Négociations à Damas dans l’impasse : la Syrie exige l’extradition d’Assad et des compensations de la Russie
Les récentes négociations entre la délégation russe et la nouvelle administration syrienne à Damas se sont soldées par une impasse, révélant des tensions croissantes entre les deux anciens alliés. Alors que la Russie cherche à maintenir son influence en Syrie, le gouvernement syrien a formulé des demandes audacieuses, notamment l’extradition de l’ancien président Bachar al-Assad et de ses proches collaborateurs, ainsi que des compensations financières pour les dommages causés pendant la guerre civile. Ces exigences mettent en lumière les fractures d’une relation autrefois solide, mais désormais fragilisée par des divergences stratégiques et des revendications politiques.
La visite à Damas de Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, avait pour objectif officiel de renforcer le dialogue entre Moscou et la nouvelle administration syrienne. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a qualifié cette mission de « contacts importants », soulignant la nécessité de maintenir une communication constante avec les autorités syriennes. Cependant, derrière ces déclarations diplomatiques se cache une réalité bien plus complexe.
Selon des sources proches des négociations, Ahmed al-Sharaa, chef de l’administration syrienne, a exigé que la Russie extrade Bachar al-Assad et son cercle restreint, une demande qui n’a pas été officiellement confirmée par Moscou. Cette requête, si elle venait à être acceptée, marquerait un tournant radical dans les relations entre les deux pays, la Russie ayant été l’un des principaux soutiens d’Assad pendant la guerre civile syrienne.
Des compensations financières en jeu
Outre l’extradition d’Assad, la nouvelle administration syrienne aurait également réclamé des compensations financières à la Russie. Selon des informations rapportées par Bloomberg, les autorités syriennes souhaitent que Moscou contribue à la reconstruction du pays, notamment par le biais d’indemnisations et de projets de réhabilitation des infrastructures détruites pendant le conflit. L’agence de presse syrienne Sana a précisé que Damas attendait de la Russie des « mesures concrètes » pour rétablir la confiance, incluant des efforts significatifs en matière de reconstruction.
Ces demandes reflètent une volonté de la part de la Syrie de tourner la page sur une décennie de guerre civile, tout en tenant la Russie pour partiellement responsable des destructions massives subies par le pays. Cependant, Moscou semble réticent à admettre toute forme de culpabilité. Une source syrienne anonyme a indiqué à Reuters que les négociateurs russes n’étaient pas prêts à reconnaître des « erreurs passées », ce qui a limité les discussions à des engagements vagues et à la promesse de poursuivre le dialogue.
Une présence militaire russe en question
Parallèlement à ces négociations tendues, des images satellite ont révélé que la Russie avait retiré une partie de son matériel militaire de Syrie, notamment du port stratégique de Tartous. Ce retrait, bien que partiel, contraste avec les déclarations officielles de Moscou, qui affirme chercher à maintenir sa présence militaire dans la région. Cette divergence entre les actions et les discours soulève des questions sur les véritables intentions de la Russie en Syrie, alors que le pays tente de se repositionner sur la scène internationale.
Les négociations à Damas ont mis en évidence les défis auxquels sont confrontées les relations entre la Russie et la Syrie. Alors que la nouvelle administration syrienne cherche à affirmer son indépendance et à obtenir réparation pour les souffrances endurées pendant la guerre, la Russie semble réticente à céder aux demandes de son ancien allié. Cette impasse pourrait marquer le début d’un réajustement majeur dans les dynamiques régionales, avec des conséquences imprévisibles pour la stabilité du Moyen-Orient.
Dans ce contexte, la question de savoir si la Russie acceptera de jouer un rôle constructif dans la reconstruction de la Syrie, ou si elle choisira de se retirer progressivement, reste ouverte. Une chose est certaine : les erreurs du passé pèsent lourdement sur l’avenir des relations entre Damas et Moscou, et seule une volonté politique forte pourra surmonter ces divisions profondes.
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