«Ainsi parle ton fils Yossef : D’ m’a fait le maître de toute l’Égypte ; viens auprès de moi, ne tarde point !» (Beréchith 49,9).
On raconte qu’un grand rav voyagea un jour en avion avec un petit-fils à côté de lui, et non loin de là étaient assis un homme athée avec son petit-fils. Le petit-fils du rav s’occupait de son grand-père avec dévouement, tandis que le petit-fils du second Juif s’occupait de ses affaires.
Le passager interrogea le rav : « Comment expliquez-vous le fait que votre petit-fils s’occupe de vous avec abnégation, tandis que le mien m’ignore ?» Le rav répondit : « Chacun d’eux se conduit selon les enseignements qu’il a reçus. Mon petit-fils a appris que D’ a créé Adam Harichon, ancêtre de tous les hommes. Il en ressort que je suis plus proche que mon petit-fils d’Adam Harichon qui était l’œuvre de la Main de Hachem, et il est donc naturel qu’il me voue du respect et de l’admiration.
« En revanche, votre petit-fils a appris que l’homme descend du singe et au fil des années, il devient de plus en plus évolué, c’est pourquoi votre petit-fils a le sentiment d’être supérieur à vous, car il est plus éloigné du singe et plus évolué. » Cette différence entre croyants et athées se voit partout.
La relation des athées à leurs parents tient généralement au désir d’extraire de leur part de l’argent, pour se consacrer à leurs désirs, payer leurs études, etc., mais cela ne provient pas d’un respect pour les parents. Mais lorsqu’ils savent que les parents ne sont pas en mesure de payer, ou qu’ils sont devenus âgés et ont besoin d’aide, ils les négligent, il ne vaut plus la peine de profiter d’eux. Ce phénomène a poussé de nombreux Juifs à se rapprocher de la Tora.
Un grand rav œuvrant dans le domaine de la Techouva a raconté que lorsqu’il avait commencé à se rapprocher du judaïsme, il décida d’inscrire ses enfants dans des établissements toraniques. Lorsque ses enfants sont entrés au Talmud Tora, il entra un soir dans la cuisine et son fils se leva en son honneur. Il lui demanda : « Pourquoi tu te lèves ? » L’enfant répondit : « Car tu es mon père et je dois me lever en ton honneur. » Le père se mit à pleurer d’émotion.
Il prit conscience pour la première fois qu’il était père et que ce rôle était chargé d’un sens profond et qu’il lui était donné la possibilité de guider ses enfants dans le droit chemin. Il décida alors de transformer sa vie du tout au tout et d’embrasser une vie de Tora, « dont les voies sont pleines de délices.» Ajoutons aux propos du rav que la émouna nous conduit à honorer les anciens.
Le fait même de croire que le monde a été créé dans un but spirituel nous conduit à honorer ceux qui sont situés à un niveau spirituel plus élevé. Lorsque les hommes de notre époque observent ceux qui ont vécu dans les époques antérieures, ils ont l’habitude d’éprouver un sentiment de supériorité à leur égard, et peuvent même les mépriser.
Ils les prennent pour des individus primitifs : ils se déplaçaient à dos d’âne, portaient l’eau potable qu’ils cherchaient au loin sur leurs épaules et le soir, ils se servaient de bougies.
Nous sommes en revanche arrivés jusqu’à la lune et tous les outils technologiques sont à notre disposition. Ces sentiments assombrissent la lumière de la Tora et des traditions qui s’appuient sur les époques antérieures à nous.
En revanche, le Juif croyant médite sur l’essence de l’homme et son rôle dans le monde, son aspect spirituel et non matériel. Il considère l’âme de l’homme comme essentielle, tandis que le corps n’est qu’une simple enveloppe extérieure. Dans cette perspective, un homme évolué est celui dont les actes et le mode de vie suscitent l’admiration. Or, nous vivons dans une génération où les gens sont de plus en plus nombreux à corrompre leur morale, à être avides de désirs grossiers et obscènes, à s’éloigner des valeurs et à mépriser la foi en D’.
En revanche, la génération des anciens se situe à un niveau spirituel et moral plus élevé et ils sont donc dignes de notre estime et de notre admiration. Tout ceci s’ajoute bien entendu au principe essentiel qui nous incite à déployer de grands efforts dans le domaine du respect aux parents, dans toutes les situations.
Il s’agit en effet d’une Mitsva du Créateur, loué soit-Il, qui nous l’a prescrite parmi les Dix Commandements donné sur le mont Sinaï.
Il nous a promis que le respect de cette Mitsva « prolonge nos jours », que par ce mérite, nous vivrons une belle et longue vie. Nous découvrons pour la première fois une abnégation pour cette Mitsva chez Yossef Hatsadik : ses frères lui vouaient une haine terrible, au point qu’ils voulurent le mettre à mort. Or, même lorsque son père lui dit : « Viens donc, je veux t’envoyer auprès d’eux », il ne tenta pas de se dérober, mais il répondit aussitôt, avec joie : « Je suis prêt. » Il partit avec empressement pour accomplir la Mitsva d’honorer son père, avec abnégation, à l’encontre de la logique, sans faire aucun calcul à leur sujet.
Il savait en effet que la récompense du respect porté aux parents lui assure une longue vie. En effet, Yossef Hatsadik était doté d’une très grande émouna, comme l’indique le Midrach (Tan’houma) sur le verset (Beréchit 39,3) : « Car Hachem était avec lui » : le Nom de D’ ne quittait jamais sa bouche, il disait régulièrement : « Maître de l’univers, Tu es Celui en qui je place ma confiance, Tu es mon protecteur. » Nous trouvons plusieurs occurrences dans les Écritures où il avait l’habitude de clamer sa émouna en D’ : « Comment puis-je commettre un si grand méfait et offenser D’ ?» (39,9), « C’est D’ qui saura tranquilliser Pharaon » (41,16) et « Je crains D’.» (42,18).
Nous pouvons, dans cette optique, interpréter le propos de Yossef Hatsadik adressé à ses frères, mandés pour dire ceci à leur père Ya’akov : « D’ m’a fait le maître de toute l’Égypte» : la foi en D’ qui m’a conduit à accomplir la Mitsva de respect dû au père et d’aller vers mes frères a entraîné cet enchaînement d’événements qui m’a conduit à la royauté, et de ce fait : « Viens auprès de moi, ne tarde point ! » : sois sans crainte, ce ne sont pas mes affaires au royaume qui m’empêcheront de me libérer pour m’occuper de tous tes besoins, car j’ai l’usage d’appliquer la Mitsva de respect aux parents comme un Juif croyant, et j’ai moi-même constaté que l’on n’est jamais perdant en accomplissant une Mitsva, on est toujours gagnant
Chabbath Chalom !