Les plus et les moins de la relation de Trump avec Israël

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Un mouvement qui bouleversera le Moyen-Orient : le véritable plan de Trump

Trois questions principales occuperont Trump et Israël dans les mois à venir : « le jour d’après » à Gaza, l’intégration de l’Arabie saoudite aux accords d’Abraham, et l’élaboration d’une stratégie pour stopper la bombe iranienne. Toutes ces questions sont liées entre elles.

La droite israélienne s’est réjouie lorsque Donald Trump a remporté les élections présidentielles américaines de 2024. Ils ont affirmé que les relations avec Israël seraient bien plus étroites et meilleures que sous l’administration de Joe Biden. L’entourage de Netanyahou a laissé entendre que Trump pourrait ordonner une attaque militaire conjointe entre Israël et les États-Unis sur les installations nucléaires iraniennes, ou du moins qu’il ne s’opposerait pas, comme Biden, à une frappe israélienne. Smotrich a déjà annoncé que 2025 serait l’année de l’application de la souveraineté israélienne en Cisjordanie.

Cependant, l’influence de Trump sur l’accord concernant la libération des otages et la fin de la guerre à Gaza est un signe des défis à venir, susceptibles de décevoir ceux qui espèrent une liberté totale pour Israël dans la région. Cet accord ressemble fortement à celui que Netanyahou avait proposé à Biden dès mai 2024, mais qu’il avait retiré sous la pression de Ben Gvir et Smotrich, menaçant de faire chuter son gouvernement.

Dans cet accord figurent des concessions que Netanyahou avait juré de ne jamais faire. Même si la base de la coalition s’est élargie avec l’entrée de Gideon Saar dans le gouvernement et que l’axe iranien a subi de lourdes défaites, la différence majeure entre mai 2024 et janvier 2025, c’est Trump. Depuis sa victoire, Trump a exigé que Netanyahou finalise les négociations pour la libération des otages et mette fin à la guerre à Gaza avant son investiture à la Maison-Blanche lundi prochain.

Netanyahou pensait qu’il valait mieux retarder l’accord pour que Trump puisse en tirer tout le crédit après son investiture, mais il n’avait pas compris que certains dirigeants ont d’autres priorités. À mesure que la date de l’investiture approchait sans progrès suffisant dans les négociations, Trump et son équipe ont exercé une forte pression sur toutes les parties impliquées, y compris Netanyahou, pour respecter l’échéance fixée.

Trump, connaissant Netanyahou et se méfiant de sa fiabilité, a envoyé son émissaire spécial au Moyen-Orient, Steven Whitkoff, pour lui rappeler qu’il ne tolérerait aucune manœuvre visant à saboter l’accord. Ce n’est qu’après cette intervention que Netanyahou a envoyé le chef du Mossad, le chef du Shabak et Nitzan Alon à Doha pour finaliser l’accord.

Netanyahou a expliqué à Ben Gvir et Smotrich qu’il n’avait pas le choix et qu’il fallait accepter les exigences de Trump pour obtenir son soutien sur d’autres questions, comme l’Iran et la Cisjordanie. Même cet espoir doit être accueilli avec prudence.

La droite israélienne a soutenu la victoire de Trump en supposant que les relations américano-israéliennes sous son deuxième mandat seraient similaires à celles de son premier mandat. Mais cette hypothèse pourrait être erronée. Lors d’un deuxième mandat, les présidents établissent souvent des priorités différentes. Et dans le cas de Trump, son premier mandat, qui a débuté en 2017 et s’est terminé il y a quatre ans, a été suivi de nombreux bouleversements aux États-Unis, dans le monde et au Moyen-Orient.

Trump, bien qu’ayant été un président très atypique, souhaite également laisser un héritage positif. Il est le premier président à avoir subi deux procédures de destitution et à être revenu à la Maison-Blanche avec un casier judiciaire. Il cherche des moyens de redorer son image.

En politique étrangère, Trump vise un prix Nobel de la paix. Il pense qu’il aurait dû le recevoir pour les accords d’Abraham. Il a récemment déclaré que si son nom était « Obama », il aurait déjà reçu ce prix, une allusion au fait qu’Obama l’avait obtenu avant même le début de son mandat.

Trump se présente comme un homme de paix, souhaitant mettre fin aux guerres et se concentrer sur les affaires intérieures : immigration, sécurité des frontières, régulation, industrie, fiscalité, santé, éducation et climat. En politique étrangère, comme Obama et Biden, il souhaite prioriser le conflit avec la Chine, ce qui explique son ambition de mettre fin aux guerres en Ukraine et au Moyen-Orient.

Il a exigé de Netanyahou la fin de la guerre à Gaza et le maintien du cessez-le-feu au Liban. Les trois questions clés à l’ordre du jour sont donc : la stabilisation de Gaza, l’intégration de l’Arabie saoudite aux accords d’Abraham et l’arrêt de la menace nucléaire iranienne.

Pour stabiliser Gaza, Trump et son équipe, tout comme celle de Biden, envisagent de démanteler le régime du Hamas en transférant le contrôle à l’Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas, qui avait boycotté Trump lors de son premier mandat, a déjà initié des contacts en ce sens.

Trump est également très motivé par l’idée d’intégrer l’Arabie saoudite aux accords d’Abraham, car cela renforcerait son dossier pour le prix Nobel, stimulerait les affaires, et solidifierait un axe sunnite contre l’Iran. En échange de la normalisation avec Israël, l’Arabie saoudite exige des garanties politiques pour les Palestiniens ainsi que des accords économiques et sécuritaires avec les États-Unis.

Concernant l’Iran, affaiblie par des revers en Syrie, au Liban et sur son propre territoire, elle pourrait être prête à négocier un nouvel accord nucléaire avec l’administration Trump. Trump vise également à affaiblir les liens entre l’Iran, la Russie et la Chine, et un accord nucléaire pourrait servir cet objectif.

Enfin, Trump, qui apprécie Israël, soutiendra l’État hébreu sur des questions militaires, diplomatiques, et dans la lutte contre l’antisémitisme. Cependant, il exigera que ses intérêts soient également pris en compte, ce qui pourrait placer Netanyahou dans une position délicate entre Trump et ses alliés de droite comme Ben Gvir et Smotrich.

JForum.fr & Prof. Eitan Gilboa

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