Le rabbi de Kalov, par. Yayétsé : la valeur incommensurable de chaque mitsva

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Paracha Vayétsé : la valeur incommensurable de chaque Mitsva

« Yaakov lui avait répondu : « Prends tout ce que je possède car : “le pauvre est considéré comme mort” » (Rachi sur le verset dans Beréchith 29,11).

On raconte qu’un visiteur posa un jour une question à rabbi Chemouël Salant : « J’ai un fils qui vit à l’étranger, et m’a envoyé une belle somme d’argent destinée à m’aider, au vu de mes difficultés financières, mais je sais malheureusement que mon fils n’est pas pratiquant, et j’ai donc pensé renvoyer l’argent en lui expliquant que je ne peux accepter son argent tant qu’il ne respecte pas les Mitsvoth. »

Rabbi Chemouël répondit : «Rachi (Beréchith 29,11) explique au nom du Midrach : lorsque Ya’akov fuit son frère Essav (notre illustration) après qu’il reçut les Berakhoth de son père Yits’hak, Essav prescrivit à Elifaz de poursuivre Ya’akov pour le tuer. Lorsqu’Elifaz rejoignit Ya’akov, il fut embarrassé : en effet, il avait grandi auprès de Yits’hak Avinou et imprégné par sa vertu, il avait du mal à se transformer en assassin, mais d’un autre côté, il se sentait obligé d’agir en raison de l’obligation de Kiboud Av, de respect dû au père, sur lequel il était très scrupuleux.

Elifaz prit conseil auprès de Ya’akov. Celui-ci répondit qu’il lui prenne tout son argent, et dans ce sillage, il s’appauvrirait. En effet, une règle stipule que le pauvre est considéré comme mort, et c’est tout comme il avait obéi à l’ordre de son père de le tuer.

« La question se pose à propos du Midrach. Pourquoi Ya’akov n’a-t-il pas tenté d’expliquer à Elifaz que la Mitsva de respect dû aux parents n’avait pas la préséance sur le grave interdit de meurtre ? Lorsqu’un père prescrit à son fils de tuer un homme à l’encontre de la volonté du Créateur, la Mitsva de respect dû aux parents ne s’applique pas. Dans ce cas, il n’aurait pas été nécessaire que Ya’akov lui cède son argent.

« Lorsque Ya’akov saisit que la Mitsva de respect au père était très précieuse aux yeux d’Elifaz, il se dit en son for intérieur : il est préférable que je lui donne tout ce que je possède, et ne l’empêche pas de réaliser la seule Mitsva à laquelle il est attaché de tout son être. »

Rabbi Chemouël conclut dans son adresse au père : « Conduis-toi également dans la voie empruntée par Ya’akov Avinou. Ton fils est encore attaché à la Mitsva de respect aux parents, ne lui empêche pas de réaliser correctement cette grande Mitsva. »

Nous pouvons tirer une leçon supplémentaire du récit d’Elifaz d’après l’explication de rabbi Chemouël Salant : souvent, lorsque des Juifs décident de réaliser une Mitsva, le Yétser Hara’ intervient pour les en détourner, en insinuant qu’ils sont tellement éloignés de D’ en raison de leurs fautes, au point que D’ ne désire pas leur service divin, et la Mitsva qu’ils s’apprêtent à réaliser n’aura aucune valeur.

Mais en réalité, chaque Mitsva accomplie par un Juif a de la valeur dans toutes les situations, comme l’indique le Zohar dans la Paracha de Chemoth (11a) : tout comme le Nom de D’ est honoré dans le monde par le biais des actes des Tsadikim, Son Nom est honoré également par les actes des mécréants qui font de bonnes actions.

Rabbi Avraham Dov d’Averitsch, auteur du Bat Ayin, déclara un jour : « Un Juif qui ne croit pas que D’ est proche de lui et désire sa pratique, même après avoir commis de graves transgressions, est considéré comme un mécréant. »

À ce sujet, mon vénérable ancêtre, rabbi Tsvi Hirsch de Ziditchov, a commenté un passage du Chemona Essré : Ki Ata choméa’ tefilath kol pé (Car Tu entends la prière de chaque bouche). Le terme de Pé peut également être entendu comme Fé, une expression de dégoût. Il s’agit ici d’une allusion au fait que D’ entend même les prières de ceux qui paraissent repoussants en raison de leurs nombreuses fautes.

Un jour, un vieil homme ignorant se rendit auprès de rabbi Avraham de Kalich, se plaignant qu’il ne trouvait plus de goût à la vie du fait de son grand âge : « Je ne sais pas pourquoi le Saint béni soit-Il me maintient encore en vie, je ne respecte pas les Mitsvot et n’étudie pas la Tora, quelle satisfaction D’ a-t-Il de moi pour me garder en vie ? » Le rav le réprimanda et lui répondit : « Il vaut la peine de vivre quatre-vingts ans pour mettre une fois les Tefilinnes, même de la manière dont tu les mets, sans aucune intention particulière. »

De même, l’auteur du Béer Mayim ‘Hayim, dans la Paracha de Choftim, dit : « Toute Mitsva – même réalisée par le Juif le plus simple et le plus éloigné de D’ – contribue à maintenir des milliers de mondes. »

Dans l’ouvrage Sifté Tsadik (Iniyané ‘Hanouka, 3), l’auteur du ‘Hidouché Harim relate qu’un jour, un groupe de ‘Hassidim se rendirent chez le ‘Hozé de Lublin, en lui demandant une bénédiction. En effet, un informateur du gouvernement leur causait des ennuis, entravant leur pratique du judaïsme. Mais à leur grande surprise, le ‘Hozé leur répondit : « Mais cet homme éclaire tous les mondes ! » À ce moment-là, en effet, cet homme allumait les bougies de ‘Hanouka.

Le ‘Hidouché Harim fit remarquer qu’un homme au grand cœur fond en entendant une telle histoire. La Mitsva de chaque Juif a une valeur si grande, au point que même si un homme vil tel qu’un dénonciateur, accomplit une Mitsva, elle éclaire tous les mondes.

Nous pouvons déduire cette leçon du récit d’Elifaz, d’après l’interprétation de rabbi Chemouël Salant citée ci-dessus. Bien qu’Elifaz fût un mécréant, fils d’Essav le mécréant, et poursuivit Ya’akov pour le tuer, malgré tout, sa Mitsva de respect au père était si importante, au point qu’il valut la peine pour Ya’akov Avinou de lui céder toute sa fortune afin qu’il puisse la réaliser.

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