« Aime ton prochain comme toi-même. Je suis Hachem votre D’. »
J’ai entendu un jour l’Admour de Klausenbourg rapporter une histoire à propos de son ancêtre, l’auteur du Divré ‘Haïm de Sanz qui avait béni rabbi Yechaya de Krestir pour qu’il parvienne à attirer de bons influx par le mérite de sa Mitsva de Tsedaka et d’accueil des invités.
Un jour, lorsque le rabbi de Krestir rendit visite au rabbi de Sanz, celui-ci demanda au rav de Krestir un prêt dont il avait besoin pour sa Tsedaka. Il lui donna la somme de trois cents couronnes qui étaient cousues dans son vêtement, conservées en cas d’urgence. Par la suite, le rabbi de Sanz lui demanda s’il pouvait lui donner davantage, mais le rav de Krestir lui répondit qu’il n’avait plus rien.
Le rabbi de Sanz lui fit alors remarquer : « Le roi David dit dans le Livre des Tehilim (146,3) : « Un homme qui n’a pas de salut » que l’on peut interpréter de cette façon : « Un homme qui n’a pas » il n’a aucun argent, car il a tout donné à la Tsedaka, qui renferme le pouvoir du « salut » : il peut ainsi produire des délivrances. »
À partir de là, le rabbi de Krestir constata une grande berakha dans l’argent, au-delà de la nature. Il avait toujours suffisamment d’argent et de nourriture pour tous les projets qu’on lui présentait, et de même, il mérita que ses prières et Berakhoth s’accomplissement, même de manière surnaturelle. Il se fit connaître comme un homme qui réalise des prodiges de son vivant et même après sa mort.
On connaît ce texte de nos Sages (Sanhédrin 90a) : la conduite de Hachem est Mida Kénégued Mida (mesure pour mesure), et il est écrit dans les livres saints (Kedouchat Lévi) que le Ba’al Chem Tov expliquait ainsi ce verset (Tehilim 121,5) : « ‘Hachem est ton ombre » : tout comme l’ombre imite chacun de tes mouvements, de la même manière, le Saint béni soit-Il, pour ainsi dire, se conduit avec l’homme en fonction de la conduite de celui-ci ».
De ce fait, celui qui donne son argent aux autres sans en être contraint par la Halakha : il a par exemple donné bien plus que le Ma’asser auquel il est tenu, et n’a pas gardé beaucoup d’argent pour sa propre Parnassa dans la largesse, une attitude qui va à l’encontre de la nature humaine, ainsi, mesure pour mesure, Hachem l’exauce même au-delà de la nature.
À ce sujet, j’ai entendu rabbi Aharon Polak relater que la rabbanith du rav et auteur du Kedouchat Yom Tov de Siget, se rendit un jour auprès de rabbi Yissakhar Dov de Belz après le décès de son mari. Elle lui proposa que son fils, auteur du Divré Yoël de Satmar, soit également Admour dans la localité de Siget, à l’instar de son grand frère, l’auteur du ‘Atsé ‘Haïm. Elle pensait que c’était sa seule façon d’obtenir sa Parnassa. Le rabbi de Belz lui répondit qu’il s’arrangerait pour qu’il devienne Admour dans la ville de Satmar. Il en avait parlé au gaon rabbi Youda Grinwald, qui était Av Beth Din de Satmar, et ce dernier s’engagea à lui trouver une source de subsistance.
Le rabbi de Satmar s’installa donc dans la ville de Satmar, et rabbi Youda Grinwald lui donnait chaque semaine deux pièces d’or. Mais le rabbi de Satmar donnait l’une de ces pièces d’or à la Tsedaka et de ce fait, la pièce d’or qui lui restait était insuffisante pour sa subsistance. Lorsque le rav Grinwald en fut informé, il se mit à lui envoyer chaque semaine trois pièces d’or, afin qu’il lui en reste deux pour sa Parnasa. Ensuite, on apprit que le rabbi de Satmar commençait à donner deux pièces d’or à la Tsedaka, et ne gardait pour lui que l’une des pièces d’or, alors qu’elle lui suffisait tout juste à vire dans l’étroitesse.
Or, au fil des ans, le rabbi de Satmar devint réputé pour ses dons importants à la Tsedaka : il eut le mérite de donner des sommes colossales à la Tsedaka, et œuvra pour produire de grandes délivrances en faveur du peuple juif. C’est également le cas d’autres grands maîtres et Tsadikim qui s’efforçaient de donner la Tsedaka au-delà de la nature, et méritèrent ainsi de bénéficier d’une aide divine au-delà de la nature.
Nos Sages évoquent également l’idée du choix de ceux qui bénéficient de notre générosité. L’homme, par nature, a tendance à vouloir contribuer à des causes très importantes, mais lorsqu’un homme brise sa nature et donne à quelqu’un qui tend la main, même s’il n’est pas aussi important, il mérite que Hachem déverse sa bénédiction sur lui, même lorsqu’il n’est pas si méritant.
À ce sujet, on raconte une anecdote au sujet de rabbi Zoucha d’Anipoli : à l’époque où il n’était pas encore connu, il était l’enseignant de jeunes garçons d’un homme qui travaillait dans un village, et qui prenait en charge tous ses besoins avec largesse. Pendant toute cette période, le villageois réussissait dans ses affaires de manière surnaturelle.
Un jour, le villageois décida qu’il était préférable d’envoyer l’argent de soutien au Maguid de Mézéritch, le rav de Rabbi Zoucha, qui est certainement un Tsadik supérieur à son élève. Or, très peu de temps plus tard, il se mit à perdre beaucoup d’argent.
Lorsqu’il interrogea rabbi Zoucha sur ses pertes, ce dernier lui répondit : « Lorsque tu me donnais l’argent, lorsque je ne méritais pas de le recevoir, on tint le raisonnement suivant dans le Ciel : lorsque tu donnes de l’argent à quelqu’un qui n’en est pas digne, tu mériteras, mesure pour mesure, d’une grande abondance, même si tu n’en es pas digne. Mais comme tu as commencé à vérifier et à donner uniquement à quelqu’un qui est digne de recevoir ton argent, on a commencé à se renseigner sur toi pour voir si tu méritais des bénédictions, et lorsqu’on a découvert que tu n’avais pas le niveau requis, ces bénédictions cessèrent de se déverser sur toi. »
Nous pouvons dans cet esprit interpréter notre verset : « Tu aimeras ton prochain » : du fait que tu aimes les autres et leur envoies des bénédictions, « comme toi-même, Je suis Hachem » : Je me conduirai comme toi, en te prodiguant Mon amour et Mes bénédictions.
Chabbath Chalom !