« Ya’akov se remit en chemin et alla vers la terre des enfants de l’Orient » (Beréchith 29, 1-2).
À chaque époque où se dégrade la pratique de la Tora et des Mitsvoth données par Hachem au peuple juif, la voie des hellénistes et autres renégats consiste à expliquer que le respect des Mitsvoth est très ardu et rend la vie amère, et c’est la raison pour laquelle ils lui ont tourné le dos.
La source du problème réside dans leur ignorance de la finalité de la pratique de la Tora et des Mitsvoth, d’où cette difficulté qu’ils éprouvent.
Même un coupeur de bois qui coupe des arbres dans la forêt toute la journée, si on lui donnait, jour après jour, un petit bâton pour frapper au hasard dans l’air, sans aucun but, se fatiguerait rapidement, sachant qu’il est difficile d’agir sans but apparent.
Nos Sages affirment que les Égyptiens qui asservirent et opprimèrent les Bené Israël voulaient leur causer du tort, et de ce fait, après que les enfants d’Israël achevaient de construire un bâtiment, ils venaient tout détruire. Un individu qui a un travail extrêmement éprouvant, s’il obtient un résultat gratifiant, peut continuer, même si c’est dans l’intérêt d’autres personnes, car il a un sentiment de mission. Mais s’il sait que tout sera détruit, c’est beaucoup plus difficile.
Les ouvrages sacrés proposent une parabole à ce sujet : on prescrivit à deux employés du roi de transporter chacune une lourde caisse chez eux. Étonnamment, le premier employé souleva la caisse avec joie et empressement, tandis que le second homme soupira et se plaignit sur toute la route. On aurait dit que la charge du premier était bien plus légère que celle du second, mais en pesant les caisses, ils réalisèrent que les deux avaient exactement le même poids. Lorsqu’ils cherchèrent à découvrir la raison de cette différence d’attitude, ils comprirent que le premier employé savait qu’il transportait une caisse remplie d’argent, d’or et de pierres précieuses qui lui appartiendraient au terme de sa mission. En revanche, le second employé ignorait ce que contenait la caisse.
Le ‘Hafets ‘Haïm interprète le verset (Tehilim 119, 162) : « Je me réjouis de Tes promesses, comme quelqu’un qui a trouvé un riche butin » : si un homme trouve dans la rue une lourde caisse de diamants, même si selon les voies de la nature, il n’a pas la force de la soulever, il trouvera à ce moment en lui de grandes forces pour l’apporter chez lui ; de la même manière, un Juif doit se réjouir de la Tora, qui est aussi précieuse que des perles, et il trouvera alors la force pour se consacrer à l’étude de la Tora, même lorsque cela paraît au-dessus de ses forces.
Nous en trouvons une autre preuve dans les livres sacrés : si l’homme n’éprouvait aucun plaisir de la nourriture, il se fatiguerait de la mastication des aliments et de la difficulté à insérer les aliments en bouche, mais si cette difficulté à manger s’accompagne d’un plaisir, il ne ressent plus que le plaisir de manger.
Chaque Juif doit penser que la Tora contient 613 Mitsvoth, qui ressemblent à 613 boutons d’un appareil. Lorsqu’on appuie sur un bouton, un élément de l’appareil est actionné, de même lorsqu’un Juif accomplit une Mitsva, une partie de la Création se met en mouvement, et produit une impression dans les mondes supérieurs qui se nourrissent de la Mitsva, et induit en retour une action positive dans ce monde. Dans le monde futur, ce Juif obtiendra une récompense éternelle.
Sachons qu’être juif revient à porter une lourde charge de diamants ; même si nous constatons que le poids est trop lourd, et certains pourraient, en nous voyant porter cette charge, se moquer de nous ou avoir pitié de nous, au final, en arrivant à la maison, tous ces diamants nous appartiendront. Alors, tous ceux qui avaient rejeté cette lourde charge ne se moqueront plus de nous.
Or, souvent, lorsqu’un Juif est prêt à réaliser une Mitsva, le Yétser Hara’ intervient et lui fait croire qu’il est très éloigné de Hachem par ses fautes, au point que D’ ne désire pas son service divin, et sa Mitsva n’a aucune valeur. Mais en vérité, chaque Mitsva réalisée par un Juif, dans toutes les situations, a de la valeur, car un Juif, même qui faute, reste juif.
Le rabbi Chlomo de Karlin a déclaré un jour : « Le plus grand Yétser Hara’ du Juif est d’oublier qu’il est fils de Roi. » Lorsque le Juif se souvient qu’il est fils de Roi, fils de notre Père au Ciel, Roi des rois, il sait qu’il est toujours désirable, tout comme un roi désire son fils, même s’il s’est dévoyé.
Nous pouvons ainsi interpréter l’incident avec Ya’akov Avinou : au départ, il passa par le lieu du Temple où avaient prié ses ancêtres, mais ne s’arrêta pas pour prier, estimant que sa prière n’avait aucune valeur, contrairement à celles de ses ancêtres. Mais il se renforça et décida d’y retourner, et après sa Tefila, il s’endormit et fit le rêve de l’échelle sur laquelle les anges de D’ montent et descendent. Ce rêve est une allusion aux anges qui avaient fait monter sa prière au Ciel, et déversé ensuite sur le monde de bons influx. À ce sujet, il est dit : « Et moi aussi, je l’ignorais » : je ne savais, pas au départ, que je suis également capable d’œuvrer par ma prière.
Et il est dit ensuite : « Ya’akov se remit en chemin » : il ressentit une légèreté pour réaliser le service divin, car lorsqu’on connaît le but, on l’atteint aisément. « Il alla vers la terre des enfants de l’Orient » : il alla au Beth Hamidrach où étudient et prient des Juifs conscients d’être les fils de Hachem, nommé Kadmono chel ‘Olam, dont l’existence a précédé toute chose.
Chabbath Chalom !
Illustration : shutterstock