«Que l’ange qui m’a délivré de tout mal, bénisse ces jeunes gens ! » (Beréchith 48,16).
À notre époque, nous constatons que de nombreuses personnes tardent à se fiancer et à se marier à un âge approprié, et il est donc important de nous sensibiliser à cette question : chacun doit tenter d’aider son prochain à se marier rapidement, car on accomplit ainsi une grande mitsva de ‘Hessed.
Il ne s’agit pas seulement d’un acte de bonté matériel, mais également d’une bonté spirituelle, car on sauve de cette manière l’homme de la faute, et on l’aide à fonder une famille dans la sainteté et la pureté.
Il est relaté dans la Guemara (Kidouchin 29b) que rav ‘Hissda faisait souvent l’éloge de rav Hamnouna devant rav Houna. Rav Houna demanda à rav ‘Hissda que lors de sa prochaine rencontre avec rav Hamnouna, il le fasse venir chez lui. Lorsque rav Hamnouna se présenta devant rav Houna, ce dernier vit qu’il ne posait pas son Talith sur sa tête, comme c’est l’usage des hommes mariés. Il lui posa une question à ce sujet. Rav Hamnouna lui répondit qu’il n’était pas encore marié. Lorsque rav Houna l’apprit, il se détourna de lui et ne le regarda plus. Il lui demanda de ne plus lui rendre visite avant d’avoir épousé une femme, car un homme qui dépasse l’âge de 20 ans ne peut s’empêcher d’avoir de mauvaises pensées tant qu’il n’est pas marié.
Ce principe est inclus dans la mitsva prescrite par Hachem dans Sa Tora (Devarim 23,10) : « Tu devras te garder de toute action mauvaise », interprétée par nos Sages (‘Avoda Zara 20b) ainsi : l’homme n’aura pas de mauvaise pensée pendant la journée pour éviter qu’il n’ait de pollution nocturne. C’est une mitsva de déployer de nombreux efforts pour éviter l’impureté en évitant des pensées de désir. Ainsi, lorsqu’on se marie jeune, il est plus facile d’éviter ces pensées, et même lorsqu’on fait l’erreur d’avoir une telle pensée, il est possible d’éviter l’impureté (comme l’indique le traité Ketouvoth 65a).
L’Admour et auteur du Beth Israël de Gour interrogea un jour un élève de Yechiva âgé : pourquoi n’accomplissait-il pas l’injonction de la Michna (Avoth 5,21) : « À dix-huit ans la ‘Houpa (le mariage). » Le jeune homme répondit par un mot d’esprit, dans un langage employé pour la prière du Chemona ‘Essré (jeu de mots sur le chiffre dix-huit) : « J’ai l’usage de prolonger le Chemona ‘Essré plus que les autres. » Le Beth Israël lui répondit avec humour : « Celui qui prolonge excessivement le Chemona ‘Essré risque de manquer la « Kedoucha ». »
Notre maître, le Méiri, interprète les termes de la Michna (Avoth sur place) : « À vingt ans, il poursuit sa subsistance » : si un homme n’a pas épousé de femme jusqu’à l’âge de vingt ans, il cherchera à tout prix à se marier, et n’attendra pas plus, pour éviter de développer de mauvaises pensées ou actes indignes. Rabbi Yits’hak Abrabanel indique que le Tana nous met en garde : l’âge de vingt ans est le moment où la nature de l’homme l’incite à entretenir des désirs mauvais s’il n’est pas encore marié jusque-là. Nous déduisons ainsi des propos de ces deux commentateurs la nécessité de ne pas tarder à se marier.
Certains ont donné des autorisations pour dépasser l’âge de vingt ans. Ainsi, le Gaon le Maharchal (dans son ouvrage Yam chel Chelomo, Kidouchin) écrit qu’on peut se montrer indulgent en cas de besoin jusqu’à l’âge de 24 ans, mais il va de soi que chacun doit s’efforcer de se marier le plus tôt possible.
Certains prétendent qu’à notre époque, la nature a changé et qu’il ne faut pas se presser de se marier comme à l’époque de nos Sages. Ces arguments ont déjà été entendus dans les générations précédentes, et à chaque fois, les grands maîtres d’Israël ont protesté. Le ‘Hida s’est déjà élevé contre ces arguments dans son ouvrage Na’hal Kedoumim (Paracha Emor, 13) : les propos de nos Sages sont valables à toutes les époques, et à plus forte raison, lors de la dernière Galouth, c’est encore plus impératif, compte tenu de la puissance du Yétser Hara’. On ne peut se montrer souple sur ce point, dont la vie de l’homme dans le monde futur dépend. Rabbi ‘Haïm Falaggi développe longuement cette question dans son ouvrage Tokhe’hot ‘Haïm (Beréchit 1) : nous constatons que se marier tard entraîne de nombreuses fautes et certains quittent totalement la voie de la Tora pour cette raison.
Si les anciens se sont exprimés de cette façon à leur époque, cela s’applique à plus forte raison à notre époque compte tenu de la débauche, de la prolifération de nombreux outils technologiques et des mauvaises fréquentations qui entraînent l’individu vers l’impureté, il va de soi que chacun doit s’efforcer de faire un effort pour lui et les autres, pour se fiancer et se marier jeune, et d’avoir à l’esprit cette mise en garde du Rambam (Hilkhoth Issouré Bia 21,25) : « C’est une Mitsva de nos Sages de marier ses garçons et filles à l’âge approprié, car dans le cas contraire, ils pourraient se livrer à la débauche ou à de mauvaises pensées. »
L’illustre Ben Ich ‘Haï, dans son ouvrage Ben Yehoyada, cite la Guemara (Kidouchin 29b) mentionnant que les résidents de Bavel se pressaient de se marier plus jeune que les résidents d’Erets Israël, car Bavel étant un pays d’impureté, les risques étaient plus grands de tomber dans l’impureté.
Nous relevons également cette tendance chez nos patriarches : tant qu’ils vivaient près de la Terre sainte, et faisaient paître du bétail dans les champs et les déserts où ils n’étaient exposés à aucune scène interdite, ils ne firent pas tellement d’efforts pour se marier jeune. Mais lorsqu’ils descendirent en Égypte, une terre d’impureté, Ya’akov Avinou ne partit pas avant d’avoir trouvé une femme à chacun de ses enfants, même les plus jeunes, comme l’explique le Midrach Yalkout Chimoni sur le verset (Chemoth 1,1) : « Chacun avec sa famille. »
Dans cette perspective, nous pouvons interpréter le message de Ya’akov Avinou adressé aux Bené Israël : « Que chacun sache ‘que l’ange qui m’a délivré de tout mal’ : c’est le Chadkhan qui est visé ici, l’émissaire de Hachem, comme l’indique le Zohar sur ce verset, qui sauve l’homme du danger de l’impureté, à propos de laquelle il est dit : ‘Tu devras te garder de toute action mauvaise’ et ainsi il ‘bénit ces jeunes gens’ : par le biais de la Kedoucha, la sainteté, l’homme aura une descendance cachère et bénie au niveau du corps et de l’esprit, comme il est dit (Michlé 5,18) : « Qu’ainsi soit bénie ta source, et puisses-tu trouver la joie dans la femme de ta jeunesse ! »
Chabbath Chalom !