C’est une grande première pour la République islamique et un nouvel atout pour son programme balistique. L’Iran a fabriqué pour la première fois un missile hypersonique, a annoncé jeudi 10 novembre le général Amirali Hajizadeh, commandant de la Force aérospatiale des Gardiens de la Révolution. Un missile hypersonique évolue à des vitesses supérieures à 6.000 kilomètres à l’heure.
« Ce missile balistique hypersonique peut contrer les boucliers de défense anti-aérienne. Il pourra traverser tous les systèmes de défense antimissile et je ne pense pas qu’il existera avant des décennies une technologie pour y faire face », a affirmé le général, cité par l’agence Fars. Selon lui, « ce missile qui cible les systèmes antimissiles ennemis représente un grand saut de génération dans le domaine des missiles ».
Selon la revue Janes, les missiles hypersoniques posent des défis aux concepteurs de radars en raison de leur vitesse élevée et de leur maniabilité.
Plusieurs pays cherchent à développer des missiles hypersoniques. La Russie, la Corée du Nord et les États-Unis avaient annoncé en 2021 avoir procédé à des essais, ravivant les craintes d’une nouvelle course aux armements. La Russie a pris une longueur d’avance dans ce domaine, avec plusieurs types de ces missiles.
Moscou a annoncé en août avoir déployé des avions équipés de missiles hypersoniques dernier cri à Kaliningrad, une enclave russe entourée de pays de l’Otan où le conflit en Ukraine a exacerbé les tensions.
En mars, dans les premières semaines de l’invasion de l’Ukraine, la Russie avait annoncé avoir utilisé des missiles hypersoniques « Kinjal », ce qui constituait probablement une première.
Cette annonce survient alors que les Occidentaux tentaient depuis plus d’un an de relancer le JCPOA, l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 entre les grandes puissances et Téhéran.
Cet accord visant à empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique en échange d’une levée des sanctions internationales est en déliquescence depuis le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis sous la présidence de Donald Trump, qui a entraîné l’affranchissement progressif par Téhéran de ses obligations.
Les négociations, déjà dans l’impasse, semblent aujourd’hui impossibles.
Le 5 novembre, l’Iran avait par ailleurs annoncé avoir testé avec « succès » une fusée capable de transporter des satellites dans l’espace.
Les gouvernements occidentaux craignent que les systèmes de lancement de satellites intègrent des technologies interchangeables avec celles utilisées dans les missiles balistiques capables de livrer une ogive nucléaire, ce que l’Iran a toujours nié vouloir construire.
L’Iran insiste sur le fait que son programme spatial est à des fins civiles et de défense uniquement, et ne viole pas l’accord de 2015 ni aucun autre accord international.
Alors que l’Iran et la Russie, tous deux frappés par des sanctions occidentales, ont opéré un rapprochement ces derniers mois, Téhéran avait reconnu le 5 novembre avoir livré des drones à la Russie, mais avant la guerre en Ukraine. Kiev et les Occidentaux accusent Moscou d’utiliser des drones iraniens pour ses attaques contre civils et infrastructures.