Le rabbi de Kalov sur par. Lekh Lekha : pratiquer ouvertement les mitsvoth

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Paracha Lekh Lekha

Pratiquer ouvertement les Mitsvoth

« C’est en ce même jour que fut circoncis Avraham » (Beréchit 17,26).

L’illustre rabbi ‘Akiva était, au départ, un ignorant en Tora, qui exerçait la fonction de simple berger. Or, à l’âge de quarante ans, Ra’hel, la vertueuse fille du riche Kalba Saboua, le rencontra et remarqua sa modestie et ses bons traits de caractère. Elle lui déclara qu’elle voulait l’épouser à condition qu’il aille étudier la Tora, ce qu’il accepta, et ils se marièrent.

Le Midrach (Midrach Hagadol Chemoth 4,13) nous enseigne à ce sujet un récit extraordinaire sur les débuts de rabbi ‘Akiva dans l’étude de la Tora : rabbi ‘Akiva voulut tenir sa promesse, mais concrètement, il serait très humiliant pour lui de prendre place sur les bancs de l’école au côté de jeunes enfants. Les enfants, tout comme les parents, riraient de voir un homme de quarante ans qui ne connaît même pas l’alphabet hébraïque.

Ra’hel comprit le sentiment de son mari et eut une idée fabuleuse. Elle l’envoya acheter un âne, dont les vertèbres du dos étaient abîmées, et où des cavités s’étaient formées par les lanières placées de part et d’autre de sa colonne vertébrale, en raison des lourdes charges qu’il avait portées sur son dos pendant de longues années.

Ra’hel inséra de la terre dans les cavités du dos de l’animal, y planta un légume et l’arrosa. Quelques jours plus tard, une plante commença à pousser sur le dos de l’animal. On aurait dit que ce végétal sortait véritablement du dos de l’âne.

Une fois la plante arrivée à la hauteur désirée, Ra’hel demanda à rabbi ‘Akiva de conduire les trois jours suivants l’âne au marché, et de l’arpenter de long en large pour que la foule puisse le voir, afin d’observer leur réaction devant ce prodige.

Le premier jour, rabbi ‘Akiva conduisit l’âne au marché, marcha à ses côtés à l’aller et au retour, et toutes les personnes présentes au marché rirent de cet animal à l’aspect étrange. Le lendemain, tout le monde rit à nouveau de la scène, mais légèrement moins que le premier jour. Le troisième jour, on ne rit plus, s’étant habitués à l’aspect de l’animal. Rabbi ‘Akiva les entendit dire : « Il y a de nombreuses espèces d’ânes, et telle est la nature de celui-ci. » Il s’était en quelque sorte fondu dans le paysage.

À travers cet exemple, Ra’hel enseigna à rabbi A’kiva un principe fondamental. Il comprit que toute chose étrange suscite le rire et les moqueries jusqu’à ce qu’on s’y habitue. Il en conclut que même si au départ, on le verrait apprendre l’alphabet avec les tout jeunes enfants, on se moquerait de lui, mais au bout de quelque temps, tout le monde s’y habituerait et plus personne ne rirait. Cela finirait par devenir naturel.

Rabbi (Akiva se renforça ainsi et décida de ne pas attendre pour commencer à étudier la Tora. Il surmonta sa honte et partit pour étudier la Tora au vu et au su de tous, jusqu’à ce qu’il devienne le célèbre Tana rabbi ‘Akiva qui diffusa les enseignements de Tora parmi le peuple d’Israël.

Si rabbi ‘Akiva avait décidé d’étudier uniquement en secret, il aurait eu des difficultés, et n’aurait peut-être pas trouvé un enseignant qui étudie avec lui en secret. Mais son épouse lui signala avec finesse que même s’il redoutait les moqueries, elles seraient temporaires. Elle lui avait prodigué un bon conseil pour dépasser son sentiment de honte, et ainsi, il eut plus de facilité d’accéder au niveau où il accéda. De nombreuses années plus tard, rabbi ‘Akiva rendit hommage à son épouse Ra’hel devant ses élèves : « Mes réalisations et les vôtres, nous les lui devons. »

Dans cette optique, nous comprenons le passage sur la Mitsva de la Brit Mila dans notre paracha. Lorsqu’on prescrit à Avraham de se circoncire, de nombreuses personnes lui prodiguèrent des conseils : même s’il voulait pratique les commandements divins, il ne devait pas le faire en public et devait dissimuler sa circoncision, compte tenu de son caractère étrange qui susciterait les moqueries des autres, provoquerait leur éloignement et l’empêcherait de commercer.

Mais en réalité, il est écrit dans la Tora : «C’est en ce même jour que fut circoncis Avraham. » Que signifient les termes : « C’est en ce même jour » ? En plein jour : au milieu de la journée, lorsque le soleil brille au-dessus de nos têtes, comme l’indique Rachi sur la paracha de Noah (Beréchith 7,13). Avraham Avinou accomplit la première Mitsva du Klal Israël spécifiquement en pleine journée, en présence de nombreux passants, afin d’indiquer que les moqueurs ne sont pas à craindre. On vit chez Avraham Avinou que la pratique de la Mitsva de la Brit Mila en public ne lui causa aucun tort, au contraire, sa fortune et son honneur s’accrurent, car on n’est jamais perdant lorsqu’on pratique les Mitsvoth du Créateur.

Le texte poursuit : « Et tous les gens de sa maison, nés chez lui ou achetés à prix d’argent à l’étranger, furent circoncis en même temps. » Comme Avraham Avinou s’était circoncis en public en plein jour, tous les membres de sa maisonnée se circoncirent également et ne craignirent pas les réactions de leur environnement.

C’est un enseignement intemporel pour le peuple juif : lorsqu’un Juif veut commencer à accomplir une certaine Mitsva, il ne devra pas craindre de se cacher, de peur d’être l’objet de moqueries, mais au contraire, il vaut la peine de l’accomplir immédiatement, au vu et au su de tous, afin de dépasser le sentiment de honte. Même si au départ, on est l’objet de moqueries, au final, on s’y habitue et cela ne porte pas atteinte aux relations amicales ou commerciales, bien au contraire, par le mérite de la Mitsva, on mérite de trouver grâce aux yeux de D’ et des hommes.

Chabbath Chalom !

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