Par infoéquitable
Evadés de prison puis rattrapés, les six hommes étaient tous membres d’organisations terroristes, impliqués dans des attentats. Une dépêche de l’AFP loue leur geste en faisant témoigner… d’autres anciens prisonniers qui ont eux-même été impliqués dans des organisations terroristes.
A l’instar de quatre célèbres bandits du Far West, leur histoire se termine comme elle avait commencé : par un retour au pénitencier.
Alors que quatre des évadés palestiniens de la prison israélienne de Gilboa avaient déjà été rattrapés et que les deux autres n’allaient pas tarder à l’être (ce fut chose faite le dimanche 19), l’Agence France-Presse (AFP) a diffusé un article faisant des six malfrats les héros d’une aventure épique presque aussi attachants que les maladroits frères Dalton.
Pourtant, loin d’être de pittoresques braqueurs de diligences, les six hommes en cavale étaient tous membres de groupes reconnus comme terroristes par Israël mais aussi par les grands pays occidentaux – USA, UE : le Djihad islamique palestinien pour cinq d’entre eux et les Brigades des Martyrs d’al-Aqsa (bras armé du Fatah) pour le sixième.
Ce n’est cependant qu’au détour d’une phrase enfouie dans la dépêche que l’auteure de la dépêche – Hiba Aslan, une journaliste du bureau de Jérusalem de l’AFP qu’InfoEquitable a déjà épinglée pour son militantisme – se borne à mentionner que les six Palestiniens avaient été « écroués pour des attaques anti-israéliennes », sans donner la moindre idée de la nature de ces attaques.
Zakaria Zubeidi, le plus connu de la bande, avait par exemple été inculpé en 2019 sous 24 chefs d’accusation, parmi lesquels son rôle dans des attaques armées et à la bombe étalées sur une vingtaine d’années. Zubeidi avait notamment organisé des attaques contre les passagers d’autobus, visant des civils, ce qui est la caractéristique du terrorisme. C’était aussi le cas d’Ayham Kamamji, autre membre de l’équipée qui avait condamné à perpétuité en 2006 pour le kidnapping et l’assassinat d’un Israélien de 18 ans.
Mais depuis l’annonce de l’évasion, la presse a préféré mettre en avant l’héroïsme supposé des fugitifs, en insistant notamment sur un détail : les prisonniers auraient creusé le trou permettant leur évasion à l’aide de simples cuillères.
Peu importe de savoir si cette histoire assez invraisemblable tient la route : la cuillère et son aspect dérisoire étaient parfaits pour servir de vecteurs à une campagne de communication qui serait l’occasion de poser le noble combat pour la liberté de ces Palestiniens opprimés par l’Etat juif.
« Evasion spectaculaire », « évasion digne d’un film de Hollywood », l’article donne clairement dans le registre de l’admiration et de l’exploit pour parler d’un acte pourtant répréhensible. L’article vante même le hashtag « la cuillère miraculeuse », « symbole de la « libération » palestinienne ».
Des témoins familiers avec les prisons
Outre l’avocat d’un des détenus, l’article sollicite cinq intervenants issus du monde arabe. Ecrivains, sculpteurs ou dessinateurs, ils sont palestiniens mais aussi jordaniens ou koweitiens. Tous tressent des lauriers aux fugitifs. L’un d’eux loue leur la volonté, la vigilance et la ruse des prisonniers contre les Israéliens désignés comme l’ennemi.
Or au moins deux des « experts » interrogés sont eux-mêmes… d’anciens prisonniers ayant œuvré pour des groupes terroristes palestiniens.
Il y a Ghassan Mahdawi, pour qui « cette dernière évasion à la cuillère « restera dans l’histoire » ». Selon l’AFP, « L’ancien prisonnier palestinien, arrêté pour appartenance à un groupe armé durant la première intifada (soulèvement palestinien, 1987-1993), s’est échappé avec un autre détenu d’une prison israélienne en 1996 via un tunnel de 11 mètres creusé à l’aide de clous, dit-il. » Après recherche, il s’avère que le groupe armé en question n’était autre que le Djihad islamique palestinien – l’organisation dont faisaient partie la plupart des fugitifs. Un observateur neutre s’il en est.
Autre expert interrogé, Mohammed Sabaaneh est lui présenté comme simple dessinateur : « L’évasion à la petite cuillère relève de « l’humour noir » et a tourné en ridicule le système sécuritaire israélien, estime le caricaturiste palestinien Mohammed Sabaaneh, auteur de plusieurs dessins sur lesquels on retrouve une cuillère, dont l’un est intitulé « Le tunnel de la liberté », nom d’ailleurs donné par plusieurs Palestiniens à cette opération. »
Une carictature de ce personnage montre un diabolique soldat israélien qui empoisonne un enfant palestinien avec du lait mortel. Allusion transparente aux allégations de crimes rituels qui sont un classique de l’antisémitisme.
Doit-on dès lors être surpris de découvrir qu’en 2015, Mohammed Sabaaneh avait été lui-même été condamné par Israël à 5 mois de prison pour avoir transféré des fonds au Hamas, dont son frère était membre ?
Voilà donc une dépêche dans laquelle l’AFP n’est pas allée avec le dos de la cuillère pour tartiner d’éloges les terroristes en fuite dont elle a célébré la « libération ». Mais tout a une fin, et les Dalton palestiniens sont aujourd’hui de retour dans leurs cellules, en partie grâce à leurs frères arabes israéliens et palestiniens dont certains, eux, ont pris parti contre le terrorisme en les privant de leur protection et en aidant la police israélienne à les rattraper. Comme quoi le militantisme anti-israélien de l’AFP n’est peut-être plus tout à fait en phase avec une partie de la population arabe locale qui a dépassé cette vieille hostilité.