Nous vivons une époque jalonnée d’épreuves, qui ressemble à l’épreuve vécue à l’époque des ‘Hachmonaïm, alors que de nombreuses nations du monde œuvrent de pair avec des Juifs laïcs pour tempérer, voire éliminer la foi chez les Juifs craignant D’, à l’instar des Grecs agissant main dans la main avec les Hellénistes de leur époque.
Compte tenu de ces circonstances, impossible de rester les bras croisés, nous sommes en période de guerre, comme l’avait déjà relevé mon vertueux ancêtre, rabbi Its’hak Eizik de Kamarna : la guerre de Gog et de Magog avant la venue du Machia’h sera une lutte d’ordre spirituel, il faudra se battre pour échapper à l’hérésie qui sera prédominante dans le monde.
Le vent d’hérésie qui souffle à notre époque ressemble à une terrible épidémie qui se répand d’un homme à l’autre. En période d’épidémie, la majorité des gens prennent des médicaments pour s’en prémunir. L’antidote contre la maladie de l’hérésie consiste à étudier chaque jour des propos de Moussar (éthique juive) et de ‘Hassidouth, et à raconter des histoires de Tsadikim qui renforcent la émouna et la crainte du Ciel.
Ainsi, lorsque nous voyons des ennemis de la religion prétendre qu’il faut ajouter des matières dans le cursus de nos enfants, afin de l’adapter à l’esprit de l’époque, l’opposition des directeurs à une telle initiative qui risque d’affaiblir la émouna et la crainte du Ciel, ne suffit pas. Il convient en revanche de vérifier la nécessité d’introduire des matières susceptibles de renforcer la foi et la crainte divine, afin de protéger les enfants du vent d’hérésie qui souffle dans la rue.
Malheureusement, nous avons constaté, au fil des ans, que dans de nombreuses Yechivoth, aucun moment n’est fixé pour l’étude des ouvrages de Moussar. Or même des élèves de Yechiva qui se sont élevés dans l’étude de la Tora au sein de ces institutions risquent de chuter sur le plan spirituel peu de temps après leur sortie de la Yechiva. Le fait de n’avoir pas effectué un travail sur la émouna peut les conduire à négliger des Mitsvoth entre l’homme et D’, et contribuer à accentuer l’orgueil et d’autres défauts destructeurs.
Dans les années précédant la Première Guerre mondiale, certains grands maîtres en Lituanie n’ont pas perçu la nécessité de fixer, dans leurs Yechivoth, des cours de Moussar chaque jour. Ils estimaient que le pouvoir purificateur de l’étude de Tora était suffisant. Mais l’illustre ‘Hafets ‘Haïm, dans son ouvrage Beth Israël, publié en 1927, insiste sur la nécessité d’insérer l’étude du Moussar, devenue impérative. En effet, en son absence, la pérennité de la Tora et de la crainte du Ciel n’était plus garantie.
Ce principe fondamental est commenté par nos Sages (Chabbath 31a) sous forme de parabole : lorsqu’on dépose du blé dans un silo, on doit y mêler du sel qui le conserve et évite qu’il ne pourrisse ; de la même façon, il faut mêler à l’étude de la Tora la crainte du Ciel, et c’est uniquement de cette façon que l’homme pourra se conduire selon la Tora au fil des années.
C’est dans cette optique que rabbénou Israël, le Ba’al Chem Tov, commente ce verset (Tehilim 36,4) : « Les paroles de sa bouche ne sont que fausseté et perfidie, il renonce à être sage, à bien agir » : les principales paroles mensongères adressées par le mauvais penchant à l’homme consistent à l’empêcher d’étudier des sujets qui lui apporteront un bénéfice, comme des ouvrages d’éthique juive qui ancrent sa crainte du Ciel. Et s’il a réussi sa mission visant à l’empêcher d’étudier de tels sujets, l’étude d’autres matières ne le dérange pas spécialement. En effet, l’étude de la Tora, dénuée de crainte du Ciel, n’a pas d’avenir.
Il est impératif, en étudiant la Tora, d’avoir à l’esprit de s’attacher à D’, et non d’étudier la Tora pour approfondir ses connaissances, au même titre qu’un autre sujet d’étude. Dans le cas contraire, des jours entiers peuvent s’écouler sans penser à D’. Un tel homme peut alors parvenir au contraire du but véritable de la Mitsva d’étude de la Tora.
À ce sujet, on raconte qu’un élève surdoué qui étudiait dans une Yechiva où le Moussar n’était pas au programme, raconta un matin, tout ému, à son Machguia’h (directeur spirituel), qu’il avait rêvé la nuit que D’ en personne lui parlait. Le Machguia’h ne s’enthousiasma pas particulièrement et lui expliqua que certainement, au cours de la journée, il avait beaucoup pensé à D’, et de ce fait, il en avait rêvé pendant la nuit ; en effet, nos rêves sont souvent le produit de nos pensées de la journée. Et le jeune homme répondit : « Le Machguia’h peut me croire : je n’ai pas du tout pensé à D’ hier, j’étais uniquement préoccupé par mon étude de la Tora, dont je ne me détache pas un seul instant, et en conséquence, je n’ai pas le temps de penser à D’… »
Ainsi, dans ce passage concernant Yossef Hatsadik, il est dit (Beréchith 37,3) : « Or Israël préférait Yossef à ses autres enfants parce qu’il était le fils de sa vieillesse. » Onkelos traduit : « C’est un fils intelligent. » Rachi explique que tout ce qu’il avait appris auprès de Chem et d’Ever, il le lui avait transmis. Il vient souligner que Ya’akov Avinou avait appris avec lui « tout » ce qu’il savait, même ces enseignements qui conduisent à la crainte du Ciel, qui lui valent le titre de « fils intelligent », comme il est dit (Tehilim 111,10) : « Le principe de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel. »
De ce fait, D’ fit en sorte que Yossef descende en Égypte, afin qu’il devienne le guide du peuple d’Israël venu ensuite en Égypte. Si on étudie les principes du Moussar et de crainte du Ciel comme Yossef, même lorsqu’on se trouve parmi des hérétiques, dont leur souverain déclara (Chemoth 5,2) : « Je ne connais point l’Éternel », on peut tenir bon, à l’instar de Yossef, qui déclara (Beréchit 42,18) : « Je crains le Seigneur.»
Lors de la fête de ‘Hanoucca, nous remercions Hachem par la bénédiction de ‘Al Hanissim, du fait de la victoire sur les Grecs qui voulurent « leur faire oublier Ta Tora » et il n’est pas écrit simplement « leur faire oublier la Tora.» En effet, les Grecs avaient accepté qu’ils étudient la Tora comme une science, dans le même esprit que les autres matières, et ils cherchaient surtout à supprimer l’étude de la crainte du Ciel et à faire oublier aux Bené Israël qu’il s’agit de « Ta Tora », c’est-à-dire la Tora de D’, car de cette manière, ils parviendraient à l’étape suivante, mentionnée dans la suite du texte : « et lui faire transgresser les décrets de Ta volonté. »
À notre époque, c’est une grande Mitsva d’instaurer, dans toutes les institutions de Tora, des sessions régulières d’étude de Moussar et des principes fondamentaux de la émouna, qui développent la crainte du Ciel et les vertus. Parents et enseignants multiplieront les propos de émouna et les récits de Tsadikim, et nous pourrons ainsi élever une génération digne d’accueillir le Machia’h, rapidement et de nos jours, amen.
‘Hanouca Saméa’h et Chabbath Chalom !