L’Europe face à une « urgence antisémite »

19 novembre 2024

L’Europe face à une « urgence antisémite » : l’EJA alerte et appelle à une action immédiate

Lors de sa conférence annuelle à Cracovie, l’Association juive européenne (EJA) a tiré la sonnette d’alarme face à la montée inquiétante de l’antisémitisme sur le continent. Son président, le rav Menachem Margolin, a appelé l’Union européenne à instaurer une période d’urgence exceptionnelle de six mois pour mettre en place des mesures spécifiques visant à protéger la communauté juive.

Selon le rav Margolin, l’Europe traverse une phase de « crise antisémite » sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Il n’hésite pas à comparer la situation actuelle à celle des années les plus sombres, évoquant notamment la Nuit de Cristal de 1938. « Nous avons dépassé le temps des avertissements et des prédictions. L’heure est à l’action immédiate », a-t-il martelé devant une assemblée réunissant des leaders juifs et des représentants politiques européens.

Chaque jour, la réalité de cette menace devient plus tangible. Le président de l’EJA a mentionné que toutes les 15 minutes, un incident antisémite est signalé quelque part en Europe. Ces actes, allant des violences verbales aux agressions physiques, nourrissent un climat de peur et de méfiance au sein des communautés juives.

Pour répondre à cette crise, l’EJA propose une série de mesures concrètes qui pourraient être mises en œuvre durant une période d’urgence de six mois. Parmi elles :

1. Réglementation des événements publics : L’EJA demande à l’UE d’imposer un cadre strict aux manifestations et rassemblements, exigeant des organisateurs la signature d’un code de conduite visant à prévenir tout dérapage antisémite.

2. Renforcement de la sécurité : La protection accrue des lieux de culte, des institutions éducatives et des centres communautaires juifs est jugée cruciale pour rassurer les membres de la communauté et dissuader les actes hostiles.

3. Sensibilisation et éducation : En parallèle des mesures sécuritaires, l’EJA insiste sur la nécessité de campagnes éducatives à l’échelle européenne pour lutter contre les préjugés et promouvoir la tolérance.

L’appel lancé par le rav Margolin dépasse le simple constat. Il met en garde contre les conséquences d’une inaction prolongée : « Sans mesures immédiates, nous assisterons à un exode des Juifs d’Europe. » Cette perspective, selon lui, signerait la fin d’une présence millénaire qui a marqué l’histoire culturelle, intellectuelle et spirituelle du continent.

Le climat actuel est exacerbé par des événements récents, comme les émeutes à Amsterdam, où des violences ciblées ont ravivé les craintes de la communauté juive. Ces incidents, selon l’EJA, témoignent d’une réalité que les gouvernements européens ne peuvent plus ignorer.

La déclaration de « l’état d’urgence antisémite » par l’EJA représente un défi pour l’Union européenne, souvent critiquée pour son manque de réactivité face aux discriminations. Les dirigeants européens seront-ils à la hauteur des attentes ? Le rav Margolin exhorte les institutions à agir non seulement pour protéger les Juifs, mais aussi pour préserver les valeurs fondamentales de l’Europe, telles que la diversité et la liberté religieuse.

Alors que les actes antisémites continuent de se multiplier, la mobilisation des États membres sera déterminante pour enrayer cette tendance. Pour l’EJA, il s’agit non seulement de répondre à une urgence sécuritaire, mais aussi d’éviter un naufrage moral qui affaiblirait toute l’Europe.