Par Guy Millière © Metula News Agency
Les résultats de certains sondages semblent absurdes. Un sondage récent, réalisé pour l’Israël Democracy Institute, semble particulièrement aberrant. 43% des Juifs israéliens, dit ce sondage, préféreraient qu’Hillary Clinton soit élue présidente, alors que 34% d’entre eux seulement auraient une préférence pour Donald Trump. Répondant à une deuxième question, 38% des Juifs israéliens disent que la politique étrangère de Donald Trump serait meilleure pour Israël, et 33%, qu’au contraire, la politique étrangère d’Hillary Clinton serait plus favorable à Israël.
Comment une majorité relative de Juifs israéliens peut-elle préférer Hillary Clinton en même temps qu’une majorité relative de Juifs israéliens peut penser que la politique étrangère de Donald Trump serait préférable pour Israël ? Un tel sondage témoigne à mes yeux de l’existence d’une difficulté pour répondre à l’une et l’autre question, et le nombre d’indécis, 23% pour la première question, 19 pour la deuxième, souligne cette difficulté.
Hillary Clinton est si souvent présentée dans les grands media comme une personne sympathique et sensée, alors que Donald Trump y est décrit, à l’inverse, comme antipathique et déséquilibré, qu’il est logique qu’une majorité relative d’opinions favorables soit séduite par Hillary Clinton. Il est presque étonnant, même, qu’un tiers des Juifs israéliens puissent lui préférer Donald Trump.
Sympathique
Quiconque s’intéresse aux options de politique étrangère d’Hillary Clinton et de Donald Trump et, en particulier, à celles qui concernent le Proche-Orient et Israël, peut avoir des doutes sur les intentions réelles d’Hillary Clinton et moins de doutes quant à celles de Donald Trump.
Si l’information circulait mieux, le nombre d’indécis serait moindre, le nombre de ceux qui penchent en direction d’Hillary Clinton serait lui aussi plus réduit, et le nombre de ceux qui pensent que les options de politique étrangère de Donald Trump sont préférables serait plus élevé.
C’est pour donner les informations nécessaires que j’ai écrit Après Obama Trump et je ne peux qu’inciter ceux qui ne l’ont pas encore à se le procurer d’urgence plutôt que lire les grands journaux et magazines français ou israéliens, dans lesquels, pour l’essentiel, ils n’apprendront rien.
Les articles favorables à Hillary, rédigés par des propagandistes grassement rémunérés, ne peuvent modifier la réalité : la candidate n’est pas sympathique et ne peut l’être que pour ceux qui considèrent que la corruption est un phénomène normal et que se vendre au plus offrant procède d’un comportement légitime.
Les documents que je cite dans mon livre et qui sont profusément décrits dans « Clinton Cash » de Peter Schweizer (Clinton Cash: The Untold Story of How and Why Foreign Governments and Businesses Helped Make Bill and Hillary Rich, Harper, 2016) [Le cash de Clinton : l’histoire non dite du comment et du pourquoi les gouvernements étrangers et le (milieu du) business ont contribué à rendre riches Bill et Hillary] sont accablants.
Hillary Clinton ne peut être considérée comme une personne sensée que par ceux qui considèrent que mentir sans cesse et sur tous les sujets est un comportement sensé et fait de la personne qui ment un être digne de confiance. Je ne peux énumérer ici tous les mensonges d’Hillary Clinton, il faudrait pour cela rédiger un dictionnaire de plusieurs centaines de pages. Parmi ceux qui me font particulièrement horreur, je me contenterai de ceux proférés en direct à la télévision à l’intention des parents des fonctionnaires américains tués à Benghazi : dire aux parents de gens tués lors d’une attaque djihadiste et qui auraient pu être secourus que tout a été fait pour les sauver et que les assaillants étaient non pas des djihadistes, mais des Libyens irrités par un film islamophobe, et ce, après avoir envoyé des emails montrant qu’on n’a rien fait pour sauver les Américains assassinés et qu’on savait que c’était une attaque djihadiste, est odieux, et devrait suffire à disqualifier H. Clinton.
Un commentateur pour qui j’ai le plus grand respect, David P. Goldman, dans un article publié sur Asia Times et repris sur Pjmedia, disait voici peu qu’avec Hillary Clinton, les Etats Unis deviendraient ce qu’ils ont commencé à devenir sous Obama, une république bananière où les décisions politiques seraient achetées par le plus offrant et ou la parole politique aurait une fiabilité inférieure à zéro. David P. Goldman n’a pas une estime infinie pour Donald Trump, mais le trouve nettement préférable à la candidate démocrate.
Pour ce qui concerne les options de politique étrangère en général, et celles concernant le Proche-Orient et Israël en particulier, il suffit de considérer les années au cours desquelles Hillary Clinton a été Secrétaire d’Etat, et sur les années Obama prises globalement, pour tirer les conclusions qui s’imposent. Si les conclusions ne suffisent pas, on peut éventuellement consulter le programme du parti démocrate, qui est de facto celui d’Hillary Clinton, pour le comparer au programme du parti républicain, qui est de facto celui de Donald Trump.
Pendant les années Obama, il me faut le redire, Moubarak a été renversé en Egypte au profit des Frères Musulmans, et la prise du pouvoir par Abdel Fattah al Sissi s’est accomplie contre le gré de l’Administration Obama ; un chaos islamiste a remplacé Mouammar Kadhafi en Libye et les arsenaux libyens ont été pillés pour le plus grand bonheur de multiples groupes djihadistes ; l’Etat Islamique est né en Syrie et en Irak, l’Iran est devenue une puissance hégémonique régionale sans avoir renoncé à ses ambitions génocidaires aux dépens du peuple d’Israël. La Turquie a dérivé vers un fonctionnement de république islamique.
Je passe sur de multiples détails et sur ce qui s’est passé ailleurs sur la planète (les détails sont dans mon livre) : tout cela s’est fait non pas en dépit des intentions d’Obama, mais parce qu’Obama a approuvé ou laissé faire, et tout cela a reçu l’approbation d’Hillary Clinton, qui se refuse jusqu’à ce jour à parler d’islam radical ou de terrorisme islamique.
Hillary Clinton et le parti démocrate continuent de considérer l’Autorité Palestinienne comme un interlocuteur légitime et à prôner une solution à deux Etats, pour peu qu’Israël fasse les concessions requises. Donald Trump et le parti républicain campent sur des positions très différentes : ils désignent l’islam radical et le terrorisme islamique comme le danger planétaire majeur d’aujourd’hui, proposent d’en finir avec l’Etat Islamique, d’endiguer l’Iran, et ne nourrissent aucune illusion concernant l’Autorité Palestinienne. Ils n’envisagent de demander aucune concession à Israël et entendent, au contraire, transférer l’ambassade des Etats-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, reconnue par les Etats-Unis comme la capitale éternelle et indivisible d’Israël.
Si l’information circulait mieux, le monde, je crois, se porterait mieux, car il y aurait davantage de lucidité.
Si les Juifs israéliens disposaient de toutes les informations, je n’en doute pas, les résultats des sondages seraient différents, et surtout moins absurdes.
Note :
Guy Millière, Après Obama, Trump, La Maison d’édition, 10 euros.