Par Michèle Mazel
Il se passe de drôles de choses en cette veille de ‘Hanoucca.
Un premier cargo a atterri à l’aéroport Ben Gourion, chargé de milliers de doses du précieux vaccin contre le Covid19. Le premier ministre Binyamin Netanyahou était là pour les recevoir et a déclaré qu’il serait le premier à se faire vacciner de façon à donner l’exemple. Des centaines de milliers d’autres doses arrivent dans les prochains jours et les premières vaccinations pourraient intervenir dès le 20 décembre. Le commencement de la fin d’un long cauchemar.
Il y a aussi des événements insolites qui montrent que le dégel amorcé avec le monde arabe s’accentue et que les barrières tombent les unes après les autres.
Ainsi du vin produit dans les implantations israéliennes sera exporté vers les Emirats. Pas vraiment important sur le plan commercial, mais hautement symbolique.
Plus surprenant, un prince allié à la famille royale d’Abu Dhabi vient de faire l’acquisition de 50% du club de football Beitar Jérusalem dont le port d’attache est le stade Teddy à Jérusalem. Ce club de première division, traditionnellement proche de la droite sinon de l’extrême droite, s’est rendu tristement célèbre par les débordements racistes d’une partie de son public envers les arabes israéliens.
Nullement découragé, l’acquéreur, Cheikh Hamad, a déclaré qu’il était ravi de ce partenariat « avec un club aussi glorieux dont j’ai tant entendu parler et dans une ville aussi fameuse, la capitale d’Israël et l’une des plus saintes cités du monde. » A se frotter les yeux. Pour la petite histoire, si « La Familia » qui regroupe les supporters les plus racistes dont les excès ont plusieurs fois valu des pénalités au Beitar, s’élève contre cet achat, les dirigeants de clubs arabes israéliens ne comprennent pas pourquoi la manne émiratie n’est pas venue vers eux. L’avenir nous dira si cette initiative audacieuse sera couronnée de succès. Ce serait un grand pas en avant.
Par-dessus tout, il se passe quelque chose au sein de la population arabe d’Israël. Le député Mansour Abbas, président du parti Ta ‘al qui est l’une des composantes de la Liste Arabe commune qui a obtenu 15 sièges lors des dernières élections à la Knesset, n’a pas hésité à déclarer qu’il serait prêt à soutenir des initiatives gouvernementales en contrepartie de mesures en faveur de la population arabe. Pire, lors du premier vote de censure visant à faire tomber le gouvernement dirigé par Netanyahou et provoquer de nouvelles élections, il a décidé de faire cavalier seul et de s’abstenir alors que la liste arabe commune votait pour. En réponse aux accusations de ses camarades, il s’est contenté de dire que ses électeurs le suivaient. De fait selon les sondages, 60% des Arabes soutiendraient sa position ; un pourcentage similaire approuve les accords de normalisation entre Israël et les pays du Golfe, des accords que l’Autorité palestinienne condamne pourtant avec véhémence.
Ils ont vite compris les horizons que leur ouvraient ces marchés, du fait de leurs connaissances de la langue et des coutumes. Peut-être un premier pas vers l’apaisement des tensions entre les communautés.
‘Hanoucca, on le sait, est le temps des miracles.