Les Arabes israéliens ont prouvé leur loyauté ?

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Par Jacques BENILLOUCHE – Temps et Contretemps            

          L’évasion de la prison de Gilboa, l’une des plus sécurisées et des plus modernes du pays, a été un véritable succès. Préparée avec minutie et de faibles moyens pendant de longs mois, elle a surpris les gardiens, les autorités pénitentiaires et bien sûr le gouvernement israélien. Mais les terroristes pensaient qu’il suffisait de sortir de prison pour recouvrer la liberté. Rien n’a été prévu pour la sécurisation des évadés et pour les aider à échapper à la chasse à l’homme massive. Pourtant les évadés avaient beaucoup d’heures d’avance sur les forces de l’ordre mais ils se sont trouvés seuls, sans appui, sans cache assurée et sans soutien de la population arabe israélienne. Mais les six évadés ont prouvé que rien n’était impossible et qu’Israël n’était pas invincible.

La police israélienne a déclaré que Zakaria Zubeidi, ancien commandant des Brigades des martyrs d’al-Aqsa du Fatah, et Mohamed Qassem Ardah avaient été arrêtés près de la ville palestinienne de Shibli-Umm al-Ghanam, quelques heures après la capture de Mahmoud Abdullah Ardah et Yaqoub Mahmoud Qadri, dans le quartier Jabal al-Qafzeh de la ville de Nazareth. Zubeidi et Mohamed Ardah ont été retrouvés cachés dans un parking de camions près de Nazareth. La ville de Nazareth à majorité arabe n’a rien fait pour les cacher et les nourrir. C’est un arabe israélien qui a prévenu la police après que les deux hommes qu’elle pensait être des Palestiniens en situation irrégulière lui aient demandé de la nourriture. Ces terroristes purgeaient de longues peines de prison pour avoir tué des soldats ou des colons israéliens. Deux des évadés attendaient leur procès.

Les conditions de l’évasion avaient de quoi surprendre car personne n’avait repéré le trou dans le système de drainage ; les six hommes sont passés sans être détectés devant un garde endormi, et les gardes devant leurs écrans n’ont rien vu. La tour de garde n’était pas occupée par «manque de personnel» alors que dans une deuxième tour surplombant la route des détenus, le gardien dormait pendant l’évasion. La tour de garde située juste au-dessus de la sortie du tunnel n’avait pas de personnel la nuit de l’évasion. Par ailleurs, il n’est pas crédible que l’escapade sophistiquée n’ait pas été assistée. Évidemment le djihad islamique s’est empressé de qualifier cette évasion «d’acte de libération». Ils auraient aimé que les fuyards soient abattus pour justifier à nouveau des troubles en Cisjordanie et à Gaza. Il reste de nombreuses ombres dans cette évasion surnaturelle.

Dans le cadre des accords avec l’autorité palestinienne, les postes de contrôle israéliens avaient été réduits et l’armée était moins présente. Israël a alors mis les gros moyens en organisant un bouclage militaire immédiat. Les six évadés sont originaires de Djénine. Ils auraient pu s’attendre à être cachés s’ils avaient pu l’atteindre mais les Arabes israéliens ne leur ont pas fait de cadeau. Ils ne les ont pas aidés, ils ne les ont pas nourris, ils ne les ont pas transportés jusqu’à Djénine situé à faible distance de la prison de Gilboa où ils auraient été sauvés. Mahmoud Abbas, intéressé par la relance du processus de paix a donné l’ordre à ses troupes de n’apporter aucun soutien.

Les fugitifs auraient pu s’organiser pour traverser la frontière jordanienne, pas très loin, où le roi n’aurait certainement pas accepté de les renvoyer en prison mais Israël avait renforcé la sécurité le long de la vallée du Jourdain. Le salut des évadés tenait paradoxalement dans leur séjour en Israël avant de rejoindre plus tard la Cisjordanie. Mais la minorité arabe israélienne a joué totalement le jeu national et prouvé qu’elle tenait à sa citoyenneté.

Déçus que la population arabe n’ait pas apporté son aide, les prisonniers de Ketziot se sont révoltés en procédant pour certains à l’incendie de leurs cellules. Le Hamas a appelé à une «journée de rage» en menaçant d’un soulèvement général souhaitant que les fugitifs soient abattus en représailles. Mais il n’en a rien été. Les Palestiniens pourront exulter à l’idée d’avoir mis les services pénitentiaires en difficulté mais l’échec de l’évasion pèse lourd. C’est surtout l’échec de la solidarité arabe face à la volonté israélienne d’empêcher les fugitifs d’atteindre les villes palestiniennes de Naplouse, Djénine, Tulkarem et Qalqilya, où ils auraient pu trouver refuge. Mais la route du salut fut longue. La prison de Gilboa est à 4 km au nord de la Cisjordanie et à 14 km à l’ouest de la frontière d’Israël avec la Jordanie.

Le Fatah s’est borné à condamner la capture des quatre prisonniers affirmant que «cela n’affaiblirait pas la détermination des Palestiniens et des prisonniers palestiniens dans la lutte contre l’occupation israélienne». Le Service pénitentiaire israélien (IPS) a dû prendre des mesures provisoires en réduisant le temps de pause des prisonniers à une heure par jour, en fermant la cantine de la prison et en diminuant le nombre de détenus capables de marcher dans la cour. Israël a également interdit les visites familiales aux prisonniers palestiniens.

Une certitude cependant : cet incident a prouvé que les Arabes israéliens ne sont pas prêts à renoncer à leur citoyenneté en s’affichant ouvertement auprès de terroristes  sanguinaires qui ne méritent pas leur sollicitude.

NDLR : Cela prouve surtout qu’ils savent être pragmatiques, ce qu’ils ont du reste pas mal prouvé ces temps-ci, mais guère plus…

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