Source : Israel Hayom, 22/11/2019
(Traduction et sous-titres : mabatim.info)Caroline B. Glick est une célèbre chroniqueuse israélienne qui écrit dans divers journaux. Quelques éléments de sa biographie sont ici (Anglais).
Jeudi 21 novembre 2019 matin en Israël, ce sont les politiciens qui ont fait la une. Le président du parti Israel Beitenu, Avigdor Lieberman, fut désigné comme le méchant ayant retenu le pays en otage pendant près d’un an, tout en entretenant son trouble narcissique de la personnalité.
Vous avez dit « Bleu-Blanc » ?
Le dernier fleuron de la gauche, le parti Bleu et Blanc, demeure le seul atout tangible de celle-ci maintenant qu’elle a perdu son idéologie. Son Dieu de paix à présent liquidé par des kamikazes et ses icônes socialistes anéanties sous le poids des sociétés publiques corrompues, tout ce qui reste à la gauche est le parti Bleu et Blanc. Ce parti repose sur deux piliers : détruire le Premier ministre Benjamin Netanyahou, et perpétuer le régime des bureaucrates non élus.
La figure emblématique du parti – Benny Gantz – a été tenté de rejoindre un gouvernement d’unité nationale avec Netanyahou, ce qui lui aurait assuré un mandat en tant que Premier ministre dans le cadre d’un accord de rotation. Ses camarades ne l’ont toutefois pas laissé faire. Rejoindre un gouvernement avec Netanyahou trahirait la véritable raison de leur existence, c’est pourquoi il s’est rétracté, non sans peine.
Netanyahou lui-même s’est aussi fait remarquer. Jeudi matin, ses partisans se sont sentis frustrés tandis que ses ennemis ont jubilé lorsque le plus grand homme d’État, le leader que la population veut maintenir en fonction, s’est vu incapable de former un gouvernement.
Le débat sur les hommes politiques israéliens a duré en tout et pour tout moins de 24 heures.
Régime de juges
À 16h, le bureau du procureur général Avichai Mandelblit[1] a annoncé l’intention de ce dernier d’inculper Netanyahou le soir même à 19h30. Le message sous-jacent était très clair : le lendemain du jour où Gantz remettait au Président Reuven Rivlin son mandat pour former un gouvernement, ayant échoué à réunir un nombre suffisant de membres pour la coalition, Mandelblit affirmait qu’il n’y avait pas matière à discuter le point de savoir si Israël se dirigeait ou non vers de nouvelles élections en mars.
Les électeurs ne décident de rien, les politiciens sont inutiles. Ce sont les juristes qui décident. Les seules personnes qui comptent aujourd’hui en Israël, ce sont ces hommes de loi non élus qui dirigent le pays.
Nous le savions déjà. Le fait que Mandelblit ait vertement inculpé Netanyahou pour trois charges d’abus de confiance et une de corruption est tout l’opposé d’un pavé dans la mare. L’affaire était déjà entendue en février, si tant est que partie ait été jouée.
Depuis que Mandelblit a donné ses « recommandations », ses pairs et lui-même sont les seuls acteurs politiques ayant un quelconque pouvoir en tant que tel, faisant passer nos leaders élus actuels pour de simples figurants dans le régime des juges. L’annonce de Mandelblit jeudi n’a fait que l’officialiser.
À la grande joie des médias israéliens corrompus, pendant les trois dernières années, nos seigneurs juristes ont grignoté tous les aspects du pouvoir politique en Israël, et ont du même coup corrompu sans vergogne le système juridique du pays de haut en bas. Du début à la fin, leur persécution criminelle envers Netanyahou a été une parodie de la moindre norme des sociétés démocratiques d’État de droit. Des enregistrements et des retranscriptions d’interrogatoires de police de Netanyahou, sa femme, son fils et ses conseillers ont systématiquement fuité vers les médias, scrupuleusement modifiés et intégralement déformés. Il importait peu que ces divulgations fussent criminelles. Les avocats de Netanyahu ont soumis à Mandelblit de multiples requêtes en investigation de ces fuites criminelles, lesquelles furent toutes sommairement et dédaigneusement rejetées.
Que fait la police ?
