Ce qu’il y a de bien dans la vie politique, et en particulier en Israël, c’est qu’on peut se coucher le soir avec l’impression que la direction est bien claire, et s’apercevoir le lendemain matin qu’il n’en est rien : on va dans le sens contraire…
Hier, dimanche, tout semblait indiquer que la crise autour de l’enrôlement des jeunes des Yechivoth entrainait l’ensemble de l’équipe politique du pays à se présenter à nouveau devant les urnes, par manque d’accord entre les groupes politiques en présence, et surtout par manque de respect des engagements politiques, pourtant signés en bonne et due forme. Liebermann et Kakhalon, chacun pour ses raisons, donnait la préférence à des élections plutôt que d’accepter ce qu’exigent les partis orthodoxes soit respecté, à savoir une loi fixant les droits au sursis ou à l’exemption du service militaire pour les ba’houré Yechiva. Le tout, sur le fond de l’intervention de la cour suprême qui, à son habitude, a dit son mot selon la conception politique qui est celle de ses membres, et a renvoyé à la poubelle la loi en place.
Netaniahou semblait décidé à provoquer des élections, ce qui lui permettait d’obtenir sans doute un accord fort de la part du peuple contre les innombrables dossiers montés contre lui. Mais, semble-t-il, un point a fini par le déranger : de nouvelles élections n’auraient lieu qu’en fin d’année, ce qui est trop loin dans le temps – beaucoup de choses peuvent se passer d’ici là, dont l’arrivée de nouveaux dossiers, de nouveaux témoins à charge, et Netaniahou pouvait perdre son charme aux yeux du public, pour passer dans le décor. Cela serait la raison pour laquelle il a accepté de passer une longue soirée avec le rav Litzmann, afin d’arriver à une formule permettant à tous les groupes intéressés à continuer à vivre ensemble. L’incroyable a été fait, et ces deux hommes sont arrivés à un accord. A présent, à cette heure-ci de lundi matin, il ne manque plus que l’accord de Liebermann, le ministre de la Défense, pour conclure l’affaire !
Mais ce n’est pas chose facile pour Liebermann, après ses nombreuses interventions de ces temps-ci, faisant preuve d’une volonté belliqueuse à cet égard : en aucune manière il n’accepterait une quelconque formule qui ne soit pas agréée par son ministère. Or là, même si les détails des accords passés entre Bibi et le rav Litzmann ne sont pas connus, il ne fait aucun doute que cela n’a pas été fait en collaboration avec les services dudit ministère de la Défense. Est-ce que le russe Liebermann va parvenir à passer outre toutes ses prises de position ? Les premières heures de ce lundi vont nous l’apprendre.
P. S. (9 h 40) : Non, pas dans les premières heures, car il ne fait aucun doute que Lieberman n’est pas le genre à plier bagage sans profiter du drame, en sa faveur. Désolé, mais il faudra attendre encore un petit peu…
PPS : Ouf, la solution a été trouvée – par Liebermann : ne pas démissionner, ne pas provoquer la chute du gouvernement, mais attendre que la loi concernant le sursis des jeunes des Yechivoth soit acceptée. Et alors ?
En général, la phrase usitée dans le milieu d’Europe centrale est : soit le seigneur disparaîtra, soit le chien cessera de vivre, et donc de déranger. En attendant… le sieur Liebermann se laisse tout de même un bon laps de temps, quelques mois, jusqu’à cet été.