«Et présentera pour offrande, à cause d’elle, un dixième d’épha de farine d’orge» (Bamidbar 5,15).
Rabbi Kleinberg de Saloshitz avait adopté chez lui un jeune orphelin, qu’il élevait comme son propre fils. Lorsqu’il arriva en âge de se marier, il commença à entendre des propositions de mariage pour lui. Les candidates étaient nombreuses, car c’était un jeune homme érudit, animé de crainte du Ciel et d’une lignée d’hommes saints. Mais ces propositions ne trouvèrent pas grâce aux yeux de rabbi Kleinberg, qui estima qu’elles n’étaient pas de son niveau.
Un jour, une veuve démunie vint consulter le rabbi, les larmes aux yeux : elle lui confia qu’elle avait une fille en âge de se marier et qu’elle ne trouvait aucun bon parti. Qui sait ce qui adviendrait d’elle ? Elle implora le rabbi d’adresser une prière à Hachem pour qu’elle trouve rapidement un bon conjoint. Le rabbi posa toutes sortes de questions sur la jeune fille. La mère se mit alors à énumérer toutes les qualités de sa fille au rabbi qui l’écouta attentivement.
À la fin, le rabbi lui demanda : « Avez-vous énuméré toutes ses qualités ou en a-t-elle encore ? » La veuve réfléchit quelques minutes et finit par répondre : « Je n’ai pas pensé à mentionner ceci, mais si le rabbi me le demande, je vais vous raconter une histoire. Cela fait longtemps que les jeunes filles de la ville se rassemblent le Chabbath après-midi, mais ma fille ne se joint pas à elles. J’ai tenté de l’encourager à retrouver ses amies, mais sans succès. Elle finit par m’avouer que leur rencontre avait lieu à l’heure de Min’ha, lorsque les rues sont pleines d’hommes qui se rendent à la synagogue pour la prière et elle estime qu’il n’est pas approprié de se promener dans la rue à cette heure. »
Lorsque le rav entendit ces propos, il se leva, ému, et déclara : « C’est la femme que Hachem m’a envoyée pour être l’épouse de mon fils. Il est dit (Trhilim 44,14) : « Toute resplendissante est la fille du roi dans son intérieur. » L’honneur d’une fille du roi, d’une jeune fille juive, se manifeste dans la pudeur, et c’est alors qu’elle mérite le titre de fille de roi. Et qui ne voudrait conclure de mariage avec une fille de roi… »
Cette histoire illustre la valeur des jeunes filles qui surmontent les épreuves de la rue et se conduisent avec pudeur, et sont au niveau des filles de roi.
Lorsqu’une femme porte des vêtements impudiques, ou lorsqu’elle se conduit dans la rue de sorte à attirer le regard et à trouver grâce aux yeux des autres, ceux-ci désirent se rapprocher d’elle, comme l’indiquent nos Sages (Soucca 26a) : la promiscuité invite le voleur. De plus, la fidélité et l’union entre un homme et son épouse sont mises en cause et c’est le facteur principal de la majorité des divorces. Au final, l’immoralité détruit la vie matérielle et spirituelle.
Autrefois, une grande partie des nations du monde respectaient dans une certaine mesure les règles de la pudeur. Les familles politiques, les leaders, les familles royales et les dignitaires étaient très vigilants à ce sujet. Ils exerçaient un certain contrôle de soi, réalisant que leurs décisions et conduites avaient un impact sur la perception de leur famille et de leur peuple. Ils représentaient une certaine classe et de ce fait, aspiraient à rester dignes. Il y a environ 50 ans, lorsque je vivais à Londres, un gros scandale éclata lorsqu’un membre de la famille royale commença à s’habiller de manière moins classique. Son changement de tenue provoqua un grand scandale.
Chaque Juif est un membre de la famille royale, chacun d’eux abritant une âme qui est littéralement une partie de Hachem. L’homme doit avoir pour but d’exercer une maîtrise de l’intellect sur le cœur ; de même, la nechama, son âme divine, doit dominer ses instincts bestiaux. À ce sujet, nos Sages (Chabbath 111a) décalrent : « Tous les Bené Israël sont des fils de roi. »
Le Yitat Lev (parachath Emor), au nom du rav Tsvi Hirsch de Ziditchov, explique la phrase de la prière du matin « Motar haadam min habehéma ayin’, que l’homme n’est pas différent de l’animal. Mais au sens littéral, cela peut vouloir signifier que la différence, la supériorité de l’homme sur l’animal est sa faculté à dire non.
C’est pourquoi l’homme fut créé debout, avec la tête sur le haut du corps. Un homme doit s’assurer que son intellect domine les désirs de son corps. L’animal, en revanche, marche à quatre pattes et la tête en bas.
Nous pouvons ainsi interpréter ce verset de notre paracha sur la Sota : « Si la femme de quelqu’un, déviant de ses devoirs » – si elle dévie des règles de la pudeur, cela peut conduire au final à ceci : « Elle lui devient infidèle ». De ce fait, il est écrit par la suite : « Et présentera pour offrande, à cause d’elle, un dixième d’épha de farine d’orge.» D’après Rachi, elle apporte une offrande d’orge et non de blé, du fait qu’elle a commis un acte bestial, et en conséquence, son offrande est un aliment animal.
De ce fait, toutes les jeunes filles et femmes juives doivent renforcer leurs efforts dans leur tenue et leur conduite, en se conduisant comme des princesses et filles de roi. Elles mériteront ainsi une bonne entente conjugale, le bonheur et des bienfaits dans ce monde et dans le Monde à venir.