Libération de terroristes : la couverture infantile de médias

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Des médias délirants dressent un tableau réconfortant de la libération des terroristes palestiniens violents dans une couverture confuse de la prise d’otages

Rachel O’Donoghue

La libération de trois otages – Romi Gonen, Doron Steinbrecher et Emily Damari – par le Hamas en échange de 90 prisonniers palestiniens a dominé dimanche l’actualité internationale. Malgré d’autres événements marquants, notamment l’ investiture du président Donald Trump pour son second mandat et la fermeture (brève et décevante) de TikTok aux États-Unis, l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est resté, sans surprise, au premier plan de la couverture médiatique mondiale.

Alors que la plupart des reportages se sont concentrés à juste titre sur les retrouvailles émouvantes entre les otages et leurs familles après 15 mois de captivité, plusieurs médias de premier plan n’ont pas été à la hauteur, affichant une tendance troublante à passer sous silence la réalité de ce qu’implique réellement la libération des prisonniers palestiniens : la libération de centaines de criminels, dont beaucoup ont été condamnés pour des crimes violents – y compris pour meurtre – et membres d’organisations terroristes interdites.

Plutôt que d’affronter cette vérité dérangeante, leur couverture médiatique a plutôt eu tendance à présenter l’événement comme un motif de célébration.

Sky News a par exemple cité le terroriste du Jihad islamique Firas Hassan, qui déplorait les difficultés de la vie en prison après avoir été, selon eux, emprisonné à plusieurs reprises pour simple « opposition à l’occupation ». Sky News a également rassuré ses lecteurs en affirmant que Hassan n’était qu’un membre de « l’aile politique » du groupe.

Et ce, malgré le fait qu’aucun pays au monde ne fasse de distinction entre la soi-disant « aile politique » du Jihad islamique et sa branche militaire. Il convient de noter qu’un précédent article de la BBC a identifié Hassan comme « actif » au sein de l’organisation terroriste – responsable de certaines des attaques les plus meurtrières contre des civils israéliens – sans admettre que son implication se limitait à de vagues activités politiques, comme le laisse entendre Sky News.

Pendant ce temps, Reuters a choisi de publier un « article explicatif » décrivant les prisonniers palestiniens « éminents » qui doivent être libérés, ce qui nous rappelle brutalement qu’en journalisme, les mots comptent. Qualifier d’« éminents » des meurtriers condamnés et impénitents n’est pas seulement un choix, mais aussi un choix qui a des conséquences. Des adjectifs comme « notoires », « les plus meurtriers » ou « impénitents » seraient certainement plus appropriés pour ceux qui ont massacré des hommes, des femmes et des enfants innocents. Au lieu de cela, Reuters a donné à ces individus un vernis de célébrité, transformant ce qui aurait dû être un article informatif en un exercice de blanchiment du terrorisme.

De même, la soi-disant explication du New York Times n’a pas réussi à fournir un contexte significatif lorsqu’elle a vaguement informé les lecteurs que certains Palestiniens cités dans l’accord « purgeaient des peines de prison à vie », sans donner plus de détails sur les crimes derrière ces peines.

Par exemple, Mahmud Abu Varda purge 48 peines de prison à vie pour avoir organisé plusieurs attentats terroristes, dont un attentat à la bombe contre un bus à Jérusalem en 1996 qui a fait 45 morts. Un autre prisonnier sur le point d’être libéré est Zakaria Zubeidi, un terroriste notoire du Fatah et ancien commandant des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa à Jénine. Zubeidi, arrêté en 2019 pour son implication dans des fusillades près de Beth El en Cisjordanie, a joué un rôle dans de nombreuses attaques, notamment un attentat à la bombe qui a fait six morts dans une section du parti Likoud à Beit Shean pendant la deuxième Intifada. Pourtant, ces détails essentiels brillaient par leur absence.

La couverture la plus éhontée de l’affaire est peut-être celle de Sky News, qui a décidé de présenter une scène effrayante comme un moment « réconfortant ». En publiant une vidéo de ce qu’elle décrit comme des « célébrations » à Gaza après l’annonce du cessez-le-feu, Sky a partagé un clip d’une foule nombreuse scandant « Khaybar Khaybar ya Yahud » – une menace bien connue et explicite invoquant le massacre des Juifs.

C’est vraiment réconfortant, Sky.

Fox News a mal communiqué le nombre de prisonniers, tandis que le Times of London, au Royaume-Uni, s’est inexplicablement demandé si Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, retenus en otage par le Hamas bien avant les attentats du 7 octobre 2023, étaient vraiment des « otages », en plaçant le terme entre guillemets. Que pourraient bien être d’autre, selon le Times, deux hommes retenus contre leur gré pendant plus d’une décennie ?

Les retrouvailles entre les otages et leurs familles auraient dû être des moments de pure célébration, des scènes de joie et de larmes teintées uniquement du regret de savoir ce qu’implique la libération d’individus aux mains ensanglantées. Au lieu de cela, certains médias ont choisi de comparer ces deux événements, les présentant tous deux comme des motifs de célébration.

Ce genre de reportage ne sert pas la cause palestinienne. Adorer les terroristes palestiniens ou excuser leurs actions ne fait qu’aggraver la violence. Pour avoir une chance de paix durable, la société palestinienne doit rejeter la violence et le terrorisme, et non célébrer ceux qui les commettent. Pourtant, à maintes reprises, une presse infantilisante laisse passer ce comportement de culte de la mort, le présentant comme une simple facette de l’histoire.

JForum.fr avec  HonestReporting

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