L’Iran poursuit de plus belle son projet nucléaire

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L’Iran se moque éperdument des accords signés et agit comme de coutume avec ruse pour réaliser toutes ses activités.

Le chef du projet nucléaire iranien, Ali Akbar Salehi, vient de déclarer que l’Iran poursuivra ses activités fissiles dans l’usine de production d’eau lourde installée à Arak.

L’Iran n’a pas couvert de ciment le cœur du réacteur pour le rendre inutilisable dès janvier 2016, comme l’exigeait l’accord sur le nucléaire.

Lors d’une interview à la télévision diffusée dans le cadre des commémorations du quarantième anniversaire de la Révolution, Salehi a affirmé, le 22 janvier 2019, que les images publiées à l’époque montrant que l’Iran avait complètement scellé le cœur du réacteur étaient falsifiées. Selon lui, l’Iran n’était jamais tenu dans le cadre de l’accord de sceller le cœur du réacteur.

Toujours selon Salehi, les discussions concernant les aspects techniques des pourparlers sur le nucléaire ont été conduites de telle manière qu’elles ont permis certaines violations que l’Iran a pu exploiter.

Ali Akbar Salehi (à gauche) interviewé à la télévision iranienne le 22 janvier (capture d’écran)

Salehi affirme textuellement : « L’Iran n’a rien perdu à la suite de la signature de l’accord signé à Vienne le 14 juillet 2015 (JCPOA), et l’Histoire le prouvera. Nous avons préservé nos capacités dans le domaine de l’enrichissement. Nous continuons à fabriquer de nouvelles centrifugeuses. Nous faisons tout ce que nous devons faire. »

Le chef iranien du projet atomique, Ali Akbar Salehi, a dévoilé que son pays avait transféré 30 tonnes de matière fissile première, utilisée pour produire du combustible nucléaire, du site de production d’Ardakan à Ispahan. Salehi n’a pas mentionné le nom du site, mais il semble qu’il se réfère à l’installation de conversion d’uranium de Natanz.

Salehi a suggéré que l’Iran continuait à « découvrir et à exploiter » l’uranium, pour pouvoir construire deux réacteurs nucléaires supplémentaires dans la province de Bushehr comme prévu, et à poursuivre ses activités au sein du réacteur à eau lourde d’Arak.

Soulignons que le 16 janvier 2016, l’AIEA a publié un rapport confirmant que l’Iran avait supprimé et rendu « inutilisable » l’installation d’Arak.

Plusieurs autres rapports confirmaient le scellement du cœur du réacteur.

Dans le même contexte, Behrooz Kamalvandi, porte-parole de la Commission iranienne de l’énergie atomique, a déclaré que l’Iran restructurait le réacteur à eau lourde d’Arak avec l’aide de la Chine, mais il peut également le faire sans aucune aide étrangère. Le partenariat avec la Chine est censé accélérer la réalisation du programme. Il a défini le plan nucléaire iranien comme « logique ».

Photos du réacteur d’Arak après avoir été soi-disant scellé de béton (photo compte Twitter Esferayn)

Salehi a également déclaré que l’Iran avait développé sa propre technologie nucléaire et qu’il n’avait rencontré aucune restriction en matière de recherche et de développement. Il a ajouté que « les restrictions sont principalement liées à la fabrication de centrifugeuses de pointe sur une période de huit ans… Les Européens ont besoin de huit ans pour assembler des centrifugeuses, de la planification à la mise en service. Pour l’Iran, cela prend dix ans… »

Au cours de l’entretien, Salehi a souligné que l’Iran n’était plus confronté aux mêmes problèmes rencontrés avant la signature de l’accord et notamment au sein du Conseil de Sécurité.

Toutefois, Salehi ne se montre optimiste concernant les intentions de l’Europe de pouvoir aider l’Iran.

L’Iran est, selon Salehi, capable d’augmenter son pourcentage d’enrichissement d’uranium à 20% en trois ou quatre jours. En novembre 2018, il avait affirmé que l’Iran n’avait pas franchi cette étape mais qu’il avait suffisamment d’uranium enrichi pour faire face à ses besoins pour les prochaines années.

Les déclarations de Salehi et d’autres hauts responsables iraniens concernant le programme nucléaire ont pour but d’accroître la pression de l’Iran sur les pays européens et témoignent de la déception croissante de l’Iran face à l’incapacité de l’Europe à prendre une position indépendante. L’Iran s’attend à ce que l’Europe maintienne son engagement pour utiliser un mécanisme financier permettant de contourner les sanctions qui auraient permis à l’Iran d’accéder au système bancaire international tout en contournant les États-Unis. Cependant, dans l’intervalle, la tension monte spécifiquement entre l’Iran et l’Europe autour de la découverte de l’implication de l’Iran dans le terrorisme sur le sol européen et du lancement de missiles balistiques et de satellites dans l’espace.

Cette tension s’est exprimée le 8 janvier 2019 lors d’une réunion tendue au ministère iranien des Affaires étrangères entre des représentants de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, du Danemark, des Pays-Bas et de la Belgique. Au cours de la réunion, les diplomates européens ont tenté de protester contre les activités terroristes de l’Iran sur le sol européen et les essais de missiles balistiques. Cependant, la délégation du ministère iranien des Affaires étrangères a soudainement abandonné la réunion, et claqué la porte.

Ce geste non diplomatique et l’implication de la reprise de l’activité nucléaire iranienne (y compris l’idée que l’Iran pourrait finalement renoncer à l’accord nucléaire) sont censés exprimer la protestation du gouvernement iranien et sa déception persistante devant la lourde mise en œuvre par l’Europe des assurances données à l’Iran. Ces actions servent également d’outil dans la lutte du gouvernement contre les voix grandissantes dans le camp conservateur pour se retirer du traité nucléaire.

Dans le même temps, en réponse au durcissement de la politique européenne vis-à-vis de l’Iran et à l’incapacité de l’Europe à “livrer les marchandises”, des éléments conservateurs en Iran continuent de critiquer le gouvernement pour ne pas avoir encore quitté l’accord sur le nucléaire.

Ahmad Jannati, le chef de l’Assemblée des experts, avait appelé à brûler l’accord nucléaire

Le Guide iranien, Khamenei, a expliqué pourquoi il n’avait pas brûlé l’accord nucléaire comme il l’avait promis (en 2016) et avait déclaré que tant qu’il servirait les intérêts iraniens, l’Iran ne se retirerait pas de l’accord.

Le président Rohani et son gouvernement tentent toujours de sauver l’accord nucléaire et mènent une bataille contre les voix conservatrices pour s’en retirer. Les tensions croissantes dans les relations avec l’Europe rendent cette bataille plus difficile de jour en jour.

Pour le moment, il semble que Khamenei penche davantage vers le camp conservateur et continue de préparer l’opinion publique iranienne à de nouveaux sacrifices.

Il est clair, dans le contexte actuel, la tâche des Européens demeure difficile. Les activités hégémoniques de l’Iran en Irak, au Yémen, en Syrie et au Liban, et ses derniers essais de missiles balistiques ne peuvent rendre indifférents les Européens.

La politique de l’UE devrait suivre l’esprit de la politique du président Trump qui appelle à isoler l’Iran par des sanctions paralysantes.  Ces sujets seront probablement discutés lors de la conférence mondiale qui se tiendra le mois prochain en Pologne sur la paix et la stabilité au Moyen-Orient (13-14 février 2019). L’Iran n’a pas été invité, ce qui a provoqué des tensions entre l’Iran, la Pologne et l’ensemble de l’UE.

Michael Segall – jcpa-lecape.org

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