Une haine sourde pèse en Israël, qui va bien au-delà des simples dissensions politiques. C’est cette haine que l’on a entendue dans les discours des uns et des autres à l’occasion du 26e anniversaire de Yitshak Rabin Za’l. Elle était audible dans chaque phrase, même dans celle qui semblait dire le contraire. Celui qui prêche la charité est le moins charitable, celui qui prêche la justice est le moins équitable, et celui qui ne parle que de paix ne l’obtient jamais. Nous Juifs qui demandons la paix à chaque instant, nous ne l’avons jamais eue.
Derrière chaque mot qui se voulait apaisant, il y avait un feu violebt. Le pays est profondément divisé, non parce que l’un ou l’autre cherche cette division. Non, c’est plus simple que ça. Certains sont sûrs de pouvoir faire confiance aux Arabes pour avoir la paix, et pour paraître gentils aux yeux des occidentaux, alors que les autres n’ont aucune confiance en une paix où Israël serait le dindon de la farce. Colons ou gauchistes, les deux veulent la paix. Mais certains veulent fermer les yeux, tandis que les autres les ont grands ouverts. Rabin a voulu faire la paix contre l’avis d’une partie importante du peuple. Certains l’ont vécu comme un appel au suicide collectif et n’ont pas voulu mourir. Un d’entre eux a préféré tuer. La majorité simple n’est pas suffisante pour ce type de choix vital. Ma main gauche n’a pas à bruler ma main droite, en la persuadant qu’il n’y a aucun risque. La vraie leçon de l’assassinat de Rabin qui fut un des grands dirigeants d’Israël, est qu’il faut l’adhésion de tout le peuple avant de se lancer dans une aventure sans retour. Faire la paix avec ses ennemis nécessite d’être d’abord en paix avec soi-même. On ne parle pas du Sinaï, ni du Liban, mais du cœur historique d’Israël et de Jérusalem, on parle de son âme.
Netanyahou : J’ai entendu des choses offensantes lors des cérémonies commémoratives de Rabin. Je me suis retenu, mais ne donnez pas des leçons.
Le chef de l’opposition a expliqué lors de la réunion commémorative de la Knesset pourquoi il était absent de la cérémonie sur le mont Herzl — « Durant 26 ans, nous avons mis à profit la cérémonie pour qu’elle touche une grande partie de la population » — les députés de gauche ont protesté — . Yaïr Lapid a déclaré : « Sans ce gouvernement miraculeux, les descendants idéologiques de Yigal Amir auraient été ministres. Nous avons empêché une tentative d’assassinat contre la démocratie — des députés de droite ont manifesté. »
La Knesset au complet a tenu une réunion spéciale en l’honneur du Premier Ministre et Ministre de la Défense Yitzhak Rabin, assassiné il y a 26 ans, en présence du Président Yitzhak Herzog. Lors de la réunion, le président de l’opposition Benjamin Netanyahou qui a également participé a indiqué pourquoi il a choisi de ne pas assister à la cérémonie qui s’était tenue précédemment au Mont Herzl pour éviter les discours désobligeants.
Le Jour du Souvenir commémorant l’assassinat de Rabin a été transformé en un grand rassemblement sur la place Rabin. Le rassemblement a lieu pour la deuxième année à l’initiative du Centre Yitzhak Rabin. Des milliers de bougies en souvenir de l’âme de Yitzhak Rabin ont été disposées sur la place et le public a été invité à les allumer. Dalia Rabin, chef du Centre Yitzhak Rabin, est arrivée sur la grande place pour allumer la bougie principale.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, a prononcé un discours lors de l’événement commémoratif de la Knesset et a déclaré qu’il y avait une ligne claire entre l’assassinat de Rabin et l’année dernière, tous deux faisant partie de la grande lutte israélienne. Il n’est pas entre la droite et la gauche. La grande lutte israélienne est entre les personnes qui croient en la démocratie et les personnes qui essaient de la détruire. Rabin n’a pas été assassiné par la droite. La vraie droite est démocratique. Rabin a été assassiné par ceux qui n’acceptaient pas la démocratie israélienne. Yigal Amir voulait tuer la démocratie. Si quelqu’un se dit que la majorité ne doit pas gouverner — il n’est pas vraiment dans le camp national ; c’est un nationaliste radical dangereux. Au lieu d’aimer le pays, il déteste ceux qui ne pensent pas comme lui. Les nationalistes extrémistes ne sont pas des patriotes ; le nationalisme extrême n’est pas l’amour du pays, c’est un chantage par les menaces. Les descendants idéologiques de Yigal Amir sont assis à la Knesset aujourd’hui, pour obtenir la légitimité, et sont invités à toutes les réceptions. Si nous n’avions pas imposé par miracle le changement de gouvernement, ils seraient maintenant au gouvernement. » En réponse, les membres de la Knesset, Bezalel Smotrich, Ofir Katz et Avi Maoz ont quitté la salle.
