Via une manœuvre, le gouvernement libyen cherche à se faire reconnaître comme le véritable propriétaire du patrimoine juif qu’il a confisqué.
Récemment, le gouvernement libyen a soumis au Département d’Etat un « mémorandum » demandant au gouvernement américain d’imposer des restrictions sur l’importation d’antiquités venant de son pays et datant d’avant 1911. Cela, parce que, selon le document, « le patrimoine de la Libye est sous la menace sévère et incessante de pillage en raison du conflit persistant et de la montée des groupes extrémistes violents ». Or, si une grande partie de ce mémorandum concerne des antiquités des périodes grecques et romaines, il mentionne, aussi, les biens juifs qui seraient, eux aussi, pillés ; et présente Israël comme l’un des marchés où ceux-ci, provenant de cimetières et autres bâtiments juifs, sont écoulés.
Cette mention des biens juifs comme faisant partie du patrimoine de la Libye a aussitôt fait réagir Gina Bublil-Waldman, co-fondatrice et président de « Jimena » (Jews Indigenous to the Middle East and North Africa) qui fait partie des 4 000 Juifs forcés de quitter ce pays en 1967 suite aux « pogroms » ayant marqué, sur place, la victoire israélienne lors de la guerre des Six Jours. A l’époque, les juifs avaient été expulsés du pays et n’avaient pu emporter que 50 dollars par personnes. Puis, après la prise du pouvoir en 1969 du Colonel Kadhafi, tous les biens appartenant à la communauté juive avaient été saisis et les « dédommagements » promis n’avaient jamais été versés.
Or, si le Département d’Etat répondait favorablement à la demande libyenne, cela constituerait une reconnaissance légale et internationale de sa propriété des biens juifs. « Il s’agit là d’une tactique pour dénier aux Juifs de Libye leur patrimoine volé », proteste Gina Bublil-Waldman qui, pour faire entendre sa voix, a pris rendez vous avec le « Comité Consultatif sur les Biens Culturels » de ce même Département d’Etat.
« Si le gouvernement libyen était si préoccupé par le pillage, la destruction et le trafic des antiquités juives, il aurait dû protéger nos cimetières, nos synagogues et nos biens privés et communautaires, ajoute-t-elle. Mais ils ont expulsé toute notre communauté, détruit toutes nos synagogues et encouragé leurs citoyens à piller notre patrimoine. Ils ont même construit des tours sur le cimetière juif de Tripoli » !
En la matière, l’association « Jimena » n’est pas la seule à protester. Le « Committee for Cultural Policy », une organisation ayant pour but de préserver les patrimoines culturels des citoyens américains, a qualifié la demande libyenne « de gifle dans la figure des citoyens juifs dont les familles ont été forcées de quitter la Libye en abandonnant tout ce qu’elles avaient. Nombreux sont ceux, parmi les Américains, qui trouveraient offensante la restitution au gouvernement de la Libye des objets liés aux anciennes communautés juives et qui désirent qu’à la place, ceux-ci soient rendus aux communautés juives où qu’elles se trouvent à l’heure actuelle ».
Source www.actuj.com