L’Occident, principal obstacle à la paix au Proche-Orient ?

0
179

Parler de paix véritable au Proche-Orient après 100 ans de conflits suppose tout d’abord une réflexion sur le double langage, la « novlangue », la réécriture de l’Histoire au détriment d’Israël, l’ignorance volontaire du droit international réel, auxquels les Européens et singulièrement, les Français, mais maintenant aussi les universités et la gauche américaines, se sont accoutumés depuis des années.

L’adoption pure et simple par l’essentiel de l’Occident du « narratif » arabe le plus irrédentiste et le plus réactionnaire sur l’histoire ancienne et récente du pays d’Israël et sur Jérusalem et la montée de l’Islam en Europe et sur le territoire des USA, résultat du laxisme de l’Ouest face à l’Islam, son soutien insensé aux revendications des plus extrémistes parmi les Arabes, constituent aujourd’hui le principal obstacle à la paix.

Cette situation, proprement suicidaire pour l’Occident lui-même, n’est pas normale et mérite d’être élucidée. Ces pays de vieille civilisation, baignés d’esprit critique, d’intelligence, de savoir, de libre pensée, se révèlent depuis des décennies incapables d’appréhender les droits légitimes des Juifs sur la base du droit international public, des faits historiques incontestables et des traités quand les gouvernements israéliens ou les juristes, le plus souvent juifs, soulignent les éléments de fait et de droit têtus qui légitiment leur position.

Or cela n’est pas seulement le fait des politiques, mais aussi des journalistes, des universitaires et finalement de toute la société civile. Cette situation va en s’aggravant un peu plus chaque année.

Le mystère de cette paralysie et de cette mauvaise foi troublante ne peut pas demeurer indéfiniment sans explication. Paradoxalement, il s’avère que la filiation spirituelle entre Judaïsme et Christianisme et le trouble durable qu’elle engendre en Occident, y compris chez les déchristianisés, facteur d’un antisémitisme structurel, constitue aujourd’hui l’un des principaux obstacles à une normalisation au Proche-Orient.

En effet, en dernière analyse, l’irréductible statut schismatique du christianisme, moule de la civilisation occidentale, par rapport à la doctrine hébraïque mère, se révèle être le mur majeur face à une paix israélo-arabe. Après s’être crue pendant 20 siècles le « véritable Israël », la chrétienté découvre depuis 75 ans son illusion trompeuse.

Ce traumatisme collectif et cette interrogation sur son identité, la mine et la détruit. Son impéritie face au progrès de l’Islam sur son propre sol, avec ses propres ressources, son suivisme ancillaire devant les directives de l’Organisation de la Conférence Islamique ne sont qu’une illustration et une conséquence de sa stupeur paralysante.

Plus d’une fois, les dirigeants occidentaux, tel le président français Chirac à Paris, soi-disant « facilitateurs » des contacts entre les parties au Proche-Orient, ont en réalité fait capoter des arrangements qui auraient pu devenir féconds. Par un soutien insane et provocateur envers Arafat, révélant des rapports ambigus avec Israël et les Juifs (tout pour les Juifs morts : reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français durant la Shoah, rien pour les Juifs vivants et souverains : politique outrageusement hostile à l’Etat d’Israël), Chirac a dévoilé le trouble de l’âme européenne face à la réalité juive. Or ceci constitue un phénomène récurrent parmi les dirigeants occidentaux. La vindicte contre Israël du président Carter, prétendu « héros » de Camp-David, à la fin de sa vie, en dit long sur sa véritable contribution. L’on pourrait multiplier les exemples à l’envi.

La visite du président Sadate à Jérusalem, capitale d’Israël, et les contacts directs les plus prometteurs entre les parties, ont rapidement été phagocytés par l’Occident soudain inquiet d’un retournement possible de la situation qui lui ferait perdre sa prétendue position d’arbitre et de maître du jeu.

Régulièrement, l’irrédentisme et le « jusqu’au–bout-isme » des dirigeants auto-proclamés des Arabes palestiniens est soutenu et renforcé notamment par la politique de l’Union Européenne et de certains de ses Etats-membres qui financent à grands frais, avec l’argent des contribuables, les familles des terroristes incarcérés en Israël pour des assassinats caractérisés de femmes et d’enfants juifs. Ils financent aussi massivement les programmes d’enseignement racistes du Hamas et de l’Autorité Palestinienne. Sans compter les violations incessantes par l’UE des Accords d’Oslo dès qu’il s’agit d’intérêts israéliens sur le terrain quels que soient les termes des accords dont l’UE est sensée être garante.

Cette politique européenne aggrave et prolonge un conflit qui aurait pu être surmonté depuis longtemps par une série de concessions mutuelles directement entre les parties. Le réalisme le plus élémentaire en vue d’un arrangement viable emporte l’impossibilité pour Israël d’accepter une autre souveraineté que la sienne entre le Jourdain et la mer.

Il faut une dose inimaginable de mauvaise foi pour ignorer que le royaume de Jordanie est un Etat palestinien sur les 3/5 du territoire palestinien légalement destiné aux Juifs, mais qu’Israël a entériné « pour la paix » par le traité avec le royaume Hachémite. Vouloir imposer un troisième Etat palestinien arabe en Cisjordanie, au mépris des droits historiques des Juifs, et faisant courir un danger extrême et permanent à Israël révèle une intention génocidaire pas toujours inconsciente.

Il est donc de plus en plus urgent de permettre à la civilisation occidentale, chrétienne dans son essence, de se réconcilier avec elle-même. Elle pourrait le faire en redécouvrant sa dignité propre en s’assumant comme une diaspora d’Israël. Cette diaspora-là, certes s’est perdue. Mais elle pourrait, si elle le voulait, se retrouver dans un rapport assaini avec les enfants de Jacob, en liaison avec la vision des prophètes d’Israël. Ce n’est certainement pas pour rien qu’elle se trouve dans une si grande familiarité avec la Bible des Hébreux. Des chrétiens sincères de plus en plus nombreux, mais encore très minoritaires, l’ont bien compris qui, en contrepied des tendances mortifères occidentales, choisissent un soutien sans faille à Israël et au peuple Juif, tout en restant eux-mêmes.

L’obsession de l’Occident à être partie prenante dans tous les événements du Proche-Orient, quitte à souvent aggraver les conflits qui s’y déroulent, est aussi le résultat de l’ambigüité de son statut par rapport à la Terre Sainte, à Jérusalem, à la Bible et au peuple d’Israël.  Tout se passe comme si l’Occident ne parvenait pas à décider si ces concepts, ces valeurs hérités d’Israël, appartiennent aussi et encore aux chrétiens et par extension, à l’Occident et dans quelle mesure, ou bien si ils sont le propre du Peuple d’Israël, un navire que les chrétiens ont abandonné il y a deux mille ans. Une clarification est plus que jamais nécessaire.

Bien entendu, d’autres facteurs jouent aussi dans la difficulté de stabiliser le Moyen-Orient et surtout l’affrontement interne à l’Islam Sunnites-Chiites, et l’extrême difficulté pour l’Islam en général à admettre l’existence de minorités en son sein, sans les mettre en position de Dhimmis, sous-hommes rabaissés, taillables et corvéables à merci. Pourtant l’évolution récente et notamment les « Accords d’Abraham » montrent qu’un autre avenir est possible. Il sera pourtant très difficile d’aboutir si l’Occident ne règle pas ses problèmes face à la renaissance d’Israël, les tentations renouvelées de sabotage seront trop nombreuses.

Léon Rozenbaum

Aucun commentaire

Laisser un commentaire