Paracha Devarim – L’aspiration, facteur de Délivrance« L’Éternel me dit : « Vois, Je t’ai d’avance livré Si’hon et son pays ; commence la conquête en t’emparant de son pays » » (Devarim 2,31). Lors d’un voyage, le rabbi Na’houm de Tchernobyl arriva dans un village reculé où il fit connaissance du seul Juif des environs : un aubergiste ignare et simplet. Le rav loua chez lui une chambre pour la nuit. Mais voilà qu’au beau milieu de la nuit, la femme de l’aubergiste réveilla son mari, alarmée : « J’ai l’impression que l’homme que nous hébergeons fait un malaise ; tu entends ses soupirs ? » Pour en avoir le cœur net, le propriétaire ouvrit rapidement la porte et aperçut son hôte en train de murmurer des paroles inaudibles, assis à terre, une bougie à la main. De temps à autre, le sage interrompait sa litanie pour pousser un soupir à fendre l’âme. Interrompant son saint locataire, le tenancier lui demanda s’il avait besoin d’un médecin : il avait l’air de tellement souffrir. Le rav lui expliqua patiemment qu’il se sentait bien, mais était occupé à réciter le Tikoun ‘Hatsot. L’autre écoutait bouche bée, dépassé par toutes ces nouvelles connaissances. À l’écoute de cette réplique, le rabbi s’écria : « C’est exactement le sens du verset, dans la paracha de Vaéra (Chemot 6,6) : « Je veux vous soustraire aux tribulations de l’Égypte », c’est-à-dire que vous ne puissiez pas supporter l’exil. Car malheureusement, nous y sommes tellement embourbés que nous pensons qu’il ne peut rien y avoir de mieux ! » Chacun d’entre nous doit se remettre en question et se demander si quelque part, on ne se conforte pas dans l’exil à l’image de cet homme, sans vraiment attendre ni prier pour la Délivrance. Or ce comportement cause une grande souffrance à notre Père céleste. Le ‘Hatham Sofer illustrait ce paradoxe par une image : un roi, furieux contre son fils rebelle, l’exila dans une lointaine contrée sauvage, certain que rapidement, son fils le supplierait de le ramener près de lui. Les indigènes eurent tôt fait de remplacer les atours luxueux du prince de vêtements grossiers, et de le faire travailler durement les terres arides. Le souverain, dans son palais, attendait de recevoir une lettre de son fils, l’implorant de lui pardonner ses écarts et de le ramener au palais. Mais en vain. N’y tenant plus, il finit par envoyer un homme de confiance voir ce que devenait le prince. Or ce dernier se contenta de charger l’émissaire de demander à son père de lui envoyer une couche de paille pour y dormir la nuit. En entendant cette demande, le roi éclata en sanglots amers : dans quel état devait être son fils pour avoir complètement oublié le palais paternel et ne pas même demander à y retourner ! Le parallèle est malheureusement évident. D’un autre côté, quand nous prouvons à notre Père céleste notre désir de revenir vers Lui, Il en éprouve beaucoup de satisfaction, et cela rapproche la Gueoula, comme il est écrit : « Le guetteur répond : « Le matin vient (…). Si vous voulez des nouvelles, interrogez ; refaites le même chemin, venez » » (Yechayahou 21,12) Autrement dit, il suffit de bien prier pour que la lumière de la Délivrance surgisse. C’est là d’ailleurs parfois la cause sous-jacente de malheurs qui frappent notre peuple tranquillement installé dans le confort de l’exil. Du Ciel, on veut que nous nous réveillions et nous mettions à prier pour être délivrés. Mais le Satan s’efforce de nous le faire oublier. Il faut donc s’efforcer de bien se concentrer sur le sens des mots de toutes les prières exprimant une profonde aspiration à la Gueoula, et entonner les airs saints composés à ce sujet – par exemple celui de mon saint ancêtre rabbi Its’hak Eizik de Kalov. On peut sans doute y lire une allusion dans les paroles d’Hachem au peuple juif : Vois, je t’ai d’avance livré Si’hon – Je vous donne la force de la prière, évoquée à travers le nom Si’hon, à rapprocher de Sia’h, synonyme de prière. Et son pays – allusion à Erets Israël, que vous pouvez acquérir par celle-ci. Commence la conquête en t’emparant de son pays – le terme Rach du verset est l’acronyme de Rina et Chira, qui évoquent des chants, comme une invitation à fredonner des Nigounim et des prières exprimant cette aspiration millénaire, dans l’espoir de mériter d’hériter notre Terre, avec toutes ses influences bénéfiques, tant spirituellement que matériellement, par la venue du Machia’h, bientôt et de nos jours, Amen ! Chabbath Chalom |