Tandis que ces enquêtes remontaient, supervisées par le Procureur de l’État Shai Nitzan, des enquêteurs de police ont fait pression sur les conseillers proches de Netanyahou pour les contraindre à devenir des témoins assistés contre le Premier ministre le plus admiré qu’Israël ait jamais eu. Des enquêteurs ont également menacé l’ancien porte-parole de Netanyahou, Nir Hefetz, de détruire sa famille et de le mettre en faillite s’il ne dénonçait pas Netanyahou. Ils réussirent finalement à le faire craquer en l’incarcérant dans une cellule infestée de puces pendant 15 nuits, le privant de sommeil et de traitement médical, et en amenant dans une salle d’interrogatoire proche de la sienne, une jeune femme qu’il connaissait, menaçant de détruire sa famille.
Durant les premiers temps des enquêtes, Roni Alshikh, alors inspecteur général de police, a avancé des théories de conspiration sauvages, sans fondement et honnêtement insensées à propos de Netanyahou, notamment celle selon laquelle il aurait engagé des détectives privés pour prendre les enquêteurs en filature. Alchikh a par la suite remué ciel et terre pour empêcher le gouvernement de lui désigner un successeur alors qu’il arrivait au terme de son service. Aujourd’hui encore, le poste d’inspecteur général de police n’est toujours pas pourvu.
Les vacances de la procureure
C’est ce même Mandelblit qui refusa d’enquêter sur Ben Ari lorsque des enregistrements ont surgi le mois dernier, montrant qu’elle a soumis une fausse déposition à un tribunal dans le cadre d’un procès à son encontre par un ancien de ses subalternes.
Le fond de l’affaire
Ceci reste néanmoins tout le but de courir après Netanyahou avec des délits inventés. Maintenant que Netanyahou est poursuivi pour corruption – et qu’accessoirement, il n’a même jamais reçu de couverture positive du média accusé de l’avoir fournie – n’importe quel politicien se trouvant du mauvais côté du juge suera à grosse gouttes dès lors qu’un reporter écrira de manière positive à son égard.
L’appel de Netanyahou
Après l’annonce de Mandelblit en prime-time, Netanyahou s’est engagé à se battre pour sa liberté, pour la restauration de la démocratie israélienne et de l’État de droit. Dans son discours de jeudi soir, il a lancé un fervent appel à ses rivaux politiques « raisonnables » pour le rejoindre dans ce combat.
Si des politiciens doutent que la lutte de Netanyahou soit leur lutte, ils ne devraient pas regarder plus loin que l’annonce faite par l’accusation la semaine dernière qu’elle ouvrait un réexamen, avant une enquête criminelle, du rôle de Gantz dans la soi-disant « Affaire de la Cinquième Dimension ». La Cinquième Dimension était une startup dirigée par Gantz dont la vente pour 14 millions de dollars aurait violé les procédures habituelles.
Gantz n’a peut-être rien fait de mal. Mais alors, Netanyahou est inculpé pour des crimes qui n’existent pas réellement. Cela n’a donc pas d’importance. Le message est clair. Chaque politicien est à la merci des procureurs. Si vous dépassez les bornes, vous deviendrez un suspect criminel avant même de pouvoir crier à l’« abus de pouvoir ».
Il est certainement vrai que la gauche partage la haine des procureurs envers Netanyahou. Le parti Bleu et Blanc existe pour le détruire. Mais tous les politiciens de gauche – et Liberman – qui festoient aujourd’hui, doivent comprendre que le Netanyahou qu’ils adorent détester aujourd’hui est leur meilleur ami et défenseur. Si Netanyahou est reconnu coupable de crimes inventés dans le but de le détruire, ils peuvent dirent adieu à leurs prochaines victoires électorales.
Les politiciens nous rendent heureux ou tristes, frustrés ou exaspérés. Mais aujourd’hui, dans un Israël post-démocratique, cela importe peu. Netanyahou a appelé à une « enquête sur les enquêteurs » la nuit dernière. À moins que nos représentants élus ne joignent leurs forces pour répondre à son appel, ils ne serviront plus à rien, non plus que leurs électeurs. CG♦
Caroline B. Glick
[1] Avichai Mandelblit porte également le titre de « Conseiller juridique du Gouvernement » (NDLR)