« L’assassinat de Rabin était un assassinat de la démocratie israélienne. Au cours des dernières années, il y a eu une tentative d’assassinat par d’autres moyens. Nous l’avons arrêté à la dernière minute grâce à un engagement patriotique, en réalisant que ce qui s’est passé et qui n’était pas prévisible. Je veux dire aux forces antidémocratiques qui sont présents parmi nous : nous sommes ici pour longtemps. Nous n’irons nulle part ailleurs. Nous n’avons pas peur de tous les cris. Rabin a dit : “L’angoisse ne construit pas un pays.” Nous savons quels sont nos objectifs : continueר à combattre, continueר à gagner. »
Netanyahou a déclaré : Je me suis retenu, « Ne nous sermonnez pas sur la démocratie ou la morale. »
Le chef de l’opposition Benjamin Netanyahou a ensuite pris la parole. Il avait ouvert son discours en mentionnant le Premier ministre Naftali Bennet : « Je connais personnellement Yitzhak Rabin depuis 20 ans. C’était un guerrier, un commandant exemplaire et un leader privilégié qui a grandement contribué à la sécurité de l’État d’Israël. Sa vie a été écourtée par un vil meurtrier dans l’un des moments tragiques de notre peuple et de notre pays. »
Netanyahou a dit : « Mes chers collègues, la polémique avec la position du gouvernement à l’époque était importante, elle était ferme et dure parce qu’il traitait des questions cruciales pour notre avenir et notre existence. Mais aussi dans le feu du débat, je l’ai dit encore et encore, surtout à ce stade — et c’est bien démontré — que nous avons un intérêt, je l’ai dit, avec des opposants politiques, pas à des ennemis. Benny, nous sommes un seul peuple. Et j’ai aussi dit que Rabin n’est pas un traître. Il a eu tort – mais ce n’est pas un traître. »
Je l’ai dit, « pendant 26 ans, année après année, certains utilisent les jours de souvenir en mémoire de Yitzhak Rabin pour pourfendre une grande partie du peuple et ceux qui le représentent. Toutes ces années, j’ai entendu des choses blessantes et fausses au sujet du camp que je représente et de moi-même. Mais j’ai serré les dents, j’ai poursuivi mon chemin, et malgré l’hostilité, j’ai rempli mon devoir d’être là en tant que Premier Ministre, conformément au protocole de l’État. Bien sûr, quand je venais on me demandait pourquoi j’étais venu, et maintenant que je ne suis plus Premier ministre et que je ne suis plus obligé, vous me demandez pourquoi je ne suis pas venu. »
« Je tiens à préciser une chose : nous ne changeons pas nos points de vue sur les dirigeants de l’État selon la mode du temps et les exigences médiatiques. Nous ne pensons pas non plus pouvoir remplacer les concepts de légalité et de légitimité. Le gouvernement est légal pour tout, mais quelqu’un a dit ici que former un gouvernement avec 10 sièges — pas avec six — ce n’est pas légitime et ce n’est pas démocratique. Et je dis clairement à l’attention du Premier ministre suppléant que celui qui a dit cela est la personne assise à côté de lui. Alors, ne nous sermonnez pas sur la démocratie, la légitimité, la moralité ou la gouvernance. »
Le président de la Knesset, Mickey Levy
Il a ouvert la réunion spéciale par une minute de silence et a ensuite déclaré : « Les trois coups de feu tirés sur la place Malkhé Israël dans la nuit de novembre 1995 font encore écho entre les murs de cette maison et au sein de la société israélienne, même 26 ans plus tard. Ce meurtre traumatisant a laissé au cœur de la démocratie israélienne une blessure permanente qui ne peut guérir. Le traumatisme et le choc de cette sombre nuit ont accompagnés depuis tous les débats et controverses que nous avons connus. Quelque chose d’innocent de la vie politique en Israël s’est effondré cette nuit-là et s’en est allé sans retour. Parce que depuis cette nuit, on sait que ça peut arriver.
