par Bassam Tawil – Gatestone
- Les Palestiniens détenus dans les prisons syriennes ne portent vraisemblablement qu’un intérêt mitigé à cette bouteille de vin fabriquée par des Juifs et que les Européens ont entrepris de stigmatiser d’une étiquette.
- Les Européens qui campent sur une posture morale vis-à-vis du reste du monde, pensent que les produits qui sortent des implantations juives sont plus dangereux que les mesures répressives et brutales prises par les autorités syriennes contre les Palestiniens.
- L’Autorité palestinienne et son président, Mahmoud Abbas, sont trop occupés à faire la chasse aux dissidents sur Facebook pour accorder la moindre attention aux Palestiniens de Syrie.
- Du point de vue des dirigeants Palestiniens, il est excellent que la communauté internationale ne rate pas une occasion de dégorger sa haine d’Israël et des Juifs ; cela facilite leur vrai projet de délégitimer et de détruire le seul État libre et démocratique de la région.
Les Palestiniens détenus dans les prisons syriennes se moquent qu’une bouteille de vin faite par des Juifs soit étiquetée comme un produit colonial par les Européens. Les Européens pensent que les produits issus des implantations représentent un risque plus élevé que les mesures répressives et brutales que les autorités syriennes infligent aux Palestiniens. (Source image : iStock)
Au moment où, depuis Gaza, des milices terroristes palestiniennes tirent des centaines de roquettes sur Israël pour venger l’assassinat de Bahaa Abu al-Ata, un des chef du Jihad Islamique, le nombre de Palestiniens tués en Syrie depuis la guerre de 2011 a atteint le chiffre de 4.006 victimes.
Le sort des Palestiniens de Syrie n’intéresse ni les dirigeants palestiniens de la Cisjordanie, ni ceux de la bande de Gaza, lesquels ne sont obsédés que par une chose, la destruction d’Israël. La communauté internationale, les Nations Unies et les organisations de défense des droits de l’homme, ne portent eux non plus aucun intérêt aux souffrances des Palestiniens de Syrie – ni d’aucun autre pays arabe.
Le désintérêt de la communauté internationale et de l’ONU vis-à-vis des 4 006 Palestiniens assassinés en Syrie ne s’explique que d’une seule façon : ces Palestiniens n’ont pas été tués par Israël.
Les Européens s’inquiètent si fort de l’origine géographique de certaines denrées alimentaires israéliennes, qu’ils n’ont pas une seconde à consacrer à la mort brutale de plus de 500 Palestiniens par an depuis sept ans, en Syrie.
Cette semaine, sans accorder le moindre regard à la courbe des décès des Palestiniens de Syrie, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a obligé les distributeurs des États membres à marquer d’une étiquette spécifique les produits fabriqués dans les implantations (« colonies ») israéliennes.
La décision de la cour européenne n’a aucun intérêt pour les Palestiniens de Syrie. Ils se moquent comme d’une guigne de l’étiquetage des produits issus des implantations israéliennes. Ils tentent de rester en vie – et aimeraient beaucoup que les citoyens européens les aident à atteindre cet objectif, plutôt que de débattre d’emballages.
Ainsi, un arrêt de la Cour européenne de justice sur ces trois Palestiniens morts en octobre, sous la torture, dans une prison du gouvernement syrien aurait été le bienvenu. Said Mustafa Amarin, Ziad Lutfi Amarin et Fadi Fuad Al-Sotari, ont été arrêtées par la police syrienne il y de cela, plusieurs années. Leur décès porte à 611 le nombre de Palestiniens morts sous la torture dans les prisons syriennes depuis huit ans.
Selon le Groupe d’action pour les Palestiniens de Syrie (AGPS), huit autres Palestiniens sont décédés de mort violente, en octobre, en Syrie.
Ces victimes ne savaient probablement rien de la décision de la Cour européenne d’étiqueter les produits issus de la « colonisation ». Mais peut-être seraient-elles encore en vie si les Européens avaient daigné s’intéresser aux atrocités commises par le régime syrien, plutôt que de bloquer des produits dont le seul défaut était d’avoir été fabriqués par des juifs vivant en paix dans leurs implantations de Cisjordanie. Cette décision montre que les Européens, ne sont intéressés que par une seule catégorie de Palestiniens, ceux qui vivent en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, autrement dit, ceux dont la « souffrance » peut d’une manière ou d’une autre être imputée à Israël.
La cour européenne aurait rendu un plus grand service aux Palestiniens si elle avait pris un arrêt obligeant les autorités syriennes à révéler où se trouvent les corps de 329 Palestiniens portés disparus en Syrie ces dernières années. La cour aurait également rendu un meilleur service aux Palestiniens si elle avait décidé que les autorités syriennes devaient libérer 1 768 Palestiniens qui croupissent dans les geôles syriennes depuis des années.
Les Palestiniens actuellement détenus ont d’autres sujets de préoccupation que l’étiquetage d’une bouteille de vin fabriquée par des Juifs à destination des consommateurs européens. Les Européens sont figés dans une posture morale, qui leur permet d’affirmer au reste du monde que les produits de la « colonisation » sont plus dangereux pour les Palestiniens que la répression brutale qui s’abat sur eux en Syrie.
Les dirigeants palestiniens se contrefichent eux aussi, des souffrances de leur peuple en Syrie. Alors que le bilan des victimes dépasse 4 000, les dirigeants de l’Autorité palestinienne et du Hamas se disputent encore pour savoir s’ils doivent organiser des élections présidentielle et législatives qui auraient dû avoir lieu il y a déjà longtemps. Les deux partis se combattent depuis plus de 10 ans et ne s’entendent que sur une seule chose, réduire leurs opposants arabes au silence.
Pour les dirigeants palestiniens, les 4 000 Palestiniens assassinés par des bouchers syriens sont un détail sans intérêt. Le Hamas et ses alliés du Jihad islamique ne se préoccupent que de mener la lutte contre Israël, quel que soit le prix à payer par les Palestiniens de la bande de Gaza. L’Autorité palestinienne et son président, Mahmoud Abbas sont trop occupés à faire taire leurs opposants sur Facebook pour accorder la moindre attention aux Palestiniens en Syrie.
Dans deux mois, Abbas aura 85 ans. Le président de l’Autorité palestinienne semble déterminé à rester au pouvoir jusqu’à son dernier souffle. La semaine dernière, des responsables du Fatah ont déclaré publiquement qu’Abbas serait leur seul candidat à la prochaine élection présidentielle si jamais elle avait lieu. Une telle annonce n’aurait pu être faite sans l’approbation d’Abbas. En d’autres termes, Abbas est trop occupé à conserver le pouvoir pour remarquer qu’en Syrie et à Gaza, son peuple passe sa journée à contempler fixement les canons de mitraillettes que ses camarades arabes braquent sur eux.
L’indifférence des Européens envers les Palestiniens de Syrie et la dimension antisémite de leur lutte contre les produits de la « colonisation » – personne en Europe ne se préoccupe de savoir si des produits tibétains exportés par la Chine ne mériteraient pas d’être étiquetés – remplit d’aise sans doute Abbas et le Hamas. Comment se fait-il que le président de l’Autorité palestinienne et le Hamas ne soient pas une seconde embarrassés que des Arabes tuent des Palestiniens ? De ce point de vue, il est préférable pour eux que la communauté internationale dégorge sa haine d’Israël et des Juifs ; rien n’est plus utile aux dirigeants Palestiniens qui n’ont qu’un seul vrai projet, délégitimer et détruire le seul État libre et démocratique de la région.
Bassam Tawil est un arabe musulman basé au Moyen-Orient.