Le parti au pouvoir et les syndicats de l’industrie du tourisme s’opposent à une interdiction totale d’entrée pour les détenteurs de passeports israéliens, contrairement à ce que l’opposition avait tenté de promouvoir, soutenue par un consensus public propalestinien. Pour l’instant, la décision de bloquer l’entrée des Israéliens n’est pas mise en œuvre. En octobre 2024, environ 500 touristes israéliens ont visité les Maldives.
Par Yanki Farber | Be’hadré ‘Harédim
Six mois après que le président Mohammed Muizzu a annoncé une interdiction d’entrée pour les détenteurs de passeports israéliens, le gouvernement et le parti au pouvoir n’appliquent pas cette directive. Après une longue période d’incertitude depuis l’annonce présidentielle, le parti au pouvoir souhaite restreindre l’accès aux dirigeants israéliens, tandis que les organisations touristiques mettent en garde contre une interdiction généralisée visant tous les citoyens israéliens.
En juin dernier, la présidence avait annoncé : « La décision du cabinet inclut une modification des lois nécessaires pour interdire l’entrée des détenteurs de passeports israéliens sur les îles maldiviennes. » Cette déclaration a suscité une attention mondiale, laissant à tort penser qu’une interdiction était déjà en vigueur.
Cette mesure dramatique a été applaudie par certains mais critiquée par d’autres. Un membre du Congrès américain a menacé de proposer une législation visant à suspendre l’aide américaine aux Maldives. Le représentant Josh Gottheimer a déclaré qu’il faisait avancer une proposition conditionnant l’aide américaine à l’autorisation pour les détenteurs de passeports israéliens d’entrer dans le pays.
« Israël est l’un de nos plus grands alliés démocratiques. Interdire l’accès aux Maldives est un acte sans précédent et constitue une flagrante manifestation d’antisémitisme. Ils ne devraient pas recevoir un centime d’aide américaine tant qu’ils ne reviennent pas sur cette décision », a-t-il déclaré au site Axios.
Les États-Unis ont fourni environ 36 millions de dollars d’aide financière aux Maldives entre 2019 et 2023, principalement pour renforcer les institutions démocratiques, la société civile, la transparence, la sécurité maritime, la lutte contre le terrorisme et l’application des lois, selon le Département d’État.
Entre-temps, le Parlement maldivien a modifié les lois sur l’immigration pour interdire l’entrée des détenteurs de passeports israéliens, y compris ceux ayant une double nationalité, selon The Diplomat. Toutefois, le gouvernement a rapidement reculé, renonçant à imposer une interdiction générale.
« Le gouvernement a décidé de modifier le projet de loi pour répondre aux préoccupations concernant les Palestiniens détenteurs de passeports israéliens », a expliqué le procureur général Ahmed Usham à la presse, trois jours après que le Parlement a renvoyé le projet à un comité spécial.
Ce projet est resté bloqué en comité pendant cinq mois, rendant l’interdiction pratiquement caduque. Entre-temps, environ 500 touristes israéliens ont visité les Maldives depuis octobre. Les touristes israéliens, principalement des surfeurs, ont commencé à fréquenter les Maldives après la levée d’une précédente interdiction au début des années 1990. En 2023, 10 966 Israéliens ont visité les îles, soit une baisse par rapport au sommet de 15.748 en 2022.
L’ancien président Abdulla Yameen a critiqué l’indécision concernant l’interdiction des passeports israéliens, déclarant : « Le Parlement est la marionnette du gouvernement. Si le gouvernement veut le faire, il peut modifier toute la constitution en trois ou quatre heures. Le président n’a pas la volonté d’interdire les passeports israéliens. »
Ahmed Nazim, un politicien local, s’est également opposé à une interdiction générale : « Il y a des Arabes et des musulmans avec des passeports israéliens. De plus, même l’ONU impose des sanctions uniquement aux entités militaires ou impliquées dans des violations des droits de l’homme. »
La commission parlementaire sur la sécurité a également exprimé sa préférence pour interdire l’entrée des responsables gouvernementaux et militaires israéliens aux Maldives, plutôt que de cibler tous les citoyens israéliens. Nazim a ajouté qu’il serait possible de refuser l’accès aux détenteurs de passeports israéliens occupant des postes officiels ou militaires en Israël.
Le 26 novembre, l’Association des hôtels et des pensions a averti qu’une interdiction générale pourrait gravement nuire à l’industrie touristique, notant que des agences de voyages internationales influentes, appartenant à des groupes juifs, pourraient répondre à une telle décision en annulant les voyages vers les Maldives.