Paracha Michpatim – Priorité à l’éducation
« Ton abondance et ta liqueur, ne diffère pas à les offrir ; le premier-né de tes fils, fais M’en hommage » (Chemoth 22,29).
En l’an 1950, lorsque le rabbi de Satmar et auteur du Divré Yoël fonda sa communauté à New York après la Shoah, une réunion eut lieu chez lui concernant l’achat de bâtiments pour les établissements scolaires, et les avis des ‘Hassidim étaient partagés sur la préséance à accorder à la construction d’un Beth Midrach ou d’un Talmud Tora.
Le rabbi de Satmar s’exprima en ces termes : « Il y a de longues années, de nombreux Juifs animés de crainte du Ciel se sont installés ici en provenance de divers pays, des hommes érudits en Tora et pointilleux sur le respect des Mitsvoth. Observez ce qui est advenu de leurs enfants : presque tous se sont fondus dans la société et se sont assimilés. L’effroi nous saisit lorsque nous voyons le sort de ces Juifs, et nous sommes terrifiés, que D’ préserve, de perdre nos enfants comme eux. Il nous incombe donc de trouver un moyen de surmonter toutes les difficultés inhérentes à ce pays.
« J’ai mené une enquête pour découvrir la raison pour laquelle le judaïsme n’a pas tenu ces années-là, et le facteur principal était le manque de structures éducatives dans la plus pure tradition du judaïsme. Au moment de la création de leurs communautés, ils ont investi d’importants fonds pour la construction de belles synagogues luxueuses et de beaux cimetières, mais n’ont pas jugé bon de construire des établissements pour leurs enfants, point fondamental pour maintenir la pérennité de notre peuple. Nous devons donc rectifier ce point, et construire dès le départ des écoles pour garçons et pour filles, dans la trace de nos ancêtres, afin de perpétuer nos traditions juives. »
La réalité prouve à quel point les propos du rabbi de Satmar étaient justes, lorsqu’on observe le grand changement dans le judaïsme américain après la Shoah. J’ai consulté un jour une liste de toutes les synagogues répertoriées en 1924, uniquement dans le quartier d’East Side à New York, et ce nombre s’élevait à 526 ! Mais au fil des ans, ces synagogues se sont peu à peu vidées (notre photo : des Juifs en Amérique durant la Shoah). C’est uniquement après l’arrivée en Amérique de grands Tsadikim qui firent l’effort de construire des établissements éducatifs, et pas uniquement des synagogues, que la situation du judaïsme américain prit un tournant favorable au point qu’aujourd’hui, nous avons le privilège de voir en Amérique des centaines de milliers de Juifs emplissant des milliers de synagogues par leur étude de la Tora et leurs prières.
Avraham Avinou, qui offrait nourriture et boisson, et prodiguait du bien au monde entier, tint bon lors de l’épreuve du sacrifice de Yits’hak et les autres épreuves, et malgré tout, ne mérita pas que le Saint béni soit-Il lui déclare Son amour ; mais D’ le récompensa de sa préoccupation pour l’éducation de ses descendants, comme il est dit (Beréchith 18,19) : « Si Je l’ai distingué, c’est pour qu’il prescrive à ses fils et à sa maison après lui d’observer la voie de l’Éternel, en pratiquant la vertu et la justice ; afin que l’Éternel accomplisse sur Abraham ce qu’Il a déclaré à son égard. »
Celui qui suit la voie d’Avraham Avinou est gagnant également dans le monde à venir, comme il est dit dans le Midrach (Beréchit Rabba, 49,8) : toute personne qui a un fils qui s’investit dans la Tora n’est pas mort, comme il est dit : « Afin que l’Éternel accomplisse sur Abraham ce qu’Il a déclaré à son égard ». Le Saint béni soit-Il apportera à Avraham Avinou de grands plaisirs dans le monde à venir, par le mérite des bonnes actions de ses descendants qui sont portées à son crédit pour le bien de son âme.
On raconte une histoire sur l’un des plus grands bienfaiteurs de Hongrie, qui nous renseigne sur la grande responsabilité des parents dans ce domaine. Cet homme était un grand directeur de banque, dont le foyer était parfaitement orthodoxe et qui donnait la majorité de ses revenus à la Tsedaka. Mais lorsque son fils grandit, il l’envoya étudier dans un lycée laïc. Son rav le réprimanda à ce sujet, en lui prescrivant de l’inscrire dans une Yechiva où il pourrait s’élever dans le service du Créateur, et non dans un endroit où il vivrait une baisse de son niveau spirituel. Mais le père s’entêta, prétendant qu’il réussirait mieux dans la vie, et pourrait donner de la Tsedaka comme lui.
Un jour, peu de temps après les débuts de son fils au lycée, le père se rendit subitement dans l’établissement et en sortit son fils pour le faire entrer dans une excellente Yechiva. Lorsqu’on l’interrogea sur ce brusque changement d’avis, le père raconta que du Ciel, on avait probablement eu pitié de lui en raison de ses bonnes actions, et il avait fait un rêve la nuit précédente qui avait entraîné ce revirement.
Il vit dans son rêve que son âme avait quitté son corps et s’était retrouvée devant le tribunal céleste. De bons anges étaient venus, chacun d’eux portant sur son dos un sac blanc rempli de Mitsvot et de bonnes actions, de respect du Chabbath, de la cacherouth, etc. Un groupe très imposant de bons anges apportèrent de nombreux sacs de Mitsvot de Tsedaka et de ‘Hessed réalisées tout au long de sa vie, et la balance penchait du bon côté, compte tenu de ses nombreuses Mitsvot. Mais par la suite, de nombreux anges mauvais apparurent, apportant de très nombreux sacs noirs, les fautes de son fils engendrées par le fait de l’avoir envoyé dans une école de non-Juifs, et lorsqu’on les plaça sur la balance, celle-ci pencha du mauvais côté. Puis il se réveilla. De ce fait, il tenait à rectifier aussitôt la situation.
Certains Juifs font erreur sur ce point-ci, en contribuant généreusement à diverses causes, mais lorsqu’on leur demande de l’argent pour les Yechivot, à titre de frais de scolarité ou de bourse de soutien, par exemple, alors ils se contentent du minimum. Mais en vérité, il faut donner la préséance à cette cause plutôt qu’aux autres, comme l’indiquent les décisionnaires.
Nous en avons une indication d’après le verset : « Ton abondance et ta liqueur, ne diffère pas à les offrir » : ne diffère pas les dons aux Tsedakoth, mais « le premier-né » : la première cause qui a priorité sur toutes les autres est celle « de tes fils, fais M’en hommage » : rapproche tes fils de leur Père céleste, en donnant de l’argent aux établissements éducatifs pour les diriger dans la voie de la Tora.
Chabbath Chalom !