L’infiltration des gangs suédois par l’Iran

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Un rapport d’enquête publié par CNN vient de mettre en lumière une évolution préoccupante dans la stratégie extérieure de l’Iran : l’exploitation des réseaux criminels suédois, notamment pour orchestrer des actions contre des intérêts israéliens ou juifs en Europe. Ce document, intitulé « Recrutés par des gangs, exploités par l’Iran », révèle que des adolescents suédois sont désormais impliqués dans des projets d’attentats, révélant une escalade grave dans la guerre de l’ombre que Téhéran mène contre Israël bien au-delà du Moyen-Orient.

L’internationalisation de la menace iranienne

Depuis des années, l’Iran cherche à frapper Israël à l’étranger. Ses actions ont déjà été repérées en Amérique du Sud, en Europe et en Asie, souvent via des réseaux clandestins ou le Hezbollah, son principal bras armé. Mais l’intérêt croissant de Téhéran pour les gangs européens représente un tournant tactique : au lieu de s’appuyer uniquement sur des agents ou des alliés idéologiques, l’Iran s’introduit désormais dans des organisations criminelles étrangères pour mener ses opérations.

Le cas suédois illustre particulièrement bien ce changement de méthode. Selon plusieurs sources issues des services de sécurité suédois (SÄPO), Téhéran collaborerait activement avec certains groupes criminels locaux. Leur but : organiser des attaques ciblées contre des ambassades, des lieux communautaires juifs ou d’autres cibles symboliques liées à Israël.

Des adolescents instrumentalisés

 

Ce qui rend cette affaire encore plus alarmante est l’implication de mineurs dans ces projets d’attentats. Recrutés dans des quartiers défavorisés ou dans des milieux déjà fragilisés par la délinquance, ces jeunes sont à la fois vulnérables et manipulables. L’Iran, selon le rapport, mise sur leur profil pour deux raisons : leur facilité d’accès aux armes, dans un contexte de montée de la violence en Suède, et les peines souvent plus légères qui leur sont infligées en cas d’arrestation.

Cette exploitation cynique de la jeunesse suédoise constitue une faille sécuritaire majeure. Elle souligne également une convergence entre des logiques de criminalité classique et des objectifs géopolitiques d’un État étranger, ce qui brouille encore davantage les lignes de la lutte antiterroriste en Europe.

Des actions déjouées, mais une menace persistante
Selon CNN, les gangs ciblés par l’Iran ont planifié plusieurs attaques contre l’ambassade israélienne à Stockholm. Parmi les événements recensés : une tentative d’attentat à l’explosif le 31 janvier, une autre déjouée le 16 mai, une fusillade le 17 mai et encore des coups de feu le 1er octobre. Ces actions, bien qu’en partie évitées grâce à la vigilance des autorités suédoises, témoignent d’un degré élevé de coordination entre les groupes criminels locaux et des acteurs étatiques étrangers.

L’ambassade d’Iran en Suède, quant à elle, a fermement nié les accusations, les qualifiant de manipulation et de propagande israélienne. Mais pour les autorités suédoises, le doute n’est plus permis. Fredrik Hallström, directeur des opérations au sein de la SÄPO, affirme que le crime organisé en Suède est désormais une faiblesse structurelle que des puissances étrangères, comme l’Iran, cherchent à exploiter activement.

 

Une réponse internationale nécessaire
Le Trésor américain a récemment pris des mesures en sanctionnant un chef de gang suédois lié à ces opérations, illustrant une première réponse coordonnée face à cette menace. Mais les experts estiment que cela ne suffira pas. Le rapport de CNN appelle explicitement les gouvernements européens à renforcer leur coopération pour identifier, surveiller et démanteler les réseaux que l’Iran pourrait manipuler dans le futur.

Ce dossier soulève aussi une autre réalité : l’ouverture des sociétés européennes, souvent vue comme une richesse, peut se transformer en vulnérabilité face à des adversaires déterminés et organisés. L’Iran semble bien décidé à tirer parti de ces espaces de liberté pour poursuivre ses objectifs politiques à l’étranger, même si cela signifie exploiter la jeunesse marginalisée de pays comme la Suède.

Face à cette nouvelle forme de menace hybride — à la fois criminelle et géopolitique —, les États européens devront adapter rapidement leurs stratégies de sécurité intérieure, sans tomber dans la stigmatisation, mais en restant lucides sur l’ampleur et la complexité du défi.

 

Jforum.fr

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