Paracha Vayé’hi : le bienfait des cours de Moussar« Pressez-vous pour écouter, enfants de Ya’akov, pour écouter Israël votre père » (Beréchith 49,2). On interrogea un jour le ‘Hafets ‘Haïm sur la raison pour laquelle il prônait l’étude de livres de Moussar (éthique juive) au quotidien. En effet, lorsque l’homme étudie chaque jour la Guemara, il étudie du Moussar et de la sagesse contenus dans les récits talmudiques. Le ‘Hafets ‘Haïm répondit : « En Pologne, les hôtels sont situés aux abords des routes, à une grande distance les uns des autres, tandis qu’en Sibérie, les Russes ont construit des hôtels situés à côté les uns des autres. En effet, en Pologne, le climat est plus agréable qu’en Sibérie, et le visiteur entre dans l’hôtel pour se réchauffer uniquement après avoir parcouru une grande distance pendant un bon moment. En revanche, en Sibérie, le froid est glaçant pendant presque toute l’année, les routes sont givrées et enneigées, et de ce fait, le visiteur en Sibérie est contraint de se réchauffer rapidement, d’où cette proximité des hôtels les uns avec les autres. « Le même principe s’applique à l’étude du Moussar. Dans le passé, lorsque les cœurs brûlaient d’Émouna, il était possible d’étudier le Moussar tout en étudiant la Guemara, où l’on étudie de temps en temps des propos de Moussar dans les pages des Aggadoth, mais ces récits sont parfois espacés. Or, à notre époque où des vents glacés refroidissent notre cœur, il nous incombe d’étudier des livres de Moussar chaque jour, pour s’échauffer à l’étude du Moussar et dissiper la froidure du cœur. » Si le ‘Hafets ‘Haïm s’est exprimé de cette façon à son époque, c’est à plus forte raison valable pour notre époque, conformément aux signes mentionnés par nos Sages à la fin du traité de Sota sur la génération précédant la venue du Machia’h : des vents d’hérésie et de relâchement des mœurs soufflent dans les rues avec une intensité extrême. L’étude du Moussar incombe à tout Juif, mais elle s’applique encore plus à ceux, qui, dans le cadre de leur travail, sont contraints de fréquenter tout au long de la journée des non-Juifs ou des Juifs non respectueux de la Tora, dont la conduite et le discours laissent à désirer. Le fait de les écouter peut souiller leurs auditeurs et introduire en eux des idées étrangères. Il est donc impératif que ces Juifs écoutent un cours de Moussar au jour le jour, qui contribuera à purifier leur esprit, afin d’éviter que de l’impureté s’y accumule. Le ‘Hatam Sofer était contraint de temps en temps de s’entretenir avec un homme hérétique. Il expliqua à son fils, le Ktav Sofer, que chaque fois que cet homme quittait sa maison après s’être entretenu avec lui, il prenait un livre de Moussar pour étudier, du fait que l’haleine pure émanant de son étude de Moussar dissipait l’haleine impure de cet homme. L’haleine des fauteurs est très nuisible. Nous voyons dans le Midrach (Yalkout Chim’oni Tehilim) qu’en Erets Israël, on avait placé à chaque kilomètre une pancarte indiquant le chemin à suivre pour la ville de refuge la plus proche. Le ‘Hafets ‘Haïm explique que ces efforts visaient à éviter que le meurtrier ne demande son chemin à des passants. L’haleine d’un meurtrier, même par inadvertance, est si polluée et dangereuse qu’une conversation avec lui a un effet néfaste. D’où cette signalisation très claire pour qu’il sache comment se rendre à la ville de refuge sans devoir interroger un Juif en chemin. Avant la Shoah, un journal orthodoxe, Das Yudishe Tageblatt, avait été créé en Pologne. Le Rabbi de Gour, l’auteur du Imré Emet, faisait partie des fondateurs du journal. Un jour, un Admour rencontra le Rabbi de Gour et l’interrogea sur l’intérêt d’un journal orthodoxe. Et le Imré Emet répondit : « J’en ai besoin pour nos enfants, lorsqu’ils veulent s’informer des nouvelles du monde, et plutôt qu’ils trouvent ces informations dans un journal laïc, je m’assure de mettre à leur disposition un journal orthodoxe. » L’Admour reprit: « Pourquoi ont-ils besoin de lire le journal, ils peuvent être informés par quelqu’un qui lit un journal laïc ? » Et l’Imré Emet de rétorquer : «Celui qui regarde un tel journal a une haleine impure. » De ce fait, à notre époque où l’esprit d’impureté est omniprésent dans le monde, il faut intensifier l’étude des livres sacrés de Moussar et de ‘Hassidouth, qui inculquent à l’homme les fondements de la Émouna et du judaïsme, propices à l’acquisition de la pureté et de la crainte du Ciel. Cette idée se retrouve dans les propos de Yaakov Avinou adressés à ses fils avant de les bénir et de leur prodiguer des conseils avant sa mort. Ceux qui, dans le cadre de leur profession, sont contraints de fréquenter des non-Juifs, sont désignés comme les « enfants de Ya’akov » : il se nomme Ya’akov du fait qu’il avait saisi avec sa main le talon (Ekev) de son frère Essav. Il s’agit d’une image des enfants d’Israël en exil, qui pour leur Parnassa, seront contraints de tenir le pied d’Essav, c’est-à-dire qu’ils sont dépendants de leurs finances, désignées par les pieds, comme l’indiquent nos Sages (traité Pessa’him 119a) sur le verset (Devarim 11,6) : « Et tout l’univers qui était dans leurs pieds » : il s’agit de l’argent de l’homme qui le fait tenir (koum : « debout ») sur ses pieds. Ainsi, dans le verset : «Ya’akov fit venir ses fils et il dit : « Rassemblez-vous, je veux vous révéler ce qui vous arrivera à la fin des temps » » : Ya’akov Avinou informe ses fils qu’il va leur révéler une manière d’agir pour se maintenir à l’époque précédant la venue du Machia’h et la fin de l’exil. « Pressez-vous pour écouter, enfants de Ya’akov » : il s’agit des fils de Ya’akov qui travaillent avec les non-Juifs pendant la journée, qu’ils se réunissent chaque jour dans les maisons d’étude pour écouter des propos de Kedoucha, « pour écouter Israël votre père » : écoutez des cours de Moussar et de ‘Hassidouth qui s’inscrivent dans la tradition de nos ancêtres, et ainsi, vous vous maintiendrez dans la pureté et sur la voie de la droiture et du bien. Chabbath Chalom ! |