Paracha Vaet’hanan : se marier jeune« Va, dis-leur de rentrer dans leurs tentes » (Devarim 5,27). Le ‘Hafets ‘Haïm, à la fin de son ouvrage Guéder ‘Olam, explique que le facteur principal des nombreux cas de dépravation dans sa génération est à attribuer à la tendance pour les jeunes gens et jeunes filles à commencer les rencontres en vue du mariage à un âge plus avancé, ce qui constitue un grand problème pour ces jeunes adultes âgés d’une vingtaine d’années. De ce fait, le ‘Hafets ‘Haïm inséra à la fin de son ouvrage Ma’hané Israël un feuillet spécial, Davar bé’ito, où il lance un appel à revenir à la coutume juive ancestrale de commencer tôt les recherches en vue du mariage. Si le ‘Hafets ‘Haïm s’exprima de cette façon à son époque, c’est encore plus vrai à notre époque, où les problèmes dans le domaine de la débauche s’amplifient de manière effarante, ce qui nous conduit à ne pas retarder l’âge du mariage. Nous voyons que dans les temps anciens et dans les contrées où la débauche était très présente, l’usage était d’avancer l’âge du mariage encore plus qu’ailleurs, comme l’indique rabbi Avigdor Tsarfati, un Tossefoth, sur la parachath ‘Hayé Sara (24, 51) : en France, l’usage était de marier les petites filles pour préserver leur pudeur et leur sainteté. Je reçois fréquemment la visite de célibataires, âgés d’une trentaine ou quarantaine d’années, se plaignant de ne trouver de conjoint approprié. Mais lorsqu’on les interroge sur les propositions de mariage reçues et pourquoi ces propositions n’ont pas abouti, on constate qu’ils ont repoussé eux-mêmes de bons partis pour diverses raisons, lesquelles ne justifient pas l’interruption d’un Chidoukh. C’est le Yétser Hara’ qui les incite à opposer un refus à ces propositions de mariage. On refuse parfois un bon parti en raison d’un défaut physique mineur, mais à la réflexion, on réalise que ce défaut n’est pas dérangeant dans la vie. Rabbi Moché Yoël Eichenstein, l’Admour de Ziditchov de Londres, relate que son ancêtre, l’auteur du Divré ‘Haïm de Sanz, répondit un jour à un homme qui avait refusé un bon parti du fait que la jeune fille était de petite taille : « J’ai passé en revue toutes les Mitsvoth de la Tora et lu que certains objets doivent avoir une taille spécifique, comme celle d’une olive ou d’un œuf. Mais pour la Mitsva du mariage, je n’ai trouvé aucune indication sur la taille de la femme…» On refuse parfois un bon parti, espérant rencontrer quelqu’un de plus riche. Mais il faut se concentrer essentiellement sur la conduite de la personne auprès duquel on passera sa vie, et non sur les questions financières. Un jour, alors que rabbi Aharon de Tchernobyl voulut conclure un Chidoukh pour sa fille avec un jeune homme doté de nombreuses qualités, son épouse la Rabbanith lui fit remarquer : « Je me souviens, pour le précédent parti de notre fille aînée, lorsque les parents du jeune homme nous ont rendu visite, ils circulaient dans un magnifique carrosse tiré par de beaux chevaux robustes ; or, j’ai vu la famille de ce jeune homme, ils ressemblent à des mendiants qui possèdent une carriole branlante avec des chevaux maigres, et à mon avis, cette proposition ne nous convient pas.» Mais le rabbi rétorqua : « Je ne fais pas de Chidoukh avec les chevaux.» On refuse parfois un bon Chidoukh par crainte du qu’en dira-ton. Mais on doit choisir ce qui est bien pour soi, et ne pas prendre en considération l’avis des autres. Nous voyons dans la Guemara (Pessa’him 113a) que rabbi Yehochoua ben Lévi dit au nom des Sages de Jérusalem : « Ta fille a grandi, libère ton employé et donne-lui (en mariage). » Mais les Tsadikim proposent une autre interprétation à ce texte : l’homme doit se libérer de sa propre servitude, il est esclave des autres, du fait qu’il module sa conduite selon les désirs et pensées de son entourage, qui l’incitent à conclure ou non un Chidoukh. Dans le domaine des mariages, retenons ces propos de nos Sages (Temoura 15b) : « Après le décès de Yossef ben Yoézer, homme de Tsrida et Yossef ben Yo’hanan, homme de Jérusalem, il n’existe plus d’Echkolot (Ich Chéhakol Bo), d’homme parfait. » Impossible de trouver aujourd’hui un seul jeune homme ou une seule jeune fille, doté de toutes les qualités, sans aucun défaut. S’il s’agit d’un bon parti, qui répond aux critères principaux, qui respecte les Mitsvoth et ne possède pas de défaut majeur comme l’obstination qui rend la vie en commun difficile, alors même si elle ne possède pas toutes les qualités, il ne convient pas de refuser parce qu’on veut chercher mieux et que l’on rêve de trouver une autre jeune fille dotée de toutes les qualités. Certains tardent même à entreprendre des démarches à l’âge approprié, invoquant le fait qu’ils sont préoccupés par leur étude. Mais en vérité, même si on est plongé dans l’étude de la Tora et le service divin, il faut s’interrompre dans le but de fonder un foyer juif fidèle aux valeurs juives, comme l’explique rabbi Elimélekh de Lizensk sur le texte de nos Sages : « Ta fille a grandi, libère ton employé et donne-lui (en mariage) » : à toi de libérer une partie de ton temps dans ton service divin en vue du mariage. Relevons que l’étude de la Tora effectuée après le mariage a une importance toute particulière, car il est essentiel d’étudier la Tora dans un état de pureté ; or, il est difficile pour un célibataire d’un certain âge de conserver cette pureté au niveau de la pensée et de l’action au même titre qu’un Avrekh marié. C’est dans cet esprit que nos Sages ont dit (Yevamoth 62b) : « Tout homme qui n’a pas de femme est sans Tora. » Ainsi, dans notre Paracha, nous voyons qu’après le don de la Tora, on craignait que les jeunes gens tardent à se marier, cherchant des conjoints dotés de toutes les qualités, en raison de la grande sagesse qui leur avait été prodiguée au Mont Sinaï ou parce qu’ils ne désiraient pas s’interrompre dans leur étude de la Tora. De ce fait, juste après le don de la Tora, D’ déclara : « Va, dis-leur de rentrer dans leurs tentes », le terme « tentes » désigne ici leurs épouses, comme l’expliquent nos Sages. C’est de cette façon que vous aurez droit à une belle vie, remplie de Tora et de Mitsvoth. Chabbath Chalom ! |