Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a rejeté jeudi les propositions de cessez-le-feu au Liban, alors que Benyamin Netanyahou est resté plus prudent quelques minutes plus tôt.

«Il n’y aura pas de cessez-le-feu dans le nord. Nous continuerons à lutter contre l’organisation terroriste du Hezbollah de toutes nos forces jusqu’à la victoire et au retour en toute sécurité des habitants du nord dans leurs foyers», a-t-il déclaré dans un communiqué publié sur X.

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a affirmé jeudi qu’il n’avait pas encore donné sa réponse au cessez-le-feu au Liban, et qu’il avait ordonné à son armée «de continuer à sa battre à pleine puissance».

Les frappes israéliennes se sont poursuivies dans la nuit de mercredi à jeudi, même si le bilan global du ministère libanais de la Santé n’a pas encore été établi. L’une d’entre elles a touché la ville libanaise de Younine et détruit un immeuble de trois étages, selon le maire Ali Qusas. Dans des propos rapportés par l’agence Reuters, l’édile a indiqué que 23 personnes, toutes syriennes et pour la plupart des femmes ou des enfants, avaient été tuées.

Le porte-parole du ministère qatari des affaires étrangères, Majed Al-Ansari, a déclaré lors d’un point de presse jeudi qu’il n’existait pas encore de médiation officielle en vue d’un cessez-le-feu au Liban.

Majed Al-Ansari a assuré qu’il n’avait pas connaissance d’un «lien direct» entre la proposition de cessez-le-feu de 21 jours au Liban proposée mercredi soir par l’ONU et une proposition de cessez-le-feu à Gaza sur laquelle le Qatar a beaucoup travaillé aux côtés de l’Égypte et des États-Unis.

«Je n’ai pas connaissance d’un lien direct, mais évidemment les deux médiations se chevauchent énormément, les mêmes parties, pour la plupart, étant impliquées», a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse à Doha.

L’armée israélienne a déclaré jeudi qu’environ 45 «projectiles» avaient été tirés depuis le Liban, alors que les frappes transfrontalières continuent en parallèle d’un appel international à un cessez-le-feu.

«Environ 45 projectiles ont été identifiés en provenance du Liban, certains ont été interceptés et les autres sont tombés dans des zones dégagées», a indiqué l’armée dans un communiqué qui précise que les avions militaires israéliens continuent à frapper des cibles du mouvement chiite libanais du Hezbollah « dans plusieurs zones du Sud-Liban ».

Comme en 2006, le Hezbollah bombarde Israël en soutien aux factions palestiniennes de Gaza. Comme en 2006, Tsahal riposte par une campagne de frappes aériennes. Comme en 2006, l’armée israélienne entrera-t-elle au Liban pour détruire la milice chiite ? Cette «guerre de 33 jours» s’était soldée par un retrait et la mort de 119 soldats israéliens, ainsi qu’une remise en cause de la supériorité d’un système militaire étatique sur une organisation non étatique. En 2006, Gilad Shalit, soldat franco-israélien, est enlevé aux abords de Gaza déclenchant l’opération israélienne Pluies d’été, la première dans ce territoire palestinien depuis le retrait de l’État hébreu l’année précédente.

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’est envolé ce jeudi à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU, à un moment où les échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais se sont fortement intensifiés.

«Le premier ministre Benyamin Netanyahou et son épouse Sara sont partis pour New York tôt ce matin», indique le compte X du premier ministre.

Le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, allié d’extrême droite clef pour la coalition du premier ministre Benyamin Netanyahu, a rejeté jeudi toute idée d’un cessez-le-feu avec le Hezbollah libanais après un appel international à une trêve de 21 jours parrainé par Paris et Washington.

Le chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid (centre droit) a estimé de son côté sur X que le gouvernement israélien devrait accepter un cessez-le-feu, «mais seulement pour sept jours afin de ne pas permettre au Hezbollah de reconstituer son état-major et sa chaîne de commandement. Nous n’accepterons aucune proposition n’incluant pas le retrait du Hezbollah de notre frontière nord», ajoute-t-il.

L’armée israélienne a annoncé avoir attaqué 75 objectifs militaires du mouvement islamiste Hezbollah au Liban dans la nuit de mercredi à jeudi, dans le sud du pays ainsi que dans la région de la Bekaa (est).

Une ressortissante française, âgée de 87 ans, est décédée lundi dans un village proche de la ville Tyr, au Liban. Ce décès est survenu après l’effondrement d’un immeuble suite à «une forte explosion survenue à proximité», annonce l’ambassade de France au Liban dans un communiqué publié mercredi soir. «À ce stade nous n’avons pas connaissance d’autres victimes françaises», précise l’ambassade.

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Eric Amblard, consul général de France à Beyrouth, avance qu’il «n’est pas envisagé de procéder à une évacuation de la communauté française» du Liban «à ce stade» dans un communiqué publié mercredi. Environ 20.000 ressortissants français vivent au Liban, selon l’ambassade de France.

Les frappes aériennes se sont poursuivies mercredi, où l’armée israélienne a annoncé avoir visé 2000 cibles du Hezbollah.

L’Australie a exhorté les quelque 15.000 ressortissants australiens vivant au Liban à quitter le pays, évoquant le risque de fermeture de l’aéroport de Beyrouth et la difficulté d’évacuer un grand nombre de personnes en cas d’escalade.

Le premier ministre australien, Anthony Albanese, a déclaré mercredi que son gouvernement avait élaboré des plans d’urgence qui pourraient inclure des évacuations par voie navale, sans donner plus de détails. «Nous examinons toutes les options possibles, mais il y a évidemment des questions de sécurité nationale», a-t-il déclaré lors d’une interview accordée à Sky News.

Autre pays qui surveille de près la situation au Proche-Orient, la Grande-Bretagne a envoyé des troupes à Chypre, qui rejoignent deux navires de la Royal Navy déjà sur place pour procéder à l’évacuation de leurs ressortissants au Liban.

Le bras de fer entre Israël et le Hezbollah ne cesse de se durcir. L’État hébreu cherche à pousser la milice chiite jusqu’au point de rupture. Mais, pour l’instant, cette dernière ne cède pas. L’objectif de l’opération « Flèche du nord », lancée officiellement lundi par Israël, est de sécuriser la frontière nord du pays et d’y permettre le retour de 60.000 personnes, évacuées depuis bientôt un an. Pour l’instant, Israël s’en tient à des bombardements aériens, principalement dans le sud du Liban et dans la plaine de la Bekaa, à l’est.

Les appels internationaux en faveur d’une désescalade entre Israël et le Hezbollah se sont multipliés mercredi, après que l’armée israélienne a dit préparer «une possible entrée» au Liban pour y frapper le mouvement pro-iranien, attisant la crainte d’un embrasement régional.

«Nous attaquons toute la journée (…) pour préparer la zone à la possibilité de votre entrée (…) et continuer à frapper le Hezbollah», a déclaré à des soldats le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Herzi Halevi, à la frontière avec le Liban.

Dans l’immédiat, Israël, qui affirme opérer pour permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants déplacés du secteur frontalier par les tirs du Hezbollah, a poursuivi ses bombardements pour la troisième journée consécutive, concentrés sur le sud et l’est du Liban, deux bastions du mouvement islamiste soutenu par l’Iran.