Parachath Chela’h Lekha, par le rav David E. Avraham
Quarante ans avant l’entrée de Yehochoua Bin Noun en terre d’Israël, le peuple demanda à Moché d’envoyer des explorateurs. Ils invoquèrent des raisons militaires et spirituelles. Militairement, il fallait déterminer la meilleure voie pour conquérir la terre d’Israël naturellement. Spirituellement, il fallait localiser les richesses promises par D’ afin de sanctifier Son Nom. Malgré ses doutes, Moché consentit à la demande. Il tria et envoya douze explorateurs. Cette expédition conduisit à des larmes gratuites. Elle devint alors l’une des plus grandes tragédies du peuple d’Israël.
D’ ne pardonna pas la faute des explorateurs. Il les punit de façon prodigieuse. Et la génération fut condamnée à quarante ans d’errance dans le désert. S’ajoute à cela un décret de pleurs pour les générations futures. La faute des explorateurs eut un écho plus retentissant que celle du veau d’or ! Cette seconde faute paraît pourtant plus grave. Ne s’agissait-il pas d’un péché d’idolâtrie, l’une des trois fautes majeures ? D’ l’a pardonnée malgré tout. Il n’y a pas eu de punition miraculeuse. Moché a prié en faveur des fautifs. Ceux-ci se sont repentis, et D’ a accepté leur techouva. Plus encore, le 10 Tichri, jour d’acceptation de leur repentance, devint un jour de pardon pour toutes les générations. Que s’est-il donc passé avec les explorateurs ?
Nos Sages nous enseignent qu’ils ont failli dans leur confiance en D’. Ils ont vu les géants de Canaan et ont eu peur. Ils ont eu peur de ne pas mériter la victoire. Ils ont eu peur de ne pas mériter la terre d’Israël. Comment pouvaient-ils l’hériter avec un passé parsemé de fautes plus graves les unes que les autres ? Comment pouvaient-ils triompher sans Moché à leur tête ? Ils ont donc pleuré et le peuple a pleuré avec eux. Qu’aurions-nous fait à leur place ? Certes D’ est omnipotent, mais soutient-Il des fauteurs ? A priori, la réaction des explorateurs semblait tout à fait justifiée… et pourtant. Alors, quelle est donc leur faute ?
Nous savons tous que le bita’hon, la confiance, est ce qui nous lie profondément à D’. Nous ne pouvons pas vivre un judaïsme authentique sans bita’hon. Il nous faut du bita’hon pour suivre la voie de la Tora sans faillir. Comment pourrions-nous respecter le Chabbath ou donner la charité sans bita’hon ? Le bita’hon est à la base de notre relation avec D’. Le Steipler dit à ce sujet : « Nous devons savoir que le bita’hon, c’est d’être persuadé que tout ce que D’ fait et fera est pour notre bien. Il est notre Père, notre Roi miséricordieux. D’ sait mieux que nous ce qui nous est bénéfique et si quelque chose nous arrive, cela est le signe que c’est pour notre bien. »
Durant toutes leurs pérégrinations dans le désert, D’ a enveloppé le peuple d’Israël de Son amour et de Sa bienveillance inconditionnelle. Il les a protégés de la faim, de la soif, de la chaleur, des animaux sauvages et de tous désagréments. Il fut un Père aimant et un Protecteur attentionné. Et Il a toujours pardonné leurs écarts. Comment pouvait-on douter de Lui après toutes ses preuves d’amour ? La faute des explorateurs a remis en question cette relation fusionnelle avec D’. Leur faute était extrêmement grave, car elle ébranlait la base même de cette relation. Ils ne pouvaient plus entrer en Israël parce qu’ils avaient rompu leur lien avec D’. Il est impossible d’hériter de la terre d’Israël sans confiance. Le roi David a déclaré dans ses Psaumes : « Nombreux sont les maux qui menacent le méchant ; mais quiconque a confiance en l’Éternel se trouve environné de sa grâce ». Nos Sages enseignent que même le fauteur se trouvera environné de sa grâce s’il a confiance en D’. La peur des explorateurs était injustifiée et ne relevait que d’un manque de confiance. Le peuple a envoyé des explorateurs par manque de confiance. Ceux-ci ont médit et fauté par manque de confiance. La réparation de cette faute passe essentiellement par une confiance absolue en D’. Nous pouvons acquérir cette confiance à la manière de Yehoshoua et Caleb. Il nous faut juste prier Hachem afin qu’Il nous ouvre les yeux. Nous reconnaitrons alors ses bontés infinies et sa constante bienveillance.