Législatives 2024 : le poison de l’antisémitisme infecte les débats

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EDITORIAL – La lutte contre l’antisémitisme s’est imposée dans les débats des législatives. Et contre toute attente, le RN dédiabolisé par Marine Le Pen s’affiche comme le meilleur allié des Juifs alors que le Nouveau Front populaire est perçu comme son pire danger en raison de la présence de La France insoumise dans ses rangs.

C’est une vieille ficelle, quand plus aucun argument rationnel ne fonctionne, les politiques désignent un ennemi. Rien de tel pour mobiliser. On attise les peurs, les haines. On fracture, on polarise. Et dans le contexte fou d’une campagne éclair, alors que le débat devrait tourner autour de la sécurité, des finances publiques, de l’école, c’est l’antisémitisme, l’idéologie la plus honteuse, qui s’est imposée dans les débats comme une arme de dissuasion massive. Sur fond de tension extrême au Moyen-Orient, intellectuels et politiques s’invectivent. Et dans un retournement de situation inouï, le Rassemblement national, héritier du FN créé entre autres par Pierre Bousquet, un ancien Waffen-SS, est en passe de s’imposer comme le meilleur allié des Juifs alors que le Nouveau Front populaire est perçu comme son pire danger.
Selon une enquête de l’Ifop, pour 92 % des Français de confession juive, La France insoumise contribue à faire monter l’antisémitisme. Contre 51 % concernant le Rassemblement national. Comme s’il existait une hiérarchie de l’antisémitisme.

Les actes antisémites se multiplient

Il est évident qu’en dépit de l’opération de dédiabolisation qui a amené Marine Le Pen à se démarquer de son père, le RN reste largement imbibé par la culture xénophobe, antisémite, nationaliste de ses fondateurs. Mais les dérapages se font plus rares. Et la leader de ce mouvement d’extrême droite n’a aucun scrupule à s’ériger en « bouclier » des Juifs.

Du côté de LFI, en revanche, au nom de la défense du peuple palestinien opprimé – et pour des raisons électoralistes –, les attaques antisémites se sont multipliées. Raphaël Glucksmann ou Jérôme Guedj traités de sionistes. Refus de qualifier le Hamas d’organisation terroriste. Jean-Luc Mélenchon affirmant que l’antisémitisme était « résiduel », (le même, en 2012, qualifiait Mohammed Merah de « crétin sanglant », comme si ses victimes, toutes juives, étaient des Blancs comme les autres). Messages postés sur X clamant ouvertement la haine d’Israël.

L’attaque ignoble de la fillette de 12 ans, à Courbevoie, au nom d’Allah, parce qu’elle était juive, a ravivé les tensions. Dans un contexte de haine, où les actes antisémites se multiplient, les positions de LFI sont devenues proprement intolérables car, comme l’explique Muriel Ouaknine-Melki, l’avocate de la jeune victime : « Quand vous faites l’apologie du terrorisme en le présentant comme un acte de résistance, vous prenez la responsabilité de créer des vocations. »

Le RN aurait « fait sa mue »

 

En réalité, ce n’est pas par humanisme que l’extrême droite a pris fait et cause pour les Juifs, mais par rejet des musulmans, au nom du principe selon lequel « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». A l’inverse, LFI a choisi le camp des Palestiniens et de la minorité maghrébine. Sans nuances.

Une chose est certaine, pour les Juifs de France, aujourd’hui, la menace vient des milieux islamiques. De la tuerie perpétrée par Mohammed Merah au meurtre de Samuel Paty, tous ces actes criminels ont été commis au nom d’Allah. Ce climat a conduit Serge Klarsfeld, le défenseur historique de la cause des déportés juifs, à déclarer que le RN avait « fait sa mue » alors que LFI était un parti « résolument antijuifs ». Pas de doute, nombre d’électeurs choisiront entre les « amis » des Juifs et les « amis » des Arabes.

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