Le’ilouï nichmath rav Chalom zatsal, rav Avraham zatsal, tous nos disparus et en particulier ceux pour lesquels personne n’étudie ni ne prie. A nos frères exterminés, de tous lieux et toutes époques, des plus anciens aux tout récents, que Hachem venge leur sang. Une guérison rapide et complète pour tous nos malades et blessés. Que nos soldats et soldates reviennent en bonne santé et que ceux et celles tombés au combat pour notre sécurité intercèdent en notre faveur.
Ces lignes sont également dédiées à Marcelle bath Louana zal, ma chère grand-mère.
Il n’échappe à personne que nos obligations se divisent en deux catégories : les Mitsvoth « ‘Assé » (faire) et les « lo Ta’assé » (s’abstenir de faire). Peut-on imaginer les placer dans une balance et juger quelle catégorie est plus importante que l’autre ?
Cela paraît impossible, tant pour notre maigre compréhension que pour le principe même de poser cette question. En premier lieu, justement parce que la question elle-même n’a pas de sens à priori. Toutes les Mitsvoth sont des ordres que nous devons accomplir. Et transgresser un ordre n’est pas envisageable, que la mission nous paraisse légère ou importante, facile ou difficile (cf. Avoth 2,1).
Mais aussi car nous ne pouvons jauger s’il est plus important, pour la bonne marche spirituelle du monde, de mettre les Tefilines ou de s’abstenir de manger des crevettes.
Cette réponse est-elle à la hauteur de la question ? Il semble que non, car la Guemara elle-même s’interroge indirectement sur le sujet. Une discussion très ancienne et passionnante éclate entre Beth Hillel et Beth Chamaï dans Erouvin 13b (cf. Tossefoth sur place) : les uns disent qu’il eut mieux valu pour l’homme de ne pas être créé, les autres pensent que cela valait le coup.
Ils comptèrent (les votes) et conclurent comme le premier avis. Que pour son unique bien, l’homme n’aurait pas dû être créé mais que maintenant que c’est fait, il lui incombe d’être très attentif à ses actions (voir Rachi).
Ce qui est dit ici est plus qu’étonnant, comment des Tanaïm peuvent discuter du bien fondé de la Création ?
En lisant bien, l’on comprend qu’en aucune façon il n’est question de cela. L’échange porte uniquement sur l’homme, pas sur la Volonté de création de Hachem bien sûr, qui ne supporte aucune réflexion humaine (cf. première Michna de ‘Haguiga).
Nous avons entendu (en 1986, Ya ‘hassra en bon français) de notre cher professeur de maths, M. Maknouz d’Aix-les-Bains, la chose suivante : Beth Chamaï et Beth Hillel, pour conclure le sujet, n’ont pas compté les votes, mais les Mitsvoth !
Et l’évidence est là : si l’homme n’avait pas été créé, il aurait de fait respecté 365 Mitsvoth « lo Ta’assé », ne pouvant techniquement les enfreindre.
Et une fois créé en ce bas-monde, il gagne simplement la possibilité de faire les 248 Mitsvoth positives, sans que cela ne contrebalance numérairement les 365 qu’il peut transgresser.
Qu’apprendre de cette discussion ? Que sans effort, nous aurions respecté les 365 Mitsvoth négatives. Cette partie du job doit donc être une évidence, un pré-requis afin de passer à la seconde partie de la mission, à savoir les 248 positives, qui semblent avoir fait pencher la balance en faveur de notre création terrestre.
En premier lieu donc, s’éloigner du mal. Puis faire le bien. Programme que décrit précisément le verset bien connu de Tehilim (34,15) : « Eloigne toi du mal et fait le bien ».
Si l’on devait résumer Souccoth, nous dirions Soucca ou Loulav. Pour Chavou’oth, étude de la Tora. Pourim = Michté, cadeaux, Tsedaka. ‘Hanouka = Néroth.
Les fêtes liées à la joie sont toutes caractérisées par des Mitsvoth positives.
Or, Pessa’h fait exception. Cette fête de la liberté est au contraire symbolisée par une grave interdiction, celle de consommer du ‘Hamets (NDLR : Bien qu’il y avait dans le temps la mitsva positive d’apporter le sacrifice de Pessa’h, et de nos jours de manger de la matsa le premier soir).
Je suis enfin un homme libre, cela fait 400 ans (ou 210 selon les calculs) que j’attends cela du fonds de mon esclavage et le point de départ est une sévère interdiction ?
A une époque comme la nôtre, où au contraire tout doit être « libre », cet apparent paradoxe est encore plus flagrant à priori.
Vous l’aurez compris, il n’en est rien. Car la vraie liberté, celle d’accomplir les Mitsvoth pour lesquelles nous avons été créés (cf. Avoth 6,2), ne peut démarrer que par l’éloignement du mal.
Le ‘Hamets, symbole de tant de travers humains, doit en tout premier lieu être brûlé. Pas conservé dans un coin, pas toléré de loin ni caché, mais détruit.
Haïr le mal, donc ce qui est contraire à la Tora, est le préambule à l’amour de Hachem. Quelque soit l’époque et le lieu. Les deux notions ne peuvent coexister.
Pessa’h doit donc nécessairement démarrer par une Mitsva négative, celle de s’éloigner de ce monde, sinon comment aborder la route vers Chavou’oth et la liberté absolue décrite dans Pirké Avoth (6,2) : il n’est d’homme réellement libre que celui qui étudie la Tora.
Pessa’h cacher vesaméa’h, que des bonnes nouvelles, que le ‘Hamas & cie connaissent le même sort que le ‘Hamets…