Derrière les chiffres: comprendre le soutien américain à Israël
Chaïm Lax
Le 27 février, dans une apparente réplique à l’avertissement du président américain Joe Biden concernant le déclin du soutien à la guerre d’Israël contre le Hamas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a cité un sondage CAPS-Harris récemment publié par Harvard, qui indiquait que 82 % des Américains soutiennent Israël.
Ce n’était pas le premier sondage Harvard CAPS-Harris qui faisait la une des journaux en Israël.
WOW:
New Harvard Harris Poll:
– 82% of US citizens express support for Israel, while 18% express support for Hxmas.
– 67% of US citizens indicate they would support a ceasefire only after Hxmas is removed and all hostages are released.
– 63% of respondents support Israel’s… pic.twitter.com/
m948ZSG6dZ — Open Source Intel (@Osint613) February 27, 2024
Depuis le début de la guerre, le soutien américain à Israël contre le Hamas est resté stable, autour des trois quarts de la population. En octobre, le soutien à Israël s’élevait à 79 %, en novembre, décembre et janvier, il oscillait autour de 77 %, tandis qu’en février il grimpait à 80 %.
Étonnamment, parmi les jeunes Américains (18-24 ans), traditionnellement considérés comme la tranche de population la moins favorable à Israël, le soutien à Israël par rapport au Hamas a considérablement augmenté depuis octobre. Initialement, à la suite de l’attaque du 7 octobre, le soutien à Israël s’élevait à 52 %. En février 2024, il atteignait 72 %, proche de la moyenne nationale.
Ce n’est pas seulement dans le cadre du Hamas qu’Israël bénéficie d’un soutien américain considérable.
En octobre, des sondeurs ont demandé si la « terre d’Israël » [sic] était historiquement la patrie du peuple juif ou du peuple palestinien. Environ les trois quarts des personnes interrogées estiment que c’est historiquement la patrie du peuple juif, dont 56 % des jeunes Américains.
De même, en décembre 2023, on a demandé aux Américains si « Israël a le droit d’exister en tant que patrie du peuple juif ». La grande majorité a répondu par l’affirmative, dont 69 % de jeunes américains.
Comme il s’agit du même sondage dans lequel 51 % des jeunes américains ont déclaré préférer qu’Israël disparaisse et soit donné au Hamas et aux Palestiniens, il est clair que certains répondants ont des opinions sur Israël qui sont contradictoires.
Dans le cadre de ce soutien à Israël contre le Hamas, une majorité des Américains interrogés ont également exprimé leur soutien aux objectifs de guerre d’Israël (le retour des otages et la destruction du Hamas). Ce soutien ne semble pas avoir été trop affecté par la représentation négative de la conduite de guerre d’Israël dans les médias ou en ligne.
Entre octobre et décembre (le dernier mois où cette question a été posée), environ 60 % des Américains ont soutenu qu’Israël continue de combattre à Gaza jusqu’à ce que les otages soient rendus et que la capacité de combat du Hamas soit réduite.
De même, au cours de la même période, environ 80 % des Américains ont déclaré qu’Israël avait le droit de se défendre en lançant des frappes ciblées dans des zones palestiniennes densément peuplées, moyennant des avertissements appropriés.
Étonnamment, le nombre de jeunes Américains partageant ce sentiment a augmenté de près de 20 % au cours de ces trois mois, malgré le bilan des civils palestiniens causé par l’utilisation de boucliers humains par le Hamas.
Malgré les grandes foules appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, qui bénéficierait en fin de compte au Hamas et affaiblirait la position d’Israël, il semble que ces manifestations bruyantes ne soient pas représentatives de la position américaine globale.
Entre décembre et février, le soutien à un cessez-le-feu inconditionnel a diminué parmi les Américains, avec environ deux tiers d’entre eux favorables à un cessez-le-feu seulement après que le Hamas ait été chassé du pouvoir et que les otages aient été libérés.
Parmi les jeunes Américains interrogés en février, 53 % sont favorables à une reddition inconditionnelle, contre 67 % en décembre.
Parallèlement à cette opposition à une reddition inconditionnelle, une majorité d’Américains interrogés en février (dont 57 % de jeunes Américains) ont exprimé leur soutien à la poursuite par Israël de ses opérations anti-Hamas dans le sud de Gaza, malgré l’effet que cela pourrait avoir sur la population civile palestinienne abritant Israël dans ce domaine.
Comme preuve supplémentaire de la manière dont le discours des médias peut ne pas affecter la perception des Américains sur la guerre menée par Israël contre le Hamas, le nombre de personnes interrogées qui pensaient qu’Israël commet un génocide à Gaza a chuté entre décembre et janvier, malgré l’accent mis sur le dossier de l’Afrique du Sud contre Israël au cours des dernières années. Cour internationale de Justice à cette époque.
Même si le soutien américain à Israël est resté fort, ces sondages indiquent également que, à mesure que les pertes à Gaza augmentent (principalement en raison de l’exploitation des infrastructures civiles par le Hamas), Israël est davantage tenu pour responsable des pertes civiles et de la situation humanitaire à Gaza. Néanmoins, la majorité des Américains accusent toujours, à juste titre, le Hamas d’être responsable des conséquences malheureuses de la guerre.
We keep finding out just how entrenched Hamas terrorist are & how they abuse civilians & civilian infrastructure. Here a 10km-long Hamas terror tunnel that passed under a hospital & a university. Hamas used it to move terrorists between brigades. pic.twitter.com/
lrjYKGI40q — Tammy Ben-Haim (@tammybenhaim) February 27, 2024
En résumé, malgré l’attention portée à la guerre d’Israël contre le Hamas et la représentation négative que les médias donnent de la conduite d’Israël à Gaza, ces sondages indiquent que le soutien américain à Israël et à ses objectifs de guerre est resté fort au cours des cinq derniers mois d’hostilités.