Zoth ‘Hanoucca : chasser la peur et renforcer la émounaDès que plane la menace d’une guerre de grande ampleur, ou la propagation d’une pandémie, comme à notre époque par exemple, les nations du monde sont saisies de peur, craignant que la situation risque de conduire à la destruction du monde. C’est surtout le cas à notre époque de prolifération des nouvelles technologies, où les peurs sont exacerbées par les divers média qui détournent l’homme d’une réflexion sur les valeurs spirituelles et diffusent une atmosphère de rejet du judaïsme et de la Providence spirituelle au point que leur Émouna s’affaiblit. Ils finissent par croire à la toute-puissance de l’homme et à ses capacités de contrôle sur le monde, d’où ce sentiment de peur qui s’empare d’eux, estimant que quelque chose a échappé à leur contrôle. Dans cette conjoncture, il convient de méditer sur une parabole de nos Sages sur la découverte de la foi chez Avraham Avinou. Voici comment s’exprime le Midrach (Beréchith Rabba 39,1) : « Un homme voyageait d’un endroit à un autre et aperçut un palais en flammes. Il s’étonna : ce palais n’est-il surveillé par aucun gardien ? Un homme apparut et lui répondit : « Je suis le gardien. » En effet, Avraham Avinou observait le monde autour de lui et vit beaucoup de destruction. Il se demanda : « Ce monde a-t-il un gardien ? » Hachem lui apparut alors et lui dit : « Je suis le gardien de l’univers. » » Cette parabole peut soulever une difficulté : si les propos du gardien sont sincères, pourquoi n’éteint-il pas l’incendie et reste-t-il passif en observant les passants, au moment où un incendie ravage son palais ? En réalité, il voulait exprimer cette idée : je suis le propriétaire des lieux et surveille tout ce qui se déroule dans le palais. Cet incendie est inoffensif, au contraire, je l’ai allumé pour brûler une zone du palais qu’il faut rénover, et je surveille que l’incendie ne se propage pas dans d’autres parties du palais. De même pour Avraham Avinou, lorsqu’il aperçut les actions des hommes de la génération de la tour de Bavel qui s’entretuaient suite à une guerre tribale, il aurait pu penser que le Maître du monde ne surveille pas Son monde. Mais Hachem se dévoila à lui et lui expliqua que tous les malheurs proviennent du Créateur, dans une mesure propre à la rectification du monde. Tout Juif qui étudie la Tora atteint ce niveau de émouna : par le biais de l’étude, il s’attache à Hachem et atteint un niveau de confiance authentique, qui lui ôte toute peur. Il place sa confiance dans le Créateur et le dirigeant de toutes les créatures. Tous les événements vécus par l’homme sont orchestrés par D’ de manière favorable à chacun. Rien de préjudiciable ne peut l’atteindre si ce n’est par volonté de D’, et l’homme doit juste faire l’effort de ne pas se mettre en danger. De fait, les grands Talmidé ‘Hakhamim n’éprouvent aucune peur, comme l’indique l’ouvrage sacré, ‘Hovoth Halevavoth (portique 10, chap.6) : un ‘Hassid découvrit un jour un homme craignant D’ qui dormait dans un désert, et lui demanda : « N’as-tu pas peur des lions, pour dormir dans un tel endroit ?» Et l’homme de répondre : « Je serais embarrassé devant Hachem si je redoutais autre chose que Lui. » Un homme intelligent sait que même s’il est éprouvé par un malheur, il ne devra pas sombrer dans la tristesse, car le malheur lui est envoyé par son Père compatissant. On raconte que l’auteur du Divré ‘Haïm de Sanz, au retour de l’enterrement de son fils Arié Leibish, emporté à l’âge de sept ans, déclara : « Un homme marche innocemment, et soudain, sent un coup intense dans son dos. Lorsqu’il se retourne pour découvrir qui l’a frappé, il constate qu’il s’agit de son ami, qui lui a donné un coup en signe d’amitié et d’affection. Nul doute que si, au départ, il aurait été plausible de se mettre en colère contre le coup, désormais, il l’acceptera avec amour. Moi aussi, j’ai reçu aujourd’hui un coup terrible, mais lorsque j’ai compris de qui provenait ce coup, je me suis dit : il s’agit du Créateur que j’aime tant, et dans ce cas, il va de soi que je l’accepte avec amour et joie. » Nos Sages nous ont enseigné ce principe à toutes les époques : même en temps de malheur, lorsqu’on est tenu de renforcer nos prières et notre repentir et de rectifier nos actions, il faut vivre dans la sérénité, la joie et la confiance. On raconte que le rabbi de Rouzyne, lorsqu’une terrible épidémie se propagea dans son pays en l’an 5608, récita le jour de Hochana Rabba la prière de Hocha Na Néfech Mibéhala, avec une ferveur intense et particulière. Un Juif doit particulièrement se renforcer lorsqu’il affronte un événement surnaturel, ou lorsqu’il observe une Providence divine extraordinaire, et en tirer une leçon pour la vie : tous ces événements sont pour son bien, orchestrés par la Providence du Tout-Puissant, même si le bienfait qu’ils recèlent n’est pas perceptible pour nous. Avec cette idée à l’esprit, on ne se laissera abattre dans aucune situation. Dans notre paracha, Yossef hatsadik constata que la Providence orchestrait les choses de sorte qu’il parvienne en prison, puis à se hisser jusqu’au poste de vice-roi, et il décida de donner à ses fils des noms qui lui rappelleraient toujours cette réalité, comme il est dit (41,51) : «Yossef appela le premier-né Ménaché : « Car D’ m’a fait oublier toutes mes tribulations » » : pour se remémorer que la émouna en Hachem l’entraîna à faire abstraction de toutes ses difficultés. « Au second, il donna le nom d’Éphraïm : « Car D’ m’a fait fructifier (Hafréni) dans le pays de ma misère »» pour se souvenir qu’au final, il s’est élevé grâce à la Providence divine par le biais des souffrances. Dans cette optique, nous pouvons comprendre la fin du cantique Maoz Tsour sur le miracle de ‘Hanoucca : Bené Bina : il s’agit d’hommes qui savent procéder à des déductions, ayant appris à travers le miracle de ‘Hanoucca que tous les événements sont organisés par la Providence divine particulière selon un plan préétabli, « Yémé Chemona Kav’ou Chir Ourénanim » : dans toutes les situations, ces jours de célébration seront fixés pour exprimer nos remerciements et nos louanges sur le miracle, par le biais de chants joyeux, afin de retenir la leçon déduite du miracle de ‘Hanoucca et de vivre constamment dans la joie. |
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