Paracha Chemoth : accepter la mission confiée par D’«L’Éternel lui répondit : « Qui a donné une bouche à l’homme ? Qui le fait muet ou sourd, clairvoyant ou aveugle, si ce n’est Moi, l’Éternel ?» (Chemoth 4,11) Il arrive parfois que des Juifs fassent le tri parmi les Mitsvoth, décidant de faire l’impasse sur certaines Mitsvoth tant elles leur paraissent insurmontables, ou ils estiment ne pas pouvoir perdre du temps de travail pour s’y consacrer. Une réponse sans appel à un tel argument est de donner l’exemple de la relation de l’homme au médecin : s’il était malade et que le médecin lui prescrivait des mesures draconiennes pour échapper à un danger de mort, il ferait tous les efforts nécessaires en se conformant exactement aux instructions du médecin. Il serait également d’accord de subir une intervention difficile, de rester quelques mois en soins intensifs, et de modifier toute sa routine, persuadé que sa vie en dépend. Même dans le cas où le médecin le met en garde de s’abstenir de prendre un remède qui risque de lui être fatal, même s’il a très bon goût et qu’il lui procure un grand plaisir au moment où il le consomme, il s’éloignera au maximum de tout produit qui pourrait contenir cette substance dangereuse. Or les instructions du médecin reposent sur le savoir de la médecine, qui est discutable. En effet, les chercheurs en médecine de chaque époque, présentent des conclusions opposées à celles de leurs prédécesseurs. De plus, il est fréquent que le traitement pour soulager une partie du corps est nuisible à une autre partie de celui-ci. Nous en déduisons qu’il convient de se conformer aux instructions du Saint béni soit-Il, qualifié de «Guérisseur de toute chair », et selon Ses propres termes : « Je suis Hachem votre médecin. » Il crée toutes les créatures, dirige l’homme et le monde. Il connaît la perfection à laquelle l’homme peut accéder, ainsi que le bien réel et éternel pour l’homme dans ce monde-ci et dans le Monde à venir. Il nous a donné la sainte Tora, un Livre d’instructions qui guide l’homme vers une vie heureuse, comme il est dit : « Car elle est notre vie et détermine la durée de nos jours. » Doté de cette conscience, le Juif s’interdit de consommer un aliment prohibé selon la Tora, même lorsqu’il a du mal à se procurer un substitut, et même s’il s’agit d’un aliment attirant, car il sait que cela lui causera du tort. D’ nous a enseigné ce principe dans la section sur la sortie d’Égypte. Lorsque Hachem envoya Moché Rabbénou demander à Pharaon de libérer les enfants d’Israël asservis en Égypte, Moché Rabbénou était l’homme le moins qualifié pour cette mission : il était seul, résidait en terre étrangère, et était le gendre de Yitro qui était détesté de tous les habitants du pays. Il devint berger dans le désert, s’occupant des animaux dans un lieu isolé et inhabité, limitant ses conversations au minimum. De plus, il n’avait aucune notion sur la manière de s’entretenir avec un roi. Et pour couronner le tout, il avait la bouche pesante et la langue embarrassée. Or on lui demandait de s’adresser à un roi ultra-puissant, à la tête du plus grand empire du monde, pour lui demander de libérer des millions d’esclaves qui travaillaient pour le pays, chose qui, dans les annales du monde, n’avait été pratiquée par aucun pays ni société, allait à l’encontre de toute logique, et aurait provoqué une catastrophe. Même si le roi donnait son accord pour les libérer, il s’en abstiendrait, compte tenu de l’opposition de son entourage. Par exemple, lors de l’abolition de l’esclavage aux États-Unis, certains esclaves continuèrent le même travail, à la différence près qu’ils touchaient désormais un salaire, et cela engendra malgré tout une grande révolution et le président qui les avait libérés fut exécuté. De surcroît, Moché Rabbénou avait fui l’Égypte : Pharaon voulait le mettre à mort pour avoir tué un Égyptien qui avait frappé un Juif. S’il se rendait à présent dans un lieu de grand danger pour lui, chez Pharaon qui l’avait condamné à mort, il n’avait aucune chance de réussir sa mission. Il était certainement le moins qualifié pour une telle démarche auprès de Pharaon. Or c’est précisément pour cette raison que Hachem, loué soit-Il, choisit Moché Rabbénou, pour montrer qu’aucun homme ne peut renoncer à accomplir les Mitsvoth divines, en prétendant n’y être pas formé. En effet, D’ ne Se montre pas sévère avec Ses créatures, ne leur confie pas une mission qu’ils sont incapables de mener à bien. Il accorde la force à chacun de pratiquer les commandements. L’homme doit faire l’effort d’exploiter les forces enfouies en lui, sachant qu’il bénéficiera d’une aide divine si ses motifs sont purs. De ce fait, lorsque Moché Rabbénou répondit à D’ qu’il ne voulait pas se rendre chez Pharaon, en invoquant sa méconnaissance du métier d’orateur, et du fait de sa bouche pesante et de sa langue embarrassée, D’ lui répondit : « Qui a donné une bouche à l’homme ? Qui le fait muet ou sourd, clairvoyant ou aveugle, si ce n’est Moi, l’Éternel ?» J’ai créé tous tes organes, Je connais tes forces et si Je t’assigne une mission, c’est le signe que tu en es capable. Moché Rabbénou se rendit chez Pharaon, armé de confiance en Hachem et par ce mérite, les enfants d’Israël sortirent d’Égypte. Ils prirent conscience que même l’homme qui paraît le moins talentueux, a la faculté de réaliser des exploits lorsqu’il se plie à la volonté du Créateur. C’est pourquoi ils firent précéder l’action à l’entendement et acceptèrent la Tora et les Mitsvoth. Chabbath Chalom ! |