« Je suis l’Éternel, ton D’, Qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte » (Devarim 5,6).
Lors de l’événement du don de la Tora, Hachem déclara : «Je suis l’Éternel, ton D’, Qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison d’esclavage » puis Il nous prescrit une Mitsva positive : « Observe le jour du Chabbath pour le sanctifier.»
Une explication s’impose : pourquoi le Saint béni soit-Il mentionne-t-Il d’abord qu’Il nous a fait sortir d’Égypte, de la maison d’esclavage, avant de nous prescrire l’observance du Chabbath ? Il vaut la peine d’examiner également la relation entre ces deux Mitsvoth, celle de la Émouna et celle du Chabbath, fixées dans les Dix Commandements sur la première des deux Tables de la loi.
À cet effet, examinons la dernière rencontre de Moché Rabbénou, mandé par Hachem, chez Pharaon. Tentons d’imaginer que nous observons cette rencontre déterminante mentionnée dans le Livre de Chemoth (chap.10), un tournant dans le récit des événements de la sortie d’Égypte. Après avoir subi neuf plaies sévères, Pharaon convoque Moché et lui donne l’autorisation de quitter l’Égypte : « Partez, servez l’Éternel ! » mais il ajoute une condition : « Seulement, que votre menu et votre gros bétail demeurent. »
En toute logique, comme dans toute négociation, Moché Rabbénou était obligé de renoncer à quelque chose, mais devait néanmoins se réjouir d’avoir obtenu sa revendication principale. De ce fait, on s’attendait à ce qu’il remercie Pharaon. Mais en réalité, à l’encontre de toutes les règles de la politique, Moché répond à Pharaon : « Toi-même, tu nous donneras des victimes et des holocaustes. »
Ces propos déclenchent la colère du roi, qui s’emporte contre Moché : « Sors de devant moi ! Garde-toi de reparaître à ma vue ». Il ne se contente pas d’une mise en garde, lui interdisant d’apparaître devant lui, il mentionne ensuite la sanction à laquelle il s’expose immédiatement : « Car, le jour où tu verras mon visage, tu mourras ! »
En toute logique, Moché Rabbénou aurait dû être brisé, car il perdait ainsi son seul espoir de quitter l’Égypte. En effet, Pharaon avait décrété de le tuer sur le champ s’il osait se présenter devant lui, pratique courante des temps anciens où le souverain condamnait à mort son esclave sans aucun jugement. Or, à cette époque, Moché Rabbénou était esclave.
Nous voyons dans le ‘Houmach que Moché Rabbénou s’exprime fermement devant le roi Pharaon et les ministres, au nom de l’Éternel : « Tous ces courtisans qui t’entourent descendront jusqu’à moi et se prosterneront à mes pieds en disant : « Pars, toi et tout le peuple qui t’obéit ! » Et alors je partirai. » Ensuite, le verset dit : « Et il sortit, tout courroucé, de devant Pharaon. » Moché Rabbénou ne quitta pas les lieux triste et brisé, à l’image d’un serviteur dont le maître n’a pas accepté ses implorations et dont les chances de libération sont perdues, au contraire, il quitte les lieux la tête haute et montre un visage courroucé au roi et à ses serviteurs, à l’image d’un ministre dont on n’a pas suivi les instructions.
Après toute cette histoire, en dépit de la conduite de Moché qui paraissait très étonnante à toute personne sensée, sa prédiction se réalisa, à l’encontre de toute logique. Le roi changea d’avis du tout au tout, et consentit, malgré lui, à entraîner un immense déficit à tout le pays, du fait de l’exode de millions d’esclaves, avec leurs biens, partant, à leur départ, avec une immense richesse.
Tout ce récit vient nous enseigner que l’on n’est jamais perdant lorsqu’on obéit à Hachem, même si c’est à l’encontre de toute logique.
La Mitsva qui est souvent négligée, due à une illusion qu’elle entraîne des pertes financières, est celle du Chabbath.
Remémorons-nous les propos du Zohar : même si le Chabbath va à l’encontre de la logique, du fait qu’il pourrait entraîner des pertes de l’absence de commence et d’autres profits ce jour-là, en réalité, toutes les Berakhot, les bons influx, les guérisons et les délivrances en dépendent. Si on paraît être perdant d’un côté, on sera doublement gagnant de l’autre.
Si on n’observe pas le Chabbath, même si on profite et on gagne de l’argent immédiatement, la sanction est la plus sévère, car ceux qui le transgressent sont voués à la mort. Même à notre époque, en l’absence de Sanhédrin, on observe des cas qui s’apparentent à la mort, dans le sens par exemple où un pauvre est comparé à un mort, ou un couple sans enfants, etc. Nos Sages ont indiqué que même en l’absence du Sanhédrin, la règle des quatre formes de morts n’a pas été abolie : une personne condamnée à la lapidation peut tomber par exemple d’un toit, ou se faire attaquer par une bête sauvage.
C’est le sens des propos de Hachem : « Je suis l’Éternel, ton D’, Qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte » à l’encontre de la volonté de Pharaon, « de la maison d’esclavage. » Hachem dit : Mon serviteur Moché, qui obéit à Mon ordre et répondit avec insolence à Pharaon, aurait pu être condamné à mort. Malgré tout, les propos de Moché, dits en Mon nom, se réalisèrent et vous quittâtes l’Égypte avec de grandes richesses, à l’encontre de toute logique. Vous avez alors constaté que Je suis le Maître du monde, qui prodigue du bien et des richesses à tous.
Et Hachem poursuit par la suite : après vous être pliés à Mon règne : « Souviens-toi du jour du Chabbath pour le sanctifier », il témoigne de Mon règne, car Je suis le dirigeant et le maître de tout et le Chabbath est le socle de Ma maîtrise sur la création. Ne vous imaginez pas que vous serez perdants, bien au contraire, plus vous serez pointilleux de respecter et d’honorer le Chabbath, plus vous mériterez une belle vie et de belles Berakhoth, comme vous l’avez observé los de la sortie d’Égypte.
Puisse Hachem nous aider à respecter le Chabbath et à accepter toutes les Mitsvoth de la Tora avec amour, et par ce mérite, Hachem, loué soit-Il, couvrira de bénédictions le peuple d’Israël, et comme à l’époque de la sortie d’Égypte, nous assisterons à des prodiges.
Chabbath Chalom !