Lettre ouverte à Piotr Smolar: non, la presse française n’est pas irréprochable à l’égard d’Israël!

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Après avoir salué le travail des journalistes en poste en Israël, le correspondant du « Monde » accuse les Israéliens de mener des expériences scientifiques sur les populations civiles de Gaza. InfoEquitable lui répond.

Cher Piotr Smolar,

Alors que vous bouclez vos valises pour rentrer en France, vous publiez un long article dans lequel vous relatez votre expérience de correspondant du journal Le Monde en Israël, où vous venez de passer plusieurs années.

L’essentiel de votre article est consacré aux critiques dont font l’objet de nombreux journalistes francophones en poste en Israël avec – en toile de fond – la question suivante : la couverture par la presse française du conflit israélo-palestinien est-elle juste, objective et équilibrée ?

Sans surprise, vous réfutez en bloc toutes les accusations de partialité au détriment d’Israël, formulées ces dernières années notamment par une grande partie la communauté juive française à l’encontre des médias. A vous lire, ces attaques ne seraient le fait que d’une poignée « d’anonymes » issus de « l’extrême-droite juive francophone » (bonjour les étiquettes). Leur « intolérance » serait au mieux la manifestation d’une « sensibilité à fleur de peau contre toute critique ».

En clair, pour vous, les journalistes français font correctement leur travail. Ils ne sont jamais excessifs, déséquilibrés ou injustes envers Israël. Ils ne font que décrire une réalité objective. Et bien sûr, ils ne feraient jamais preuve de la moindre complaisance ni à l’égard des Palestiniens, ni des islamistes du Hamas.

Pardonnez-nous, mais nous ne sommes pas du même avis.

InfoEquitable, nous ne sommes ni extrémistes, ni fermés aux critiques et encore moins au débat contradictoire.

A cet égard, permettez-nous de vous soumettre quelques arguments qui vont à l’encontre de votre thèse.

Depuis que notre site existe, nous avons identifié de nombreuses fake-news anti-israéliennes – forgées le plus souvent par la propagande palestinienne – que la presse française s’est empressée de diffuser sans la moindre vérification.

L’an dernier, nous avons établi le Top10 des plus belles intox gobées par les grands médias francophonesTunnel passant sous les mosquées, affaire al Durafemmes palestiniennes violées par les soldats de Tsahal, chewing-gums aphrodisiaques distribués aux jeune filles de Gaza, bébés mortellement gazés par les lacrymogènes israéliens…

Votre journal, lui-même, n’est pas exempt de telles dérives. En décembre 2017nous avions signalé cette chronique radio de Christophe Ayad, le chef du service international du Monde, diffusée sur France Inter.

Christophe Ayad avait multiplié les contorsions sémantiques, les non-dits et les demi-vérités afin de faire passer le terroriste palestinien Salah Hamouri pour une sorte de Mandela palestinien et le FPLP pour une troupe de boy-scouts ottomans.

Ce ne sont là que quelques exemples choisis parmi d’autres.

Vous trouverez sur notre site des dizaines de cas de fake-news et de dérapages anti-israéliens.

Prenez donc connaissance de cette affaire de dépêche tronquée à l’Agence France-Presse, des errements du correspondant de Libération à Jérusalem à propos d’un fait-divers local, de cette histoire grotesque de fausse statue de dictateur de Netanyahou (toujours dans Libé), des propos de Rony Brauman sur Europe 1 condamnés par le CSA, d’un reportage de France 2 portant un regard complaisant sur l’utilisation par le Hamas des enfants palestiniens comme boucliers humains, des photos truquées de l’AFP (encore elle !) mettant en scène des civils palestiniens fuyant sous le feu de Tsahal, des fake-news à répétition de bébés palestiniens prétendument tués par l’armée israélienne…

Pas complaisante, la presse ? Pas sous influence ?

Que pensez-vous, cher Piotr Smolar, de ce congrès de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) qui s’est tenu en décembre dernier à Ramallah dont seul InfoEquitable a rendu compte ?

N’y avait-il pas d’autre endroit plus indiqué pour affirmer les principes fondamentaux d’une presse libre et indépendante ?

Le protocole et les bonnes manières exigeaient-ils réellement que le président de la FIJ, Philippe Leruth, décernât et remît au Premier ministre palestinien Rami Hamdallah une carte de presse internationale à son nom ?

Congrès de la Fédération internationale des journalistes – Ramallah, novembre 2018

N’êtes-vous pas un tantinet gêné par cette image qui transpire l’hypocrisie et l’obséquiosité à l’égard d’une Autorité palestinienne dont vous êtes bien placé pour savoir le peu de cas qu’elle fait de la liberté de la presse ?

Peut-être allez-vous encore trouver que nous avons une « sensibilité à fleur de peau », mais nous, les mensonges qui visent à accabler Israël – seule démocratie de la région – et qui de surcroît sont inspirés par les dictatures arabes et islamiques avoisinantes, eh bien nous n’aimons pas ça.

Nous nous sommes donnés pour mission de démasquer ces impostures médiatiques qui propagent un peu partout dans le monde la haine d’Israël et l’antisémitisme.

Il parait que vous n’aimez pas que l’on évoque ce dernier point. Dans votre article, vous affichez sans ambages votre « mépris » face à ces mises en garde qui paraît-il ne suscitent chez vous et votre entourage que des ricanements.

Là aussi – sur cette question de l’antisémitisme – vous rejetez d’emblée tout débat et toute responsabilité, n’hésitant pas à qualifier ceux qui vous critiquent de « colonnes de fourmis haineuses qui remontent le fil Twitter » (votre confrère Charles Enderlin parle lui de « vers de terre », on est dans le même registre).

Nous préférons ne pas nous attarder sur cette métaphore animalière visant à rabaisser tout contradicteur au rang de vermine (Darquier de Pellepoix préférait évoquer « les poux »).

Juste une question : de quel côté est la haine ?

Puisque vous regagnez la France, nous vous invitons à effectuer quelques reportages dans certaines cités de banlieues. Vous pourrez peut-être prendre la mesure de la haine suscitée par cette propagande anti-israélienne auprès de certaines populations.

Dernier point : après avoir affiché une sorte de détachement empreint d’ironie, il semble que vous ne résistiez pas – vous aussi – à vous laisser entraîner dans la calomnie et la diabolisation d’Israël.

A propos de Gaza vous écrivez :

Là, les odeurs âpres vous saisissent à la gorge. L’air et l’eau, le sol et le sang sont pollués, et on ne parle pas des idées noires. Depuis douze ans est menée une expérience cruelle. On y teste la résilience de 2 millions d’hommes-rats qui deviennent fous, d’enfermement et de pauvreté, de privation de rêve aussi.

S’agit-il d’une provocation gratuite ou de l’expression de votre véritable conviction ?

Vous rendez-vous compte du caractère, non seulement insensé de cette affirmation, mais aussi de son ignominie ?

Pourriez-vous nous indiquer le moindre élément sérieux attestant de l’existence d’un tel programme d’expériences scientifiques qui aurait été conçu en Israël et appliqué à Gaza ?

Cette évocation délirante d’un programme d’expériences scientifiques qui seraient menées – avec cruauté – sur des populations palestiniennes ramenées au rang d’animaux de laboratoire tient très clairement de la nazification d’Israël et constitue précisément le type de dérapage journalistique que vous vous attachez à réfuter dans votre article.

C’est tellement énorme que le lecteur – sans doute abasourdi – en vient à renoncer à exiger du Monde qu’il fasse preuve de la plus élémentaire objectivité.

Vous n’avez bien sûr pas jugé nécessaire de rappeler la moindre information sur les raisons de ce blocus (très partiel, au demeurant) de la bande de Gaza.

Rien sur la prise du pouvoir par les islamistes du Hamas (classé comme organisation « terroriste » par l’Union européenne) qui n’ont d’autre politique que l’éducation à la haine de leur population et la continuation par tous les moyens de la guerre contre Israël.

Rien sur les tirs de milliers de roquettes sur les populations civiles israéliennes, sur les morts les blessés et la terreur que ces tirs ont engendré.

Rien sur les percements des tunnels entre Gaza et Israël destinés à commettre des attentats contre les habitants du sud d’Israël.

Rien non plus sur toutes les mesures prises malgré cela par les Israéliens pour tenter de réduire la tension et les difficultés des Gazaouites.

Rien sur les centaines de camions de denrées et de marchandises autorisés chaque jour à pénétrer à Gaza.

Rien sur la fourniture permanente d’électricité par Israël pour pallier la pénurie due à l’incurie des dirigeants du Hamas.

Rien sur les milliers d’habitants de la bande de Gaza qui viennent chaque année se faire soigner dans les hôpitaux israéliens (quand il ne s’agit pas de membres des familles des dignitaires du Hamas).

Un dernier point avant de conclure.

Vos dénégations en ce qui concerne la désinformation anti-israélienne sont d’autant plus étonnantes que la notion de « fake-news » est aujourd’hui très en vogue. Tous les grands journaux français, y compris le vôtre, ont leurs rubriques de « fact-checking » dans lesquelles il traquent sans répit les fausses rumeurs, les intox et manipulations de l’opinion.

Mais par une curieuse cécité, la presse française se refuse obstinément à admettre que les Palestiniens pratiquent eux aussi l’art consommé des fake-news, et plus souvent qu’à leur tour.

Voilà pourquoi, en dépit de votre « mépris », nous continuerons à InfoEquitable notre travail de veille médiatique afin de démasquer la désinformation anti-israélienne qui irrigue la presse française depuis trop longtemps.

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