Les « portes de l’enfer » n’ont pas été ouvertes…

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Hier, à 12 h selon l’heure en Amérique, les portes de l’enfer ne se sont pas ouvertes à Gaza. Rien de nouveau sous le soleil. Les trois otages qui devaient être libérés l’ont été hier après-midi dans un autre spectacle absurde organisé par le Hamas, retrouvant leurs familles après près de 500 jours de captivité. Les autres otages, encore en vie, devront patienter encore quelques vagues de libérations. Quant aux otages qui ne sont pas inclus dans l’accord actuel, ils devront attendre un nouvel accord — s’il y en a un. La possibilité d’un tel accord semble faible, car le gouvernement israélien a peu de ressources à échanger, hormis la libération de « criminels importants » lors d’un prochain round.

Yated Nééman, éditorial du 16 février/17 Chevat 5785

Le président Trump avait promis en début de semaine que si le Hamas ne libérait pas tous les otages d’ici midi, heure de Washington, Israël serait libre de faire ce qu’elle veut pour riposter. Il est rare qu’un président américain offre un tel « chèque en blanc » à Israël pour agir contre une organisation terroriste. Cependant, il est tout aussi rare de voir un président dont les paroles n’ont aucun lien avec la réalité sur le terrain.

Dans la pratique, les menaces restent vaines. Certes, elles sont préférables à des déclarations de compromis faibles. Mais elles n’ont aucun impact concret. Excepté l’intervention du député Itamar Ben Gvir, qui a critiqué le gouvernement pour ne pas avoir « ouvert les portes de l’enfer » sur le Hamas, chacun sait que ces paroles n’ont aucun effet réel.

Le Hamas dicte le rythme des événements tant qu’il détient des otages vivants. L’organisation utilise les familles des otages à des fins psychologiques. Un otage récemment libéré a reçu un cadeau cynique : un sablier avec la photo de Matan Tsangoker et de sa mère, accompagné de l’inscription « Le temps s’écoule ». Le Hamas sait que cette guerre psychologique est son arme la plus puissante. Matan Tsangoker, en raison de l’activisme de sa mère contre le gouvernement, pourrait bien être le dernier otage à être libéré.

Le Premier ministre Netanyahou aimerait pouvoir « ouvrir les portes de l’enfer » sur Gaza. Mais cela signifierait non seulement mettre en péril les négociations, mais aussi risquer la vie des otages encore en captivité. Imaginez une situation où le Hamas menace d’exécuter un otage si l’armée israélienne attaque ses positions… Qui pourrait supporter une telle responsabilité face aux familles des otages qui attendent depuis 499 jours ?

Depuis le confort du Bureau ovale, il est facile de lancer des déclarations populistes. Mais les concrétiser sur le terrain est une autre affaire. La proposition de Trump d’expulser les habitants de Gaza a offert une légitimation surprenante à l’idée de transfert de population, autrefois taboue. Pourtant, ce plan est irréaliste. D’abord, le Hamas ne permettra jamais aux habitants de Gaza de partir, car il veut maintenir son contrôle total. Ensuite, aucun pays au monde n’est prêt à accueillir ces réfugiés, pas même ceux qualifiés de « non impliqués », dont la culture de la violence est enracinée depuis l’enfance. Seul le roi de Jordanie a accepté symboliquement de recevoir 2000 enfants orphelins.

Trump est un maître des déclarations impulsives, sans véritable plan. C’était déjà le cas lors de sa première présidence, quand il avait promis des relations harmonieuses avec la Corée du Nord après une rencontre avec son dictateur. Aujourd’hui, il semble prêt à « vendre » l’Ukraine à Poutine pour assurer un calme temporaire jusqu’à la fin de son mandat. Ses déclarations sont rarement précédées d’une analyse sérieuse, de consultations ou de processus réfléchis.

Pour certains Israéliens fatigués des critiques émises par l’administration précédente sur les actions de l’armée israélienne, les paroles de Trump sont une douce mélodie. Enfin, un président qui semble aller de front avec la réalité israélienne. Pourtant, tout cela reste des mots. Peut-être que ses menaces ont incité le Hamas à poursuivre les négociations. Mais ceux qui attendent toujours de voir les « portes de l’enfer » s’ouvrir sur Gaza risquent d’être déçus…

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