2013 à Boston aux États-Unis,
- de 1998 à Nairobi au Kenya,
- de 1991 à Madrid en Espagne,
- de 2017 à Londres au Royaume-Uni,
- de 2014 à Garoua au Cameroun,
- de 2017 à Bruxelles en Belgique,
- de 2011 à Utøya en Norvège,
- de 2005 à Londres au Royaume-Uni,
- de 2003 à Casablanca au Maroc,
- de 2001 à New York et Washington aux États-Unis,
- de 2015 dans le nord du Nigeria,
- de 2019 à Christchurch en Nouvelle-Zélande,
- de 2004 à Djakarta en Indonésie,
- et de 2014 à Sinjar en Irak.
Puis la parole est redonnée à des témoins de ces mêmes différents attentats.
Aucun autre attentat n’est mentionné ni dans la vidéo ni sur les posters de l’exposition.
On ne saura rien des motivations qui ont présidé au choix de ces attentats plutôt que d’autres. Ceux du 13 novembre 2015 à Paris par exemple, ou celui qui coûta la vie au chanteur berbère Lounès Matoub à Oran le 30 septembre 1994, ou bien encore l’attaque du musée du Bardo à Tunis le 18 mars 2015.
Par ailleurs, aucune mention pertinente n’est faite de l’identité des auteurs des attaques terroristes choisies pour cette commémoration, ni de leurs motivations.
Mais le plus choquant reste sans doute le silence assourdissant sur les récents massacres de masse perpétrés en territoire israélien par le Hamas et d’autres groupes terroristes palestiniens le 7 octobre 2023.
À l’ONU, il est en effet malvenu de critiquer les terroristes islamistes et plus inconvenant encore de considérer des Israéliens et des Juifs comme des victimes du pire des terrorismes contemporains : le djihadisme.
Peut-être peut-on qualifier la composition de la Commission de la condition de la femme de plus surréaliste encore. Si le pourcentage des pays non démocratiques est là encore supérieur à celui des pays démocratiques, mais « seulement » à hauteur de 53 %, la situation des femmes dans certains des pays membres est la pire que l’on puisse trouver dans le monde. En 2023, font en effet notamment partie de cette commission trois pays « musulmans » parmi les plus férocement misogynes, l’Afghanistan, l’Arabie saoudite et le Pakistan. S’il en a été exclu en 2022, suite à la terrible répression des femmes contre le port obligatoire du voile, l’Iran y avait été élu précédemment sans problème.
Très importante également, étant donné la montée en puissance des ONG en politique internationale depuis la fin du 20ᵉ siècle, la Commission des ONG est elle aussi intégrée par 74 % de pays non démocratiques, ce qui a pour effet majeur d’accepter en son sein des pseudo-ONG prétendument de défense des droits de l’homme qui font du lobbying en faveur de dictatures, soutiennent des organisations terroristes comme le Hamas, font du renseignement au profit de régimes autoritaires ou d’organisations terroristes, et mènent des campagnes politiques idéologiquement marquées par l’islamisme et l’autoritarisme et/ou en faveur de certains pays parias. Par ailleurs, deux agences importantes, UNWomen et l’
Renée Fregosi
Enfin, depuis la première conférence de Durban en 2001, la focalisation obsessionnelle sur Israël des différentes instances onusiennes est en effet une autre caractéristique contribuant à discréditer l’ONU. Le nombre de résolutions contre Israël surpasse de loin celui concernant chacun des autres pays et est même supérieur au total de toutes les autres condamnations.
Selon l’ONG UN Watch, entre 2015 et 2023, l’Assemblée générale a voté 155 résolutions contre Israël tandis que la Chine, Cuba, le Venezuela ou le Zimbabwe par exemple n’en recevaient aucune et que l’Iran était condamné huit fois, la Russie 24 et les États-Unis dix fois. Pendant la même période, l’OMS a condamné dix fois Israël et aucune fois les autres pays. Enfin, entre 2006 et 2023, le conseil des droits de l’homme quant à lui, a condamné 108 fois Israël, contre 17 fois la Corée du Nord par exemple et toujours aucune fois la Chine, de même qu’étaient totalement épargnés le Qatar, le Pakistan ou l’Arabie saoudite.
Or, les instances onusiennes ne sont pas seulement une tribune désormais encombrée par les discours paranoïdes du Sud global dont se gargarise une certaine « gauche » notamment en France. L’ONU est depuis longtemps un canal de financement considérable de la « cause palestinienne », notamment à travers l’aberration que constitue l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East), l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient.
Tandis que près d’un million de Juifs furent expulsés des pays arabes ou contraints à̀ l’exil après 1947 sans que ne leur soit en rien reconnu un quelconque statut de réfugiés, ne serait-ce que temporaire, personne ne s’offusque, ni même ne s’étonne de l’incongruité du statut de réfugié à vie et sur plusieurs générations, dont bénéficient aux frais de la communauté internationale, les Arabes de Palestine qui ont quitté leurs villages entre 1947 et 1949 et de tous leurs descendants sans fin.
Après le 7 octobre 2023, la mise en évidence de la collusion de l’UNRWA avec le Hamas aurait dû permettre de poser enfin la question des « réfugiés palestiniens ».
Renée Fregosi est philosophe et politologue. Dernier ouvrage paru : Cinquante nuances de dictature. Tentations et emprises autoritaires en France et ailleurs (Éditions de l’Aube, 2023).