« Nous avons mangé du fruit empoisonné du discours radical et instigateur, nous avons senti la chaleur brûlante des flammes qui montaient dans les rues et nous avons vu comment la violence politique entrainait le meurtre d’un Premier ministre en Israël. Depuis lors, nous avons tracé la ligne entre des déclarations claires qui sont légitimes dans le cadre de la libre expression, et l’incitation dangereuse qui pourrait se terminer par le meurtre d’un chef politique. »
Le ministre de la Défense Benny Gantz a déclaré :
« En ces jours de bouleversements régionaux et de défis sécuritaires, il est de notre devoir de renforcer les bases que Rabin a posées et d’améliorer les relations avec tous les partenaires de la région afin de construire la paix. Paix entre les nations, paix entre les peuples. Nous devons le faire même avec nos voisins palestiniens qui n’iront nulle part et qui doivent reconnaître que nous sommes ici pour de bon. Même aujourd’hui, nous n’avons pas d’autre pays, et nous n’avons pas d’autre solution, si ce n’est la combinaison importante de la paix, et de la sécurité. Membres de la Knesset, l’héritage de Rabin en tant que leader est aussi malheureusement l’héritage du meurtre de Rabin. Nous admettrons honnêtement – en ces jours sombres, que nous avons échoué. Menacés d’un schisme, nous avons perdu la capacité de discuter ensemble, et je suggère que nous fassions attention à cela aujourd’hui. Les opposants politiques se sont transformés en ennemis les uns contre les autres, et je suggère que nous fassions attention à cela aujourd’hui. Notre crime, notre péché sont les trois coups de feu nous ont réveillés et nous ferions mieux de rester éveillés. L’héritage du meurtre de Rabin devrait être sous nos yeux encore aujourd’hui, lorsque la haine est véhiculée dans l’espace et renforcée sur les réseaux sociaux. »
Le Premier ministre Bennet a déclaré dans son discours : « Quiconque a vécu la nuit du 4 novembre n’oubliera jamais ce moment. Le soir même où le Premier Ministre et Ministre de la Défense Yitzhak Rabin a été assassiné, à ce moment je servais comme commandant dans l’unité Magellan et j’étais ce samedi-là en permission en à Haïfa, pour voir un film au cinéma du Carmel Center.
« Nous sommes sortis, mon ami et moi, de l’obscurité du théâtre à une autre obscurité avec beaucoup plus de confusion. Autour de nous les gens disaient ‘Ils ont tiré sur Rabin’, alors nous nous sommes précipités à la maison de mes parents à Haïfa. En chemin, nous avons appris que Rabin était mort. Un choc qu’on ne peut décrire. Yitzhak Rabin, commandant de la brigade Harel, de la guerre d’indépendance, chef d’état-major de la grande victoire lors de la guerre des Six Jours, Premier ministre d’Israël, a été assassiné par un Juif. Cette nuit-là a été difficile parce qu’on n’y croyait pas vraiment. Nous ne croyions pas qu’une telle chose pouvait nous arriver dans l’État d’Israël. Un assassin juif attendait avec une arme chargée et tira trois balles mortelles dans le dos du Premier ministre israélien.