Le rabbi de Kalov, par. Vayé’hi : la récompense de la fidélité

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“Et maintenant, ne craignez point ; car Moi, Je vous nourrirai, vous et vos petits-enfants » (Beréchit 45,11)”

Rabbi Na’hman de Breslev avait l’habitude de raconter chaque soir de Pessah l’histoire suivante : un Juif pauvre, dont la coutume était de mendier aux portes, rencontra un pauvre non-Juif, mendiant comme lui. Rapidement, ils se lièrent d’amitié et décidèrent d’aller partout ensemble. C’était le soir de Pessa’h. Le Juif dit au non-Juif : « Cette soirée de Pessa’h, nous entrerons dans une synagogue.

Les Juifs, qui sont compatissants, nous inviteront certainement au Séder de Pessa’h. Je vais donc t’apprendre quelques coutumes juives du soir de Pessa’h, afin que tu saches comment te comporter comme un Juif. » Il lui apprit à faire le Kiddouch, à se laver les mains, et autres choses, mais il oublia de lui préciser qu’avant de commencer le repas copieux, on mange d’abord le Maror, qui est extrêmement amer.

Le soir, ils se rendirent tous les deux à la synagogue. Un maître de maison prit le Juif comme invité chez lui, et un autre maître de maison invita le non-Juif chez lui. Le non-Juif arriva au Séder affamé depuis toute la journée, et attendit avec impatience qu’on finisse la lecture de la Haggada pour commencer le festin qui lui avait été promis.

D’abord, on lui donna un morceau de Karpas dans de l’eau salée, dont il ne se rassasia pas du tout. Ensuite, on récita la Haggada longuement, et enfin, on se lava les mains et on lui donna un morceau de matsa. Il était déjà très heureux, car son ami Juif lui avait indiqué que c’est à ce moment-là qu’on passe au repas.

Mais soudain, on lui fit manger quelque chose d’amer, et à cause de son amertume, ses larmes commencèrent à couler. Il comprit que c’était là le repas promis, et qu’ils ne mangeraient que cela. Aussitôt, le non-Juif se leva, courroucé, et s’enfuit de la table, criant à ses hôtes : « Juifs maudits, après tout le déroulement du Séder, vous donnez à manger des choses aussi amères ! » Dehors, le non-Juif entendit qu’on disait « Choulhan ‘Orekh » (le repas est servi), et il pensa : « Qui sait quels mets amers ils apportent maintenant ? » Il alla à la synagogue pour attendre son ami et lui reprocher son conseil.

Son ami arriva longtemps après, joyeux et rassasié après avoir beaucoup mangé et bu. Le non-Juif exprima son immense déception. Le Juif lui dit : « Stupide que tu es, si tu avais attendu encore un peu, tu aurais eu autant de bons plats que moi. » Et Rabbi Na’hman de Breslev concluait en disant : « Il en est de même dans le service divin.

Lorsque nous effectuons les Mitsvoth, il arrive parfois qu’il y ait un peu d’amertume pour notre bien, pour le raffinement de notre corps et pour l’expiation de nos fautes, etc.

Et celui qui attend encore un peu et endure cette amertume ressent ensuite toutes sortes de plaisirs sublimes, et il bénéficie de bonnes influences dans le domaine matériel et le spirituel. » Comme l’a écrit le Gaon Rabbi Yonathan Eybeshitz dans son livre Ye’aroth Devach (vol. 1, dracha 1), parfois on voit qu’un ba’al techouva, au début de son chemin, a des difficultés. Par exemple, s’il était riche et qu’il commence à perdre sa richesse lorsqu’il se repent.

Et souvent, cela tient au fait que Hachem veut éprouver l’homme pour voir s’il a vraiment l’intention de se repentir, et s’il surmonte l’épreuve et continue à se fortifier dans la Tora et les Mitsvoth, alors il mérite finalement que sa richesse revienne, encore plus qu’avant. On observe un phénomène similaire chez Yossef Hatsadik ; jeune homme, il est vendu comme esclave en Égypte.

Dans cette situation misérable, la femme de son maître, Potiphar, lui proposa de commettre une seule fois une transgression qui était courante en Égypte, en contrepartie de mille sicles d’argent (ce qui équivaut à des millions de dollars). Sinon, il serait jeté dans un puits profond pour être emprisonné à vie. Mais Yossef répondit : « Comment pourrais-je commettre ce grand méfait et fauter contre D’ ?! » L’argument de Yossef était que D’ dirige toutes les créatures et Il désire que je respecte Ses Mitsvoth. Alors, s’Il veut me donner de l’argent, Il me le donnera licitement. Par contre, si je le reçois illicitement, alors il ne me restera rien à la fin.

Après que Yossef eut résisté à la tentation, il fut envoyé en prison pour cela, et tout le monde le méprisa, en invoquant l’argument suivant : « Où est ton D’ Qui te laisse en prison à cause du respect de Ses Mitsvoth et ne te fait pas sortir ? » Mais il ne se laissa pas abattre, il continua à croire que tout venait de Hachem selon des calculs divins. Pendant les douze années de son séjour en prison, il révisa constamment la Tora qu’il avait apprise jusqu’à l’âge de 17 ans, et continua à s’élever dans sa Tora et sa droiture.

Ensuite, D’ orchestra les événements de sorte qu’il vit que du mal émanerait du bien. En quelques heures, il passa soudainement d’un emprisonnement à vie à devenir le vizir du roi, dirigeant tout le royaume, chose sans précédent dans l’histoire.

Ceci fit qu’aucun des millions de Bené Israël, pendant les centaines d’années qu’ils passèrent en exil en Égypte, ne s’assimila, car ils virent de leurs propres yeux que même lorsqu’il semble qu’on perde en conservant sa sainteté, en attendant patiemment, on voit à la fin que D’ nous récompense largement dans ce monde et dans le monde à venir.

On peut ainsi interpréter ce que Yossef Hatsadik dit à ses frères : « Et ata » – fait allusion à la Techouva, comme l’ont dit nos Sages (Beréchith Rabba 21, 6) : « Il n’y a pas de ‘Et Ata’ sans Techouva. » « Al tirao » – n’ayez pas peur de faire Techouva par crainte d’être perdant, car « Anokhi akalkel ètekem veèt tafkhém » – moi, Yossef, je serai la nourriture spirituelle pour vous et vos descendants pour les générations à venir, je serai un exemple pour vous apprendre que lorsqu’un Juif se fortifie pour conserver la sainteté et pour accomplir les Mitsvoth du Créateur, il aura toujours à la fin un grand profit.

Chabbath Chalom !

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