«Ordonne à Aharon et à ses fils ce qui suit : « Ceci est la règle de l’holocauste. C’est le sacrifice qui se consume sur le brasier de l’autel »» (Vayikra 6,2)
Certaines personnes, dans le sillage d’épreuves ponctuelles, perdent le goût et la volonté de servir le Créateur, et de ce fait, réduisent leur pratique de la Tora et des Mitsvoth, et étudient et prient avec une grande froideur.
Souvent, ces personnes se justifient en expliquant qu’il ne convient pas d’être hypocrite, ce qui serait une forme de mensonge. Ils veulent se conduire de manière naturelle, suivant l’idée que chacun se conduit conformément à ce qu’il a dans le cœur, en évitant de faire des actions et des gestes extérieurs qui pourraient induire les hommes à penser qu’ils sont enflammés dans leur service divin.
Sachons que cet argument est un instrument de plus du Satan, qui parvient à inciter de nombreux Juifs à rejeter le joug de la Tora et des Mitsvoth, que D’ nous en préserve. À ce sujet, il est dit (Kohélet 7,16) : « Ne sois pas juste à l’excès » : en effet, bien qu’a priori, l’homme doive effectuer un travail pour éprouver un enthousiasme dans son cœur, malgré tout, il incombe également à celui qui n’a pas encore accédé à ce niveau, de se conduire dans son service divin, même extérieurement, avec une flamme et un enthousiasme de sainteté.
Le rav et auteur du Yisma’h Israël d’Alexander zatsal confia à ses élèves, avant son décès, qu’un texte de plusieurs anciens stipulant qu’il faut patienter pour manifester de l’enthousiasme extérieurement avant que l’enthousiasme interne s’éveille, s’applique aux générations passées, qui y étaient davantage disposées, mais à cette époque d’obscurité profonde, d’après tous les avis, il ne convient pas d’attendre que l’intériorité s’éveille.
Dans la même veine, le Séfer Ha’hinoukh (Mitsva 16) écrit : « L’homme est incité par ses actions » : s’il s’habitude à réaliser de bonnes actions avec ardeur, au final, son cœur ira dans ce sens, et pareil dans le sens inverse, que D’ en préserve. Le rabbi et auteur du Beth Aharon de Karlin zatsal suggéra à ses élèves d’ancrer dans leur cœur ces propos du Séfer Ha’hinoukh, qui constitue une règle essentielle en matière de ‘Hassidout.
Dans le Messilat Yecharim (chap. 7), il est stipulé qu’il est louable de manifester un empressement pour la Mitsva, même si l’affection pour la Mitsva ne brûle pas en nous, car les gestes extérieurs éveillent l’intériorité.
Un jour, des hommes vinrent se plaindre au rav et auteur du Taniya zatsal, en argumentant que ses disciples paraissaient extérieurement ‘hassidiques, par leur tenue et leur conduite, mais malgré tout, leur extériorité ne reflétait pas leur intériorité, car ils n’éprouvaient aucun enthousiasme et ferveur dans leur intérieur, comme les véritables ‘Hassidim. Le rav répondit : « Dans ce cas, ce texte de la Michna (à la fin du traité Péa) s’applique à eux : « Toute personne qui n’est ni boiteuse, ni aveugle, ni handicapée, mais fait semblant de l’être, ne mourra pas avant de l’être. »
En-dehors de la nécessité d’actions extérieures pour l’homme lui-même, il y a là une grande nécessité en matière d’éducation des enfants. Un principe essentiel de l’éducation des enfants est l’exemple personnel. Lorsqu’un fils discerne chez son père une joie et un enthousiasme pour la Tora et la prière, pour les louanges à Hachem, cela l’incite à suivre cette voie, et de ce fait, même un homme qui n’a pas réussi à surmonter les tentations du Yétser Hara’ qui introduit en lui une froideur pour le service divin, devra veiller, au moins devant ses enfants, à se conduire avec vertu et à manifester son amour pour le service de D.ieu, afin de ne pas perdre l’avenir de sa descendance.
Même si un enfant remarque que son père joue un jeu devant ses enfants et que son extériorité ne reflète pas son intériorité, au minimum, il en déduira que son père souhaite que ses enfants suivent la voie de la Tora, et cela peut l’encourager à suivre cette voie, ce qui n’est pas le cas lorsque le père se conduit extérieurement avec froideur dans sa pratique des Mitsvoth. Dans ce cas, l’enfant en déduira que cela n’a aucune importance pour son père.
Nos Sages (Pessa’him 3b) affirment : « L’homme se consacrera toujours à la Tora et aux Mitsvoth, même si ce n’est pas de manière désintéressée, car de là, il parviendra au niveau du désintéressement.» L’homme lui-même parviendra au final au niveau où il ressentira un désir dans son service du Créateur, au nom du Ciel. Les ouvrages sacrés ajoutent que même si le père ne parvient pas au niveau du Lichma, il pourra, par ses actions, entraîner ses enfants à ce niveau.
Par cette conduite, le père accomplit la Mitsva d’éducation Lechem Chamayim, comme dans l’exemple du rav Chelomo de Zvill zatsal : un jour, un Juif se rendit chez lui et lui posa la question suivante : « J’avais l’usage chaque matin, avant la Tefila, de prendre une tasse de café et en même temps, de lire le journal, mais récemment, alors que mon enfant a grandi, je me suis dit qu’il n’est pas recommandé pour mon fils, de me voir lire le journal avant la prière. De ce fait, j’ai commencé à consulter un livre de Moussar (éthique juive) pendant que je bois mon café. Mais je me dis qu’il vaudrait mieux arrêter cette pratique, car mon cœur est davantage attiré par le journal, et je ne consulte le livre que pour mon fils, et ce n’est pas de la Tora Lichma. » Le Rav lui répondit : « Même si ton étude de Moussar n’est pas Lichma, c’est un véritable Lichma pour l’éducation des enfants. »
Nous pouvons en trouver ici une allusion dans le verset : «Ordonne à Aharon et à ses fils ce qui suit » : ordonne à ceux qui doivent se consacrer au service du Créateur, « Ceci est la règle de l’holocauste » : c’est le seul moyen pour eux et leurs enfants de s’élever et de se rapprocher de Hachem, » c’est le sacrifice qui se consume sur le brasier de l’autel »» : ils progressent en observant une flamme et un enthousiasme pour le service du Créateur.
À ce sujet, Rachi mentionne au nom du Midrach : « Le terme Tsav (ordonne) indique un langage d’empressement pour toute éternité » : cet ordre vient inciter les Juifs à manifester de l’empressement pour les Mitsvoth, qui a un intérêt immédiat pour l’homme lui-même, ainsi que pour sa descendance qui souhaitera suivre la voie de la Tora.
Chabbath Chalom !