L’Égypte serait prête à accueillir un demi-million de Gazaouis

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Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi aurait exprimé sa disposition à accueillir temporairement jusqu’à 500 000 habitants de Gaza, selon un article publié par le journal libanais Al-Akhbar, proche du Hezbollah. Cette initiative humanitaire viserait à héberger les déplacés palestiniens dans une ville spécialement dédiée dans le nord de la péninsule du Sinaï.

L’information, rapportée en marge d’une conférence organisée à Riyad sur la situation géopolitique au Moyen-Orient, révèle une volonté de l’Égypte de jouer un rôle de stabilisateur régional, face à une situation humanitaire toujours plus critique dans la bande de Gaza.

Selon les détails du rapport, la ville en question serait aménagée pour accueillir ces civils déplacés sur une base provisoire. Toutefois, cette perspective a suscité des inquiétudes dans certains pays voisins, notamment la Jordanie, qui s’est publiquement opposée à toute forme de transfert massif de population depuis Gaza, redoutant une redéfinition durable des équilibres démographiques régionaux.

Une proposition dans un contexte tendu
L’idée d’une relocalisation temporaire des Gazaouis s’inscrit dans un contexte diplomatique complexe. Au début du mois de février, l’ancien président américain Donald Trump avait présenté un plan controversé lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à la Maison Blanche. Ce projet évoquait le transfert des populations de Gaza vers des pays arabes voisins, principalement l’Égypte et la Jordanie, tandis que les États-Unis prendraient le contrôle administratif de la bande de Gaza.

Cette annonce avait immédiatement provoqué des réactions contrastées au sein du monde arabe et international. Si certains y voyaient une tentative de résoudre la crise humanitaire, d’autres y percevaient un risque de déstabilisation politique à long terme dans la région.

Quelques semaines plus tard, Donald Trump avait nuancé ses propos dans une interview accordée à Fox News, déclarant qu’il ne forcerait pas l’application de son plan, mais se contenterait de le recommander. Cette position plus souple semblait vouloir apaiser les tensions tout en maintenant l’idée d’une solution alternative à la crise gazaouie.

Une autre voie proposée par l’Égypte
En mars, le gouvernement égyptien a présenté une proposition totalement différente, axée sur la reconstruction de la bande de Gaza. Ce plan ambitieux, évalué à 53 milliards de dollars, a été soutenu lors d’un sommet arabe. Il prévoit la réhabilitation des infrastructures, la construction de logements et le renforcement des services de base, tout en permettant aux Palestiniens de rester sur leur terre pendant au moins cinq ans.

Cette approche va à contre-courant du projet initial de relocalisation porté par Trump. Elle illustre une volonté claire du Caire de favoriser la stabilité à Gaza tout en évitant un exode de population vers ses frontières. En privilégiant une solution enracinée sur le territoire palestinien, l’Égypte affirme son rôle central dans la gestion des enjeux régionaux.

Retour en arrière de Trump
Peu après l’annonce du plan égyptien, Donald Trump a de nouveau modifié son discours. Lors d’une rencontre à la Maison Blanche avec le Premier ministre irlandais Micheál Martin, il a affirmé qu’« aucun Palestinien ne serait expulsé de Gaza », semblant ainsi désavouer ses déclarations antérieures.

Le ministère égyptien des Affaires étrangères a salué cette clarification, soulignant l’importance de garantir le droit des Gazaouis à rester sur leur terre. Cette déclaration a également été interprétée comme une reconnaissance du poids diplomatique croissant de l’Égypte dans la région.

Un rôle clé pour Le Caire
Face aux tensions persistantes au Moyen-Orient, la position de l’Égypte se démarque par une double stratégie : ouverture humanitaire d’un côté, refus d’un déplacement forcé de population de l’autre. Tout en se préparant à une éventuelle crise majeure, le pays mise sur une solution à long terme axée sur la reconstruction et la stabilité.

Cette posture pragmatique renforce également la coopération régionale, notamment avec Israël, qui voit d’un bon œil toute initiative visant à apaiser la situation sur le terrain sans compromettre sa sécurité. En gardant le contrôle sur la gestion des flux humains tout en collaborant à la reconstruction de Gaza, Le Caire confirme sa position de pilier diplomatique incontournable dans le dossier israélo-palestinien.

Jforum.fr – Illustration : photo du Caire

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