« Or, Yossef était le gouverneur de la contrée ; c’était lui qui faisait distribuer le blé à tout le peuple du pays » (Mikets 42,6).
Avec le développement récent des outils technologiques qui portent atteinte aux règles de la pudeur, certains individus se donnent l’autorisation de les utiliser sans filtre (dont le but est d’éviter de voir des images interdites). De même, ils sont souples sur les interdits de Yi’houd (l’interdiction d’un homme de s’isoler avec une femme) et de Neguiya (contact interdit hommes-femmes) et d’autres mesures visant à protéger la sainteté, invoquant l’idée que le commerce fonctionne de cette manière et que c’est le seul moyen de gagner sa vie.
Lorsqu’on entend de tels arguments, chacun doit réfléchir et renforcer sa émouna, car il a été fixé du Ciel ce que chacun gagnera dans l’année, et il nous suffit de nous acquitter de notre part d’efforts en vue de gagner notre vie. Et il va de soi qu’il est défendu d’enfreindre des interdits dans le cadre de ces efforts.
Lorsque le mauvais penchant tente l’homme en lui glissant qu’il peut gagner largement sa vie uniquement en enfreignant ces mesures de protection, il doit savoir qu’il ne pourra pas gagner de cette façon davantage que la somme fixée dans le Ciel, qu’il lui est possible de gagner honorablement. Au contraire, il risque d’être sanctionné par la réduction de la somme fixée au départ pour lui.
Ce principe est cité dans la Guemara (Kidouchin 82b) : chaque faute entraîne une baisse des revenus de l’homme, et de ce fait, il ne gagne pas facilement sa vie comme les animaux. La faute des relations interdites est celle qui précipite le plus l’homme dans la pauvreté, comme l’indique le roi Chelomo (Michlé 6,26) : « Car pour une courtisane, on peut être réduit à une miche de pain » ; nos Sages affirment (Sota 4b) qu’un homme nouant des relations interdites finira par quémander du pain.
Dans le Zohar, il est dit (Tikouné Zohar 30b) : celui qui enfreint les limites de la pudeur est poursuivi par la pauvreté. Même s’il était destiné à s’enrichir, il perdra son argent. Ceci inclut également la pauvreté du jugement : en effet, l’impureté entraîne une dégradation des fonctions cérébrales et élimine la faculté de concentration, et en conséquence, on ne réussit pas dans les affaires.
On relate à ce sujet une anecdote sur mon ancêtre, rabbi David de Dinov : un jour, un homme se plaignit à lui qu’il était difficile de gagner sa vie dans la situation actuelle. Le rabbi donna une réponse brève et allusive : « La difficulté dans la parnassa est une question d’ineptie. » L’homme demanda au fils de rabbi, rav Tsvi Élimélekh de Blazova, de lui expliquer les propos obscurs de son père. Pourquoi avait-il dit que la parnassa était une question d’ineptie ? Réponse du jeune rav : nos Sages (dans Sota 3a), affirment que l’homme ne commet de faute que si un vent de folie s’empare de lui. On sait que la faute réduit la parnassa de l’homme, et il se trouve que la difficulté dans le gagne-pain advient en raison d’une folie.
La poursuite des relations interdites est une folie particulièrement grande : on est prêt à y investir toutes nos pensées, nos forces, notre temps et notre argent afin d’essayer d’obtenir des moments fugitifs de plaisir factice, sans tenir compte des importants méfaits éternels en termes de matérialité et de spiritualité.
Mais malgré tout, le Satan concentre ses efforts sur ce désir plus que sur tous les autres. De ce fait, nous trouvons dans la Tora et chez nos Sages diverses mesures de protection, destinées à nous protéger de cette faute. En dépit des tentations du mauvais penchant, chacun a la faculté d’imposer la domination de son cerveau sur son cœur. Le mauvais penchant s’évertue également à faire croire à l’homme que le respect de ces mesures de pudeur est un obstacle à la réussite matérielle.
Le Ba’al Chem Tov affirme que le roi David a dit à ce sujet (Tehilim 34,10) : « Révérez l’Éternel, vous ses saints » : ceux qui se conduisent avec sainteté craindront toujours D’, « car rien ne fait défaut à ses adorateurs » : ils ne seront privés de rien dans leur subsistance du fait qu’ils craignent D’. En voici une preuve : « Les lionceaux (Kefirim) sont dépourvus et affamés » : certains renégats (Kofrim) sont dépourvus et affamés, « mais ceux qui recherchent l’Éternel ne manquent d’aucun bien » : les fidèles de D’ ont une parnassa abondante. Donc même si l’on constate qu’une partie des fidèles de D’ ont des difficultés dans la subsistance, on n’en déduira pas que la pratique des Mitsvoth constitue un frein à la parnassa. En effet, il a été fixé pour chacun une somme en fonction de calculs divins.
Nous en avons la preuve également de nos jours : certains Juifs respectant ces règles, qui s’abstiennent d’utiliser ces outils technologiques interdits, sont extrêmement aisés et dirigent des entreprises florissantes. Preuve s’il en est que le respect des Mitsvoth ne constitue pas un frein à la réussite.
Nous voyons ce principe en œuvre chez Yossef : lorsque Yossef, à 17 ans, se trouvait en Égypte, le lieu le plus imprégné d’impureté, l’épouse de son maître, Potiphar, lui proposa de fauter avec elle, ou du moins, de transgresser l’interdit de Yi’houd en s’isolant avec elle dans une chambre, acte pour lequel il serait récompensé par mille pièces d’or, une fortune pour l’époque, l’équivalent de plusieurs millions de dollars. Mais il maitrisa ses pulsions et s’enfuit au plus vite. Grâce à ce mérite, il bénéficia d’une grande richesse, et lors des années de famine en Égypte, tout le monde vint lui demander du pain.
Ainsi, dans notre paracha : « Or, Yossef était le gouverneur de la contrée » : Yossef maitrisa ses désirs terrestres, « c’était lui qui faisait distribuer le blé à tout le peuple du pays » : il est le même Yossef aisé qui subvint aux besoins de tout le monde. C’est un enseignement pour tout le peuple juif : le respect des règles de bienséance constitue uniquement un bienfait pour nous.
Chabbath Chalom